Economie, transports et formation : les trois priorités du budget 2023 (à 3,63 milliards d’euros) de la Région Occitanie

Le 14 décembre, la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, présentait à la presse le budget primitif de la collectivité qui sera voté le lendemain, 15 décembre, en assemblée plénière. Après deux années de crise, la Région dit maintenir ses capacités d’investissement tout en contenant ses dépenses de fonctionnement malgré l’inflation et la hausse des prix de l’énergie. Le budget primitif 2023 sera de 3,63 milliards d’euros. Son ambition : concilier économie et écologie.
Cécile Chaigneau
Réunis en assemblée plénière le 15 décembre 2022, les élus de la Région Occitanie voteront le budget primitif 2023.
Réunis en assemblée plénière le 15 décembre 2022, les élus de la Région Occitanie voteront le budget primitif 2023. (Crédits : Antoine Darnaud / Région Occitanie)

« Ni augmentation d'impôts, ni augmentation des tarifs de cantine par exemple », souligne d'emblée Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, le 14 décembre, lors de la présentation à la presse du budget primitif 2023 qui sera adopté le lendemain en assemblée plénière.

L'élue annonce qu'il s'élèvera à 3,63 milliards d'euros, soit un budget stable par rapport au budget primitif 2022 (3,75 milliards d'euros) ou 2021 (3,74 milliards d'euros) mais « de 26% supérieur à la moyenne des Régions, tout en reconstituant notre épargne sans augmenter les coûts de fonctionnement ». Un budget qu'elle qualifie de « puissant, volontariste et vert », mettant l'accent sur la souveraineté énergétique, industrielle et alimentaire, ainsi que sur la création d'emplois et les savoirs. L'élue précise aussi que « entre 2021 et les prévisions de 2023, la Région Occitanie est passée de 25,8% à 34,4% de dépenses favorables ou très favorables au climat ».

Selon la présidente de Région, ce budget de 3,63 milliards d'euros incarne un retour aux grands équilibres d'avant-crise, en maintenant les dépenses de fonctionnement en-deçà du seuil de l'inflation anticipé, soit une évolution de - 0,2%.

« Notre capacité de désendettement est de 6,5 ans et nous allons essayer de la maintenir sous les sept ans, loin du seuil d'alerte des Régions », déclare l'élue.

La collectivité annonce une réduction de 35% du recours à l'emprunt et une augmentation de 30% du niveau d'investissement depuis 2019 (1,35 milliard d'euros en 2023), assurant le financement des deux-tiers de ses investissements par des ressources propres.

Enfin, l'élue ambitionne de faire progresser l'épargne nette de 50% : de 225,6 millions d'euros en 2022, elle montera à 318,1 millions d'euros en 2023.

"Indispensable"

« L'Occitanie est la 1e région en matière d'investissement et elle est celle qui a la plus grande progression démographique, et donc le plus grand besoin de créations d'emplois : il faut en créer 24.000 par an pour que le chômage n'augmente pas », rappelle Carole Delga.

Parmi les trois priorités du budget primitif 2023 : les transports, l'économie, et l'éducation et la formation professionnelle.

Le budget "Transports et infrastructures" est de 960 millions d'euros, « ce qui est indispensable pour la transition écologique et les questions de pouvoir d'achat, souligne Carole Delga. Indispensable pour les politiques tarifaires : en 2021, 13 millions de billets de train à 1 euro ont été vendus, ce sera autant en 2022, et on passera à 14 millions en 2023. Et Indispensable pour la souveraineté industrielle ».

L'élue rappelle que la collectivité a également décidé de soutenir le covoiturage depuis novembre, en prenant en charge une part des frais pour le covoituré et en garantissant un minima de 2 euros par trajet au conducteur.

Le budget "Economie" s'élève à 518 millions d'euros pour l'économie, l'emploi et la formation professionnelle, 63 millions d'euros pour le tourisme, 78 millions d'euros pour l'agriculture-agroalimentaire et viticulture (+ 73 millions d'euros de fonds Feader).

« C'est un budget fort et le dispositif majeur, c'est que nous doublons le fonds souverain avec 200 millions d'euros pour la transition énergétique et 200 millions d'euros pour la souveraineté industrielle, indique la présidente de Région. Concernant l'agriculture, la foncière agricole va se développer : la Région achète la terre, la met à disposition d'un agriculteur pendant trois ans en-dessous du prix marché et l'agriculteur la rachète en cinq ou dix ans. Aujourd'hui, dix installations sont faites et une vingtaine se fera en 2023. »

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Quant au budget "Education, orientation et jeunesse", il s'élève à 387 millions d'euros, auxquels il faut ajouter les 85 millions d'euros du budget "Enseignement supérieur, recherche et innovation".

