Comment Engie Green ambitionne de renforcer son leadership sur les énergies renouvelables

Après avoir réuni ses trois filiales dédiées aux énergies renouvelables en décembre dernier au sein d’Engie Green, l’énergéticien français affiche des ambitions fortes pour développer ses activités sur le territoire français. Jean-Claude Perdigues, nommé directeur général d’Engie Green le 1e avril dernier, expose la stratégie du groupe.
Cécile Chaigneau
Gilles Leandro, Jérôme Loriot, Jean-Claude Perdigues, Dominique Moniot et Philippe Alexandre : l'équipe dirigeante d'Engie Green donnait une conférence de presse le 15 mai 2018 à Montpellier.
Gilles Leandro, Jérôme Loriot, Jean-Claude Perdigues, Dominique Moniot et Philippe Alexandre : l'équipe dirigeante d'Engie Green donnait une conférence de presse le 15 mai 2018 à Montpellier. (Crédits : Cécile CHAIGNEAU)

En décembre 2017, le groupe Engie* avait annoncé la fusion entre deux de ses filiales spécialisées dans les énergies renouvelables, Engie Green (basée à Paris, déjà le fruit d'une fusion entre Futures Énergies et Maïa Eolis en décembre 2016), La Compagnie du Vent (créée en 1989 à Montpellier par Jean-Michel Germa) et Solairedirect.

La nouvelle entité a fixé son siège social à Montpellier, et le 1e avril dernier, Jean-Claude Perdigues a pris ses fonctions de directeur général de Engie Green. Il officialisait son arrivée avec une première prise de parole le 15 mai, à l'occasion d'une conférence de presse donnée à Montpellier.

Force de frappe

Le groupe affiche de fortes ambitions de développement sur les énergies renouvelables et Jean-Claude Perdigues martèle vouloir « consolider la position de leader d'Engie » dans le secteur.

Actuellement, le groupe annonce 6,5 MW de capacités renouvelables installées en France : 1 800 MW en éolien, 900 MWc en solaire, 3 800 MW en hydraulique, et deux projets d'éolien en mer (Dieppe et le Tréport, îles d'Yeu et de Noirmoutier). Soit « une puissance installée et exploitée représentant 15 % de l'éolien terrestre français et 12 % du PV français en 2017 », précise Jean-Claude Perdigues.

Engie Green est désormais la principale force de frappe du groupe sur les énergies renouvelables, avec 1 333 MW éoliens installés et exploités (91 parcs et 701 éoliennes), 86,6 MW exploités pour le comptes de tiers (9 parcs et 46 éoliennes), 862 MW solaires installés et exploités (101 centrales), 3 000 MW en développement. La région Occitanie concentre à elle seule 105 MW installés sur 8 parcs éoliens, 80 MW installés sur 12 centrales solaires et Engie Green y revendique quelque 2,2 M€ de ressources fiscales reversées aux collectivités locales chaque année.

Multiplier par 2 et par 4 sur l'éolien et le solaire

« L'objectif est de se désengager des activités plus traditionnelles et d'être un acteur en prise avec les territoires pour répondre aux besoins locaux, souligne le directeur général. Le choix d'installer le siège d'Engie Green à Montpellier était une décision stratégique pour démontrer que nous sommes dans une logique de décentralisation. »

La filiale ENR compte 16 agences en France. Elle emploie 400 collaborateurs, dont la moitié en Occitanie (la majeure partie à Montpellier).

Le groupe prétend consolider son leadership en multipliant par 4 ses capacités dans le photovoltaïque (atteindre les 2,2 GW) et par 2 dans l'éolien (atteindre les 3 GW) d'ici 2021 en France. Une accélération qui devrait se traduire par une augmentation moyenne de 245 MW par an dans l'éolien et de 260 MW par an dans le solaire, à raison de « 1 M€ d'investissement pour chaque MW installé », précise le DG.

