Les entreprises de l’ESS largement soutenues par des financements publics

Comment les entreprises de l’économie sociale et solidaire se financent-elles ? Ont-elles des difficultés de trésorerie ? Recrutent-elles ? L’Observatoire régional de l’ESS Languedoc-Roussillon a mené l’enquête, dont il vient de livrer les conclusions.
Cécile Chaigneau

Dans le cadre du « Mois de l'ESS », les 6e Rencontres de l'Observatoire régional de l'ESS Languedoc-Roussillon ont révélé les résultats d'une enquête menée par la CRESS-LR, l'Airdie (structure d'accompagnement des TPE, du commerce et de l'artisanat, du monde agri-rural et de l'économie sociale et solidaire en Languedoc-Roussillon) et l'Université Paul Valéry de Montpellier.

Une profonde mutation

Celle-ci porte sur le financement de l'ESS, et complète une étude nationale ensuite déclinée dans les régions. Le Languedoc-Roussillon est la 5e région sollicitée depuis 2014, après la Bourgogne, PACA, le Centre et l'Auvergne.

« Cette étude intervient dans un contexte en profonde mutation, avec des structures fragilisées alors que les besoins sociaux sont croissants », déclare en préambule Laetitia Léonard, directrice de l'Airdie.

Sur les 700 structures interrogées, 263 ont répondu, essentiellement positionnées dans les domaines de la culture, de l'éducation populaire, du médico-social et santé, et de l'accompagnement à l'emploi.

L'étude renseigne sur quelques grandes lignes du modèle économique des structures de l'ESS en région : 67 % d'entre elles affichent un excédent en 2014, 71 % ont réalisé au moins une embauche en 2014, 94 % ont recours à du financement public (8 sur 10 des Départements ou de l'État, 1 sur 2 de la Région), et 88 % sont assujetties à au moins un impôt (75 % à la taxe sur les salaires).

Des financements publics majoritaires, mais en baisse

Plusieurs modèles se distinguent dans la composition générale du financement des structures.

« Les financements publics représentent 52 %, dont 7 % de commandes publiques, un taux plutôt faible, 7 % d'aides aux emplois et 38 % de subventions, énonce Aurélien Charenton, chargé d'études au Centre de ressources DLA Financement, auteur de l'étude. 48 % viennent de financements privés, dont 42 % de recettes d'activités, 4 % de cotisations, un chiffre faible par rapport au national, et 2 % de dons et mécénat. »

Sur le recentrage des financements publics, la part des financements publics diminue ou stagne, et 61 % des structures mentionnent qu'au moins un de leur financeur public a baissé sa contribution entre 2013 et 2014.

38 % des structures reconnaissent des difficultés de trésorerie, notamment dans la culture et l'environnement, et seulement 5 % ont recours à des solutions pérennes pour y répondre.

L'enquête souligne les principales difficultés rencontrées : diminution des subventions (45 %), difficultés à maintenir ou développer du chiffre d'affaires (11 %) et insuffisance de trésorerie (11 %).

« Un nouveau projet d'investissement est financé à hauteur de 35 % sur fonds publics, 30 % sur ressources propres, et 16 % sur fonds européens, ajoute Aurélien Charenton. L'enquête révèle un besoin de diversifier les sources de financement sur un nouveau projet. »

Les besoins d'accompagnement exprimés en conclusion de l'étude évoquent en effet une diversification des financements (28 %), ainsi que le développement de la communication (18 %) et l'évolution de l'activité (13 %).

Fragiles, dynamiques, stables ou installées

Enfin, l'étude classe les structures en quatre catégories selon leur degré d'exposition au risque : les plus dynamiques pèsent 23 %, les installées 25 %, les fragiles 23 % et les stables 28 %. Chacune des catégories présentant des caractéristiques différentes.

Les plus dynamiques, plutôt jeunes, affichent une belle croissance de l'emploi (+ 32 % d'ETP entre 2013 et 2014), 6 sur 10 sont bénéficiaires, plus de la moitié a un projet d'investissement à trois ans, et 1 sur 2 se dit plutôt inquiète pour l'avenir.

Nombre de structures fragiles se situent dans l'accompagnement à l'emploi, l'éducation populaire ou la culture. Elles présentent une croissance de l'emploi de 8 %, ont fortement recours au temps partiel, et sont bénéficiaires pour la moitié d'entre elles seulement. Ce qui ne les empêche pas pour la moitié également d'avoir un projet d'investissement à trois ans, même si 64 % se disent inquiètes pour l'avenir.

Les stables sont bien représentées dans les secteurs de la culture, l'éducation populaire et l'accompagnement social sans hébergement. Leur croissance d'emploi est de 6 % et 55 % sont bénéficiaires. Six sur dix ont un projet d'investissement à trois ans mais 53 % se disent inquiètes pour l'avenir.

Enfin, les installées, majoritairement dans l'hébergement social et le médico-social, sont âgées de plus de 25 ans pour les 2/3. Elles affichent une faible croissance de l'emploi (+ 3 %) mais un faible recours au temps partiel et un nombre de bénévoles plus important. 74 % sont bénéficiaires et 45 % propriétaires de leurs locaux. Si 78 % ont un projet d'investissement à trois ans, 52 % se disent néanmoins inquiètes pour l'avenir.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.