Eaux usées : Ecofilae lance une plate-forme mondiale pour le "reuse"

Spécialiste de la réutilisation des eaux usées traitées, Ecofilae lancera, au 1er trimestre 2020, une plateforme recensant 350 projets de "reuse" dans le monde. C'est un des outils utilisés par la greentech héraultaise pour accélérer la diffusion de ces technologies, avec les démonstrateurs qu'elle déploie en France ou à l'étranger, comme le dernier en date, en Égypte.
L'un des pilotes développés par Ecofilae, en Catalogne
L'un des pilotes développés par Ecofilae, en Catalogne (Crédits : Ecofilae)

Greentech basée à Clapiers (34), Ecofilae développe des solutions innovantes pour la réutilisation des eaux usées traitées de différentes origines ("reuse"). Elle travaille autour de plusieurs axes : des méthodes pour évaluer le potentiel de systèmes de reuse à l'échelle locale, la mise au point de démonstrateurs (voir ci-dessous), ou encore la simple diffusion d'informations autour de ces technologies.

Ainsi, Ecofilae vient de finaliser un outil à vocation mondiale baptisé "HotSpot Reuse", qu'elle présente comme le "Google Earth" du reuse. Il s'agit d'une plate-forme de webservices de connaissance et de mise en relation pour les porteurs de projets en la matière, qui sera opérationnelle au cours du 1er trimestre 2020.

"Nous recensons 350 projets pour le lancement de la plate-forme alors qu'il y en aurait plus de 4 000 dans le monde. En France, même le ministère de l'Environnement a du mal à tous les situer ! L'ambition d'un tel outil est de pousser les porteurs de projets à renseigner la plate-forme, afin d'accélérer la connaissance et la maturation de tels projets. Un système de reuse exige cinq ans de mise en route minimum, mais au regard de l'urgence climatique qui s'impose à tous, nous devons aller plus vite", analyse Nicolas Condom, fondateur d'Ecofilae.

Un projet de 500 000 € en Egypte

Ecofilae porte aussi plusieurs de démonstrateurs de reuse, qu'elle pilote pour en évaluer le potentiel au plan local et déterminer la façon de les dupliquer ensuite. "On parle enfin de reuse dans les grands centres urbains, mais on oublie qu'il existe un vrai potentiel pour de petites stations d'épuration, sur des territoires souvent oubliés qui comptent moins de 5 000 habitants", justifie Nicolas Condom.

Parmi les derniers démonstrateurs, Ecofilea a inauguré, en octobre 2019, un dispositif baptisé "Rur'eaux" et installé à Saint-Jean-de-Cornies (34) : la plate-forme est alimentée par cinq filières d'eaux usées traitées, et autorise quatre nouveaux usages, dont l'arrosage de salades. Prévue sur trois ans, elle a mobilisé un investissement de 800 000 €, cofinancé à parité par l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse et un consortium d'entreprises emmenées par Ecofilae.

Si la greentech héraultaise a décroché d'autres appels d'offres de ce type en France dans le courant de 2019 (Ajaccio, Marseille et une autre intercommunalité de Paca), elle déploie aussi son expertise à l'international. Le 3 novembre, elle figurait parmi les 21 lauréats d'un appel à projets national lancé par le ministère de l'Économie et des Finances ("Solutions innovantes pour la ville durable en Afrique") : son dispositif, baptisé "Re-water", porte sur un autre démonstrateur opérationnel, visant à mettre en oeuvre des systèmes décentralisés de traitement des eaux usées domestiques et des eaux pluviales, et permettre la réutilisation de ces eaux pour des usages urbains dans les villes égyptiennes.

Doté d'un financement de 500 000 €, le dossier est conçu et mis en musique par Ecofilae, chargée de trouver la technologie auprès d'un constructeur français, de l'adapter au contexte décrit, tout en travaillant en lien avec des ingénieurs égyptiens. Les premiers tests démarreront en mai 2020.

"L'Égypte construit des villes nouvelles alors que le niveau du Nil ne cesse de baisser, ce qui crée d'importants problèmes d'alimentation en eau. Notre projet vise à installer le reuse à la sortie des immeubles pour faire du lavage de voiture, alimenter des pépinières ou éviter de surcharger les stations d'épuration. L'objectif est de le dupliquer ensuite sur des milliers de bâtiments", explique Nicolas Condom.

Créée en 2013, Ecofilae enregistre une accélération de croissance liée à ces projets : elle prévoit de passer d'un CA de 420 000 € à 650 000 € en 2020, puis 1 M€ en 2021. Elle emploie sept salariés, dont deux collaborateurs recrutés en lien avec le projet "Re-water".

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