Les éoliennes flottantes EFGL en phase construction : « Nous confirmons un gisement de 400 emplois »

INTERVIEW – Il y a quelques jours, Ocean Winds et la Banque des Territoires, actionnaires de la société de projet des Eoliennes flottantes du golfe du Lion (EFGL), annonçaient avoir franchi l’étape de la décision finale d’investissement. Le projet entame donc sa phase construction avec un plan de bataille précis et fin 2023 comme horizon. Entretien avec Jean-Mathieu Kolb, directeur de projet chez Ocean Winds.
Cécile