ReSeaclons crée une filière de valorisation des déchets plastiques en mer

Au Grau-du-Roi dans le Gard, le projet ReSeaclons s’inquiète des 700 tonnes de plastiques qui sont déversés tous les jours dans les eaux de la Méditerranée. Pour déployer son ambition de contribuer à supprimer les plastiques de la mer, ReSeaclons met en place une économie circulaire et créer une filière de recyclage intégrale, suivant un modèle économique inédit. Quatre ports de la région sont déjà partenaires de l’initiative, qui étend ses ramifications aussi sur le littoral atlantique.
Cécile Chaigneau
Les pêcheurs collectent et ramènent à quai les déchets plastiques pris dans leurs filets, qui seront ensuite traités dans la filière de recyclage mise en place par ReSeaclons.
Les pêcheurs collectent et ramènent à quai les déchets plastiques pris dans leurs filets, qui seront ensuite traités dans la filière de recyclage mise en place par ReSeaclons. (Crédits : ReSeaclons)

« 700 tonnes de plastique déversées chaque jour en mer Méditerranée, l'équivalent en poids de 35 camions en confettis ». Le projet ReSeaclons, né au Grau-du-Roi dans le Gard, opte pour les chiffres choc. Et il en rappelle d'autres : 3,5 millions de tonnes de plastiques fabriqués en France chaque année. Seulement 22 % recyclés. Ou encore plus de plastiques que de poissons dans les océans en 2050.

C'est sur la base de cette inquiétude écologique qu'est né le projet-pilote ReSeaclons en 2018, puis une association éponyme en mars 2019, soutenue par l'Institut marin Seaquarium du Grau-du-Roi. Mais surtout, en deux ans, c'est un modèle d'économie circulaire qui a été élaboré et est en cours de déploiement.

La région Occitanie compte quelque 220 km de littoral, quatre ports de pêche principaux et la première flottille de pêche de Méditerranée. Elle est aussi la région touristique la plus fréquentée de France. La question de la pollution aux plastiques y est donc un vrai sujet de préoccupation.

70 à 80 % des déchets marins sont en plastique

ReSeaclons s'est donné pour mission de mettre en place une économie circulaire pour collecter et recycler les déchets plastiques marins en créant une filière de recyclage intégrale.

« Les pêcheurs ramassent une quantité incroyable de déchets en mer, c'est ce qu'on appelle la pêche passive, pointe le cofondateur de ReSeaclons Xavier Murard, consultant en développement durable et réduction des déchets, océanographe et topographe marin. Ils jouent parfaitement le jeu en les déposant à quai dans les bennes et collecteurs que nous avons installés sur les quais... 70 à 80 % des déchets collectés sont en plastique et c'est la pollution la plus visible et la plus nuisibles pour les écosystèmes. Or il existe une loi européenne encourageant les États à prendre des mesures pour le bon suivi écologique des océans. Et parmi les différentes mesures possibles, il y a la pêche aux déchets. Avec ReSeaclons, nous sommes les pionniers en France. Nous allons percevoir une subvention de 100 000 € pour un an de la part du ministère de la Transition écologique. »

Une phase pilote a permis de mesurer l'engagement territorial auprès des pêcheurs et des collectivités, mais aussi de travailler avec d'éventuels partenaires industriels sur de nouvelles formes de recyclage.

Les pêcheurs volontaires

Aujourd'hui, le projet est concrètement engagé dans quatre ports de la région Occitanie. Opérationnel au Grau-du-Roi, il est en cours de déploiement à Sète (34), Agde (34) et Port-la-Nouvelle (11), et les collectes y démarreront en fin d'année. ReSeaclons vise aussi la façade Atlantique, où des collectes vont également s'amorcer sur les ports de Saint-Jean-de-Luz (64), La Cotinière (17) et les Sables d'Olonne (85), mais aussi à plus long terme la Bretagne.

« Les pêcheurs sont partants et volontaires, témoigne Xavier Murard. Développer une filière derrière la collecte des déchets en mer est une façon pour eux de revaloriser leur image. Donc ils sont proactifs car ils ont conscience de leur responsabilité sur la bonne gestion du milieu marin. »

Mais dans le modèle co-construit avec les pêcheurs, aucun intérêt économique en échange de cette activité de ramassage de déchets, « car ils ne veulent pas être payés pour ça et être qualifiés d'éboueurs des mers », explique Xavier Murard.

Des espadrilles à Ikea

ReSeaclons s'appuie sur les filières existantes de recyclage du plastique lui assurant les débouchés sur différents marchés possibles. Il travaille ainsi avec l'entreprise catalane Seaqual, spécialiste de la filature à base de granulats issus de polyester, « qui a un modèle multidirectionnel avec plus de 800 licenciés dans le monde entier dans pleins de filières différentes, ce qui nous permet de développer des projets concrets avec des marques, par exemple des fabricants d'espadrilles ou Ikea ».

Mais il avait néanmoins besoin, pour établir un modèle économique viable et pérenne, d'élargir les possibilités de revalorisation de la matière. Pour ça, ReSeaclons travaille avec la société Triveo, basée dans l'Ain et spécialisée dans le reconditionnement des déchets plastiques, qui développe un procédé innovant permettant de mélanger des plastiques de natures différentes.

ReSeaclons travaille enfin également avec l'École Boulle de design et architecture d'intérieur, et la designeuse Clémentine Chambon « pour faire émerger des projets sur l'usage de la matière plastique », ainsi qu'avec le Centre régional d'innovation et de transfert de technologie (CRITT) Technacol, spécialisé dans les solutions industrielles de collage à Tarbes « sur l'usage multi-matière pour des applications comme les impressions 3D pour l'industrie par exemple ».

ReSeaclons espère finir de valider son modèle économique en 2021. L'objectif de Xavier Murard sera ensuite de créer une société d'ingénierie pour la création de filières dans le secteur du traitement des déchets et de programmes d'économie circulaire sur les territoires.

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 13/11/2020 à 9:11
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On ne dit pas d'ailleur que la médittéranée est la prochaine mer d'aral tellement qu'elle est polluée ? C'est une bonne initiative, ne pas oublier que c'est 2 millions de tonnes de déchets qui sont déversés dans nos océans chaque mois et nos dirg...

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