« Il y aura un impact bénéfique sur l'emploi direct et indirect, sachant par exemple qu'il faut compter un technicien de maintenance pour 6 éoliennes de 2-3 MW chacune, précise Jérôme Loriot, directeur adjoint en charge du Développement. Mais notre rythme de développement est dépendant du rythme et du volume des appels d'offres de l'Etat, qui est en train de définir une nouvelle trajectoire sur les énergies renouvelables. Nous nous attendons à une accélération dans le photovoltaïque, notamment parce que c'est devenu une énergie ultra compétitive. »

Comment accentuer l'acceptabilité des projets ?

« Il faut beaucoup de dialogue avec les territoires, répond Gilles Leandro, directeur Développement photovoltaïque. Nous recourons à du financement participatif avec Enerfip. Et nous essayons aussi de trouver du foncier qui appartienne à des collectivités, et d'associer des fonds régionaux. »

« Repowering »

Ainsi, en région Occitanie, 74 MW sont actuellement en instruction, 150 MW en cours d'études, 37 MW éoliens et solaires seront mis en services 2018 (9,2 MW sur le parc éolien de Cabanas à côté de Lodève (34) ; 5, 11 et 12  MWc de photovoltaïque à Tréviols près de Lodève, Saint-Gilles (30) et Conques-sur-Orbiel (11).

C'est aussi en Occitanie, où les premiers parcs éoliens ont été construits dans les années 1990, que des sites vont arriver en fin de vie. Quatre parcs éoliens audois pourraient ainsi faire l'objet de « repowering » (modernisation de l'installation pour accroître son rendement).

9 systèmes expérimentaux de stockage

En matière d'innovation, Engie Green annonce un investissement de 1 M€ par an. Philippe Alexandre, directeur Expertise, Études et Innovation, met en avant deux projets en Occitanie.

Le projet Rivesaltes Grid prévoit de réaliser un micro-réseau couplant solaire, bâtiment (un atelier), véhicule électrique et système de stockage par batteries autonomes. Le projet sera mené à son terme d'ici la fin de l'année.

« Le projet BASE 9 consiste en 9 systèmes expérimentaux de stockage d'énergie installés sur 9 centrales photovoltaïques dans le sud de la France, dont 3 dans l'Aude, l'Hérault et le Gard, explique-t-il. Les objectifs sont de développer une meilleure connaissance du marché, de tester des technologies différentes et de voir comment les systèmes de stockage peuvent nous aider à mieux vendre l'électricité sur le marché. Il s'agit aussi d'étudier le foisonnement. Ils sont en cours d'installation, et il faudra encore un an pour mettre au point les algorithmes de pilotage de ces systèmes de stockage. Nous collaborons avec l'un des Engie-Lab spécialisé dans les batteries. Fin 2019, nous aurons une solution à proposer. »

Eolien flottant : opérationnel fin 2021

Enfin, Engie Green ne sera pas de reste sur l'éolien flottant, puisque le projet "Les éoliennes flottantes du golfe du Lion" (une ferme-pilote de 24 MW au large de Leucate dans l'Aude), porté par le consortium Engie/EDPR/CDC, a été retenu en 2016.

« Les autorisations viennent d'être déposées et l'instruction du projet va se dérouler pendant un an, détaille Dominique Moniot, directeur Développement énergies marines renouvelables. Nous prévoyons d'obtenir les autorisations et de finaliser les études techniques en 2019, avant de lancer la construction pour une mise en service fin 2021... Cela devrait créer plus de 100 à 150 emplois en phase de construction, et une vingtaine en exploitations-maintenance. »

Interrogé sur d'éventuelles opérations de croissance externe, Jean-Claude Perdigues conclut : « Le marché de l'énergie est très éclaté. Si des opportunités se présentent, nous ne nous interdirons pas de les étudier. Mais aujourd'hui, notre ambition n° 1 est une croissance organique ».

 * 153 000 collaborateurs, des activités dans 70 pays, 66,6 Mds de chiffre d'affaires, 1 Mds € d'investissement dans l'innovation et le digital.

Cécile Chaigneau

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