Fin 2017, l'OPH d'Alès Agglomération, Logis Cévenols (6 000 logements dans le Gard), avait été lauréat, en partenariat avec EDF, de l'appel à projet « Autoconsommation d'électricité photovoltaïque » lancé par la Région Occitanie et portant sur l'autoconsommation individuelle et collective*. Logis Cévenols s'affirme ainsi comme « le premier bailleur social à proposer une solution d'autoconsommation collective de grande ampleur pour des bâtiments d'habitation, visant à diminuer la facture d'énergie des locataires ».
Le projet prévoit la mise en place d'un dispositif innovant d'autoconsommation collective sur la résidence Rochebelle à Alès, une résidence sociale tout électrique de 100 logements. Les travaux d'isolation thermique réalisés sur la résidence ont permis de faire passer le DPE (diagnostic de performance énergétique) de la résidence de la classe D à C, mais difficile de faire mieux avec le tout électrique.
L'OPH a alors fait le choix de l'innovation et va expérimenter l'autoconsommation sur une durée de cinq ans, afin de réduire la facture d'électricité de ses locataires.
« Nous souhaitons être en pointe sur la maîtrise de l'énergie, déclare Philippe Curtil, directeur général adjoint chez Logis Cévenols, qui présentait le projet lors de l'EDF Innovation Day le 7 juin à Montpellier. En moyenne, 40 % seulement des logements des bailleurs sociaux en France sont en classe A et B ou C. Chez nous, c'est presque 100 % de notre patrimoine. »
Couvrir 20 % des besoins
Le projet baptisé « Le Soleil de Rochebelle » prévoit l'installation de panneaux solaires sur les toits-terrasses de la résidence. L'électricité produite alimentera les cent logements et les parties communes des cinq cages d'escalier, et la résidence sera dotée d'un système de pilotage du chauffage des ballons d'eau chaude.
Le projet vise à couvrir 20 % des besoins électriques de la résidence. Les habitants devraient donc voir leur facture d'électricité baisser, tout en bénéficiant d'une énergie « verte », produite localement.
« Nous préfinançons l'investissement (200 000 € au total, NDLR) et nous prévoyons de répercuter le coût de cet investissement et les charges de maintenance sur les loyers mais de manière limitée, explique Philippe Curtil. Au final, le locataire bénéficiera d'une économie nette d'une centaine d'euros par an. Le locataire qui a moins de charges et donc plus de capacité financière aura moins de difficultés à régler son loyer... Pour nous, l'intérêt est de donner une image sécurisante sur cette résidence tout électrique et de renforcer notre politique de maîtrise de l'énergie. »
Un service d'accompagnement à la maîtrise des consommations est prévu pour les habitants de la résidence afin de les aider à adopter des éco-gestes qui favoriseront des économies énergétiques. Et ainsi éviter un éventuel effet rebond : des locataires qui se sentiraient autorisés à surconsommer du fait d'une facture promise moins élevée...
Opérationnel début 2019
Dans le montage du projet, EDF a notamment beaucoup contribué à l'aspect réglementaire. Ainsi, la création d'une personne morale entre le producteur et les consommateurs, obligatoire, est en cours. Et le projet générera une nouveauté : faire apparaître la part d'autoconsommation sur les factures d'électricité des locataires.
« L'innovation, c'est surtout le pilotage en temps réel de la production d'électricité et de la consommation, car les usages de consommation diffèrent de la période de production, précise Frédéric Laulan, directeur Développement territorial EDF (Gard-Lozère-Vaucluse). Elle est portée par la R&D du groupe EDF et par EDF ENR Solaire (Énergies nouvelles réparties solaire, NDLR). Ce projet, c'est les "5 x 100" : 100 logements, 100 kWc de production, 100 % d'autoconsommation, 100 € d'économie en moyenne par an, et "sans" carbone... On apprend en marchant ! Ce projet ne fera volontairement pas appel à la technologie de la blockchain mais ce sera le cas dans de prochains projets. »
Malgré un cadre administratif complexe (et potentiellement décourageant pour le bailleur social), le projet avance : les études sont bouclées et la phase de contractualisation avec les locataires, quasiment tous volontaires, interviendra cet été pour une mise en route opérationnelle début 2019.
* Dans un maximum de 40 % du coût global du projet.
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