Précarité énergétique : où en est le dispositif Sol Solidaire ?

Orienter des fonds privés vers le financement de projets solaires de production d’électricité dans le secteur résidentiel social. C’est l’ambition de l’association Sol Solidaire. Officiellement créée en juillet 2020, l’association sollicite des entreprises mécènes sur leur fibre RSE. A ce jour, elle a déjà collecté 150.000 euros qui vont financer cinq projets en France.
Cécile Chaigneau
La première action de Sol Solidaire a permis de collecter 150.000 euros qui vont financer cinq projets d'autoconsommation collective sur des ensembles de logements sociaux en France.
La première action de Sol Solidaire a permis de collecter 150.000 euros qui vont financer cinq projets d'autoconsommation collective sur des ensembles de logements sociaux en France. (Crédits : DR)

Il y a un an et demi, André Joffre, le fondateur du bureau d'études Tecsol à Perpignan (également président du pôle de compétitivité DERBI, dédié aux énergies renouvelables appliquées au bâtiment et à l'industrie), présentait le dispositif innovant du Sol Solidaire. Une initiative imaginée avec cinq autres entreprises et structures diverses : l'ADEME, la société d'avocats parisienne De Gaulle Fleurance et Associés, le syndicat professionnel Enerplan, le Groupe BPCE et l'Union Sociale pour l'Habitat. Objectif : contribuer à apporter une réponse au 7 millions de ménages en France en situation de précarité énergétique en mobilisant la fibre RSE des entreprises.

Entre temps, la crise sanitaire du Covid-19 est passée par là. Mais l'initiative a fait son chemin et est devenue concrète. L'association Sol Solidaire avait été créée en juillet 2020 par les six membres fondateurs, et des fonds ont été collectés auprès d'entreprises mécènes et des bailleurs sociaux sélectionnés pour bénéficier du dispositif.

Des entreprises mécènes

Toutefois, le principe de fonctionnement a été simplifié. Initialement, André Joffre avait imaginé créer le Sol Solidaire représentant un certain nombre de mégawattheures d'électricité solaire certifiés, fournis par des producteurs d'énergie renouvelable, puis vendre aux enchères ces certificats à des entreprises mécènes. Les financements collectés permettant in fine aux bailleurs sociaux de financer des installations photovoltaïques et de fournir gracieusement des kilowattheures solaires à des ménages modestes, et ainsi augmenter le reste à vivre de ces derniers.

Car s'il existe déjà des aides pour installer du photovoltaïque sur des bâtiments, il reste encore aux bailleurs sociaux un tiers du financement en fonds propres. Sans soutien, le surcoût risque d'impacter le loyer de l'occupant qui ne bénéficie alors pas de l'économie du projet.

« Nous avons simplifié le processus afin de mobiliser plus facilement et plus rapidement des entreprises mécènes, explique aujourd'hui Alexandra Battle, coordinatrice de l'association Sol Solidaire et chargée de développement chez Tecsol. Nous collectons des subventions privées pour les affecter directement aux projets. Les entreprises mécènes versent donc de l'argent suivant différents paliers, entre 20.000 et 60.000 euros, avec une défiscalisation pouvant aller jusqu'à 60% de l'investissement. »

150.000 euros collectés

Depuis fin 2020, une dizaine d'entreprises mécènes se sont engagées, parmi lesquelles Enedis, GSE Intégration (intégration photovoltaïque), Araymond (solutions de fixation pour les secteurs de l'automobile, la santé, l'agriculture, les énergies renouvelables et l'industrie), Amarenco (producteur ENR), la BRED (groupe BPCE) ou Sonnedix (producteur d'énergie solaire, ce dernier effectuant un don en nature de panneaux solaires).

Une campagne de crowfunding a été réalisée sur la plateforme HelloAsso « avec résultat anecdotique, ce qui nous enseigne que le projet parle aux professionnels mais pas vraiment au grand public », souligne Alexandra Battle.

Au total, entre les entreprises mécènes et le financement participatif, l'association a réussi à collecter 150.000 euros. Sachant que selon André Joffre, « une installation photovoltaïque coûte environ 1.500 €/logement social, le dispositif de Sol Solidaire venant financer le dernier tiers, en complément des subventions publiques d'environ 1 000 €/logement ».

« Tecsol a mis en place, depuis janvier 2021, le système d'arrondis sur salaire s'appuyant sur le principe de l'entreprise microDON : les salariés de Tecsol peuvent arrondir leur salaire à l'euro inférieur, ce qui permet de donner quelques milliers d'euros pour Sol Solidaire car Tecsol abonde à la même hauteur que le salarié, lequel peut aussi choisir de donner plus. Cette pratique essaime au sein des membres fondateurs et nous communiquons dessus auprès des entreprises mécènes. »

Cinq opérations aidées

Du côté des bailleurs sociaux, destinataires du dispositif, l'association avait lancé un appel à projets début 2020, clos en septembre 2020.

« Cinq bailleurs sociaux ont candidaté pour une douzaine d'opérations d'autoconsommation collective et 1.200 logements, soit le double de ce qu'on avait estimé, précise Alexandra Battle. Le conseil d'administration de Sol Solidaire a choisi de retenir un dossier de chacun des bailleurs candidats, soit cinq opérations pour environ 500 logements aidés. Ces bailleurs se situent plutôt dans la moitié nord de la France, dans les Hauts de France ou le Grand Est, notamment la ville de Besançon, ou encore à la Réunion. Dans l'appel à projet, nous demandions aux bailleurs sociaux de fixer le montant de l'aide demandée et qu'elle soit cohérente avec son plan de financement, pour un seuil mini-maxi de puissance éligible situé entre 10 kW et 250 kW. Nous apportons entre 10 et 30% du montant du projet. »

Un autre appel à projets sera lancé en septembre prochain : « Nous allons monter en puissance, et l'objectif 2021 sera d'aider au minimum 1.200 logements, soit 1 million d'euros qui seront financés par des entreprises mécènes », projette Alexandra Battle.

Jean-Pascal Zadi et Amelle Chahbi

A défaut d'avoir obtenu les financements espérés dans le cadre de l'appel à projets "Accompagnement et transformation des filières" du Programme d'Investissements d'Avenir", l'association se réjouit d'avoir aujourd'hui le soutien du Conseil national de l'industrie et de son comité de filière « industrie des nouveaux systèmes énergétique ». D'autres membres devraient pouvoir bientôt rejoindre les membres fondateurs, d'ici fin 2021.

A la faveur de la campagne de financement participatif, Sol Solidaire a également attiré l'attention - et l'engagement - des acteurs Amelle Chahbi et Jean-Pascal Zadi, ce dernier ayant bénéficié d'une récente mise en avant lors de la cérémonie des César en mars 2021, où il était sacré Meilleur espoir masculin pour le film Tout simplement noir.

« Ce sont deux ambassadeurs médiatiques à fort potentiel de relais, et pour nos mécènes, c'est un gage de visibilité car tous les deux portent volontiers la parole Sol Solidaire », se réjouit Alexandra Battle.

Cécile Chaigneau

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