Alter'Incub lance Alter’Venture, un accélérateur doté d’un fonds pour l’innovation sociale

Alter’Incub, l’incubateur d’innovation sociale de l’ex-Languedoc-Roussillon, lancera dès le mois de mai 2017 le programme d’accompagnement de son nouvel accélérateur, Alter’Venture. Il sera doté d’un fonds dédié à l’innovation sociale, le premier en France en phase d'amorçage.
Cécile Chaigneau
Philippe Rajosefa, responsable d'Alter'Indub

Dans les locaux montpelliérains de l'incubateur de l'innovation sociale Alter'Incub, on affûte un nouvel outil : un accélérateur dédiée aux entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS). Son nom : Alter'Venture.

« Il s'agira d'une fusée à deux étages, décrit Philippe Rajosefa, responsable Alter'Incub. L'accélérateur comprendra un volet accompagnement et un volet financement, plutôt en haut de bilan. A la différence des accélérateurs de l'économie conventionnelle, qui sont centrés surtout sur la maximisation de l'impact économique et du profit, nous inventons un nouveau modèle : notre unité de mesure sera le potentiel des entreprises à conjuguer un fort développement à la fois de l'impact social et de l'impact économique. L'objectif de l'accélérateur est d'être un filtre qualitatif et de rendre le projet sûr pour les investisseurs. »

Un concept que Philippe Rajosefa résume par « un risque raisonnable pour profit raisonnable ».

Inédit sur la phase d'amorçage

Fatima Bellaredj, la directrice de l'URSCOP-LR (porteur d'Alter'Incub), rappelle le contexte économique dans lequel émerge cette initiative.

« En innovation sociale, il n'existe pas la même palette de financement que pour innovation technologique. Le trou dans la raquette se situe sur la phase d'amorçage où il y a du risque. Idéalement, il faut que l'ESS intègre les dispositifs de droit commun, mais il y a quand même un besoin d'outils dédiés. On voit beaucoup d'entreprises qui sont intéressées par le statut coopératif mais qui ont un tel besoin de financement qu'elles sortent du modèle ESS pour aller lever des fonds... L'objectif d'Alter'Venture est de faire venir les financeurs existants sur la phase amorçage en sécurisant par le programme et grâce aux fonds qui fera effet de levier. »

L'accélérateur démarrera concrètement dès le mois de mai 2017, en accompagnement. Le fonds, quant à lui, entrera en jeu en mars 2018.

« Notre intention, avec ce programme, est de prioriser l'accompagnement d'expérience par un mentor à l'accompagnement d'expertise, précise Philippe Rajosefa. Nous nous appuierons sur le programme IME (Institut du mentorat entrepreneurial, NDLR). La réussite du projet réside dans le choix du mentor. »

Carnet d'adresses

Après un repérage des entreprises à accélérer « par des gens de terrain, ceux qui accompagnent déjà », le programme démarrera par une traditionnelle phase de diagnostic et la désignation d'un mentor « selon l'expertise mais aussi selon des affinités personnelles ». Viendra ensuite la phase de définition d'une stratégie commerciale.

« Puis c'est l'ouverture du carnet d'adresses, explique Philippe Rajosefa. Pas uniquement le carnet d'adresses business, mais aussi celui des relations institutionnelles ou associatives pour favoriser l'impact social. Ça, c'est nouveau. »

Enfin, sur le volet du financement, l'accélérateur permettra le recours au fonds Alter'Venture, mais développera aussi la capacité des entreprises à aller chercher toute forme de financement, comme du crowdfunding par exemple.

« Le véhicule qui nous intéresse, c'est le véhicule fonds propres ou quasi fonds propres, souligne Philippe Rajosefa. Or, aujourd'hui, on le sait, tous les financeurs, quel que soit le véhicule, attendent qu'un premier investisseur s'engage, entraînant le fameux effet levier. Tout le monde veut partager le risque... Et comme en amorçage, personne n'ose, ce sera le but de ce fonds : qu'il intervienne le premier et fasse levier... On veut changer le regard du monde extérieur sur ces entreprises coopératives et l'accélérateur aura la capacité à favoriser l'appétence pour ces entreprises. »

Du capital patient

Le fonds Alter'Venture sera probablement un fonds hybride, abondé par la Région Occitanie, la Caisse des Dépôts et des acteurs privés « ESS friendly ». Pour l'heure, on ne sait pas de combien il sera doté - « quelques millions d'euros », assure Fatima Bellaredj - ni quel sera le ticket moyen ou la durée des investissements, mais Philippe Rajosefa rappelle que « on est sur du capital patient ».

« On ne sera pas forcément sur un fonds dédié, précise Fatima Bellaredj. On peut s'adosser sur un fonds existant, comme le FRED, Fonds régional pour une économie durable, destiné aux reprises, transmissions et Scop-Scic qu'on est en train de créer avec la Région. Le fonds Alter'Venture pourrait être un compartiment de FRED. Nous voulons construire le 1e fonds dédié à l'innovation sociale en France : accélérer, c'est accompagner ET financer. »

Durant la phase d'expérimentation, le programme d'accélération intégrera cinq entreprises, essentiellement repérées chez Alter'Incub, Réalis ou à l'URSCOP, âgées de 1 à 5 ans, ayant déjà fait la preuve de concept et de marché, réalisant déjà un chiffre d'affaires et disposant d'un potentiel de développement au moins régional. Il pourra aussi s'agir d'entreprises plus anciennes, affichant un besoin d'accélération par l'innovation sociale.

« Si cette phase d'expérimentation est concluante, l'objectif est de dédoubler le dispositif côté ex-Midi-Pyrénées », conclut Fatima Bellaredj.

Cécile Chaigneau

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