Sobriété énergétique : à La Grande Motte, Palavas ou Nîmes, fermeture (totale ou partielle) des piscines

Série (4/4) – La chasse aux économies d’énergie est lancée dans les collectivités. Les piscines, gourmandes en énergie, sont pour l’heure les grandes perdantes de cette bataille et font les frais de l’envolée des prix sur les marchés énergétiques. Comme dans l’agglomération du Pays de l’Or (Hérault) ou à Nîmes (Gard)
Cécile Chaigneau
Le stade nautique Nemausa de Nîmes, géré par Vert Marine, a fermé ses portes le 5 septembre 2022, en réponse à la crise énergétique.
Le stade nautique Nemausa de Nîmes, géré par Vert Marine, a fermé ses portes le 5 septembre 2022, en réponse à la crise énergétique. (Crédits : Nîmes Métropole)

Dans l'Hérault, la Ville de La Grande Motte n'a pas attendu que le contexte géopolitique mondial fasse grimper les prix de l'énergie pour s'engager dans une démarche de sobriété. Elle avait ainsi signé un contrat de performance énergétique (CPE) en octobre 2020 avec un groupement composé de Bouygues et de Bondon, pour une durée de douze ans. Au programme : 5.700 points lumineux remplacés pour atteindre 100% du patrimoine en LED en 2022, soit 5,9 millions d'euros d'économies sur la facture énergétique en douze ans.

Est notamment prévu au contrat un éclairage intelligent adapté au flux de piétons, permettant une réduction de la pollution lumineuse mais aussi de la facture d'électricité. La commune a également déployé sur le front de mer un réseau d'éclairage intelligent pour alimenter électriquement et numériquement des équipements comme des caméras et des haut-parleurs.

La piscine de la ville littorale est gérée par l'agglomération du Pays de l'Or qui en pilote quatre au total, avec celles de Mauguio, Lansargues et Palavas-les-Flots.

Fermetures partielles des piscines

« Le montant de la facture énergétique du Pays de l'Or en 2021, c'était 700.000 euros, dont 500.000 euros pour les piscines, auxquels il faut ajouter 250.000 euros de carburant, indique Stéphan Rossignol, maire de La Grande Motte et président de l'agglomération du Pays de l'Or. On sera à 2 millions en 2022, carburant inclus... L'année 2022 n'est pas finie et nous avons déjà été amenés à abonder le budget d'une enveloppe supplémentaire de 320.000 euros en juin pour compenser l'augmentation des prix de l'énergie. Avec les mesures d'économie d'énergie que nous prenons maintenant, nous ne devrions pas être amenés à monter plus. »

Afin d'anticiper l'augmentation des prix de l'énergie, la collectivité a mis sur pied un groupe de travail avec des représentants de chaque commune, et des décisions fermes ont été prises/

« Fermeture hebdomadaire des quatre piscines le lundi ou le vendredi, en maintenant toujours une piscine ouverte sur les quatre, annonce Stéphan Rossignol. Ça a démarré le 1er septembre. Par ailleurs, au vu d'une fréquentation pas très importante, on fermera tous les dimanches après-midi, ce qui n'impacte pas les établissements scolaires. Enfin, nous avons pris la décision de fermer chacune de nos piscines un à deux mois par an. Cela devrait dégager des économies, de personnels et de chauffages, estimées à 300.000 euros. »

L'élu parle d'une décision « historique » : « Voter 320.000 euros supplémentaires car le budget voté en décembre 2021 est déjà consommé en juin, ça aussi c'est historique... Maintenir les piscines aurait obligé à augmenter la fiscalité et donc à faire porter par l'ensemble des contribuables l'explosion du coût de l'énergie. Nous avons voulu éviter ça ».

Stéphan Rossignol rappelle également que La Grande Motte a avancé sur la question du re-use pour arroser son golf : « Jusqu'à présent, l'eau de la station d'épuration, qui sort avec une qualité baignade, était rejetée dans l'étang. A partir de la fin d'année, elle sera réutilisée pour arroser le golf. Des travaux ont été réalisés l'hiver dernier pour acheminer les tuyaux, et le golf en train de faire des travaux d'arrosage de son côté. Au total, cela représente 5 millions d'euros de travaux financés par l'Agglomération et la Ville ».

Nîmes : décision unilatérale de fermeture

A Nîmes, en réponse à la crise énergétique, Vert Marine, le délégataire du stade nautique Nemausa, a pris une décision radicale : il a fermé les portes de l'établissement communautaire le 5 septembre pour une durée indéterminée. Le même traitement que pour les autres établissements qu'il gère ailleurs en France (notamment pour les communautés de communes du Grand Pic-Saint-Loup ou Provence verte, la métropole de Marseille, l'agglomération de Valence ou la commune de Rivesaltes). Problème : il l'a fait sans aucune concertation avec l'agglomération de Nîmes Métropole, qui dit avoir été avertie par un mail la veille.

L'argument du délégataire : « faire face à une situation financière inédite » et « avoir payé en un mois l'équivalent d'une facture énergétique annuelle ».

« La situation inflationniste actuelle préoccupe tout particulièrement les élus et services de l'Agglo, a réagi Franck Proust, le président de Nîmes Métropole. Nous avons d'ailleurs mis en place voilà plusieurs semaines une cellule de travail chargée d'élaborer des scenarii conjoncturels et financiers pour accompagner au mieux les décisions à venir du Conseil communautaire. Dans l'intervalle, Vert Marine est en attente d'annonces gouvernementales visant à encadrer les prix de l'énergie et qui permettraient d'envisager des solutions de maintien de l'activité de Nemausa pour l'avenir. »

Deux jours après, le 7 septembre, une rencontre en visioconférence se tenait entre la collectivité et son délégataire pour faire le point sur la situation et chercher des solutions. L'exécutif réaffirmant sa volonté de garantir la continuité du service public, plusieurs pistes ont été ouvertes, parmi lesquelles « la substitution des contrats énergétiques de Vert Marine par le contrat de Nîmes Métropole avec le Syndicat mixte d'électricité du Gard, qui bénéficie d'une tarification plus avantageuse », à conditions que les conditions d'une faisabilité technique et juridique soient réunies.

Nîmes Métropole a également demandé à Vert Marine de lui fournir des simulations de consommation énergétique en appliquant une baisse éventuelle de la température de l'eau ou d'une éventuelle fermeture de la fosse à plongée ou du petit bassin et de la fosse à plongée. Une option qui préserverait l'exploitation du bassin olympique pour les clubs, les scolaires et le grand public.

Une nouvelle rencontre entre l'exploitant et la collectivité avait lieu ce 9 septembre : « Les deux parties ont acté la substitution du contrat énergétique de Vert Marine par celui qui lie Nîmes Métropole au SMEG (Syndicat mixte d'électricité du Gard, NDLR), sensiblement plus avantageux en termes de tarifs et ce, jusqu'à la fin de l'année. Nîmes Métropole a obtenu de son délégataire la réouverture dans son intégralité : bassin olympique, bassin ludique et fosse à plongée, pour tous les publics, associations et scolaires dès ce lundi 12 septembre aux heures habituelles. Nîmes Métropole et Vert Marine doivent se concerter à nouveau à la mi-décembre pour convenir des modalités de continuité de service public pour l'année 2023 en fonction de la conjoncture énergétique et des décisions gouvernementales ».

Dans ce dossier "Sobriété énergétique", lire également :

Cécile Chaigneau

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