« Nous voulons développer l'orientation scolaire, souligne Carole Delga. D'abord avec cette nouvelle forme de salon, commencé hier, ID.Métiers qui permet aux jeunes de découvrir des métiers avec de nouvelles techniques plus adaptées d'immersion, de pratiques, d'escape-game, etc.. Nous allons d'ailleurs candidater pour une expérimentation sur la découverte des métiers. Une première réunion aura lieu mardi prochain avec la Première ministre. »

Train à 1 euros et santé du quart d'heure

Dans le budget primitif 2023, la collectivité attribuera également 79 millions d'euros à la culture, 13 millions d'euros au handicap et égalité hommes-femmes, 96 millions d'euros à l'aménagement du territoire, montagne et ruralité, 98 millions d'euros à la mer et infrastructures portuaires, 154 millions d'euros à l'urgence climatique et au plan Eau.

Enfin, le budget prévoit aussi 28 millions d'euros pour le sport et 133 millions d'euros pour la santé.

« La nouveauté, c'est que nous allons allier transports écologique et sport avec le train à 1 euro pour les rencontres des clubs sportifs amateurs, soit 17.000 clubs concernés, annonce Carole Delga. La décarbonation des transports, c'est aussi de corréler le dispositif du train à 1 € aux voyages scolaires dans l'enseignement primaire et secondaire. »

Sur sa stratégie de "la santé du quart d'heure" (permettre le salariat des professionnels de santé et la création et la gestion de nouveaux centres de santé dans les territoires sous-dotés), la présidente de Région ajoute : « Je souhaitais 40 recrutements de soignants et nous serons à 37 cette année, et l'objectif, c'est 60 en 2023 (sur un objectif de 200 d'ici la fin du mandat, NDLR). Et nous demandons là aussi une 2e expérimentation sur l'investissement hospitalier, c'est à dire avoir la délégation de construire et d'entretenir les centres hospitaliers, de réguler l'installation de personnels soignants et de décider de l'ouverture de formations ».

La collectivité annonce être la première des régions de France sur le budget environnement (12 euros par habitants, contre 5 euros en moyenne des régions), sur la recherche, l'aide aux entreprise et l'emploi (46 euros par habitants, contre 23 euros en moyenne des régions), sur le tourisme (13 euros par habitants, contre 3 euros en moyenne des régions), sur l'agriculture et la pêche (12 euros par habitants, contre 5 euros en moyenne des régions), et la deuxième sur la formation professionnelle (37 euros par habitants, contre 25 euros en moyenne des régions).

2.000 chefs d'entreprises invités par la Région

La présidente Carole Delga et son vice-président au développement économique, Jalil Benabdillah, présentaient la stratégie "Economie" de la Région aux entreprises, lundi 12 décembre à Toulouse et ce mercredi 14 décembre à Montpellier, avec 1.000 chefs d'entreprises à chaque fois.

« Je vois que le moral des chefs d'entreprises est fragilisé après la crise sanitaire, l'inflation, la crise des matériaux, la hausse des coûts de l'énergie, déclare Carole Delga. C'est en raison de ce ressenti terrain que nous avons décidé de faire cette présentation, qui rappelle aussi les dispositifs d'aide de l'Etat. Les questions récurrentes portent bien sûr sur l'énergie, notamment la problématique des boulangers dont les fours sont très consommateurs en énergie (l'élue s'est mobilisée sur ce sujet et a saisi la Première ministre et le ministre de l'économie de cette situation, NDLR), les difficultés de recrutement, et l'accompagnement à l'innovation. »

A compter de janvier prochain, la Région (en partenariat avec les chambres consulaires) mettra en service un numéro vert (0 800 31 31 01) pour aider les chefs d'entreprises dans leur démarche d'économie d'énergie et sur leurs difficultés de recrutement.

Energie : une hausse estimée à 200 millions d'euros

L'inflation des matières premières et des énergies entraîne une hausse estimée à 200 millions d'euros, avec quatre secteurs particulièrement impactant : les cantines et les factures d'énergie des lycées (+ 22 millions d'euros), les transports routiers (+ 22 millions d'euros), les transports ferroviaires (+ 54 millions d'euros), ainsi que les fournitures et moyens généraux de la collectivité (11 millions d'euros).

Malgré ces hausses, la collectivité s'est engagée à maintenir les tarifs de ses repas dans les cantines, à maintenir sa politique de petits prix dans les transports (train à 1 euro notamment), à investir massivement dans l'aide à la transition énergétique de ses entreprises (75 millions d'euros) et la production d'énergies renouvelables (37 millions d'euros).

« Nous traquons l'optimisation des dépenses, nous renégocions les gros contrats, nous avons fait ces dernières années des rénovations énergétiques dans les lycées, et nous faisons également des économies sur les frais financiers », indique Carole Delga.

Cécile Chaigneau

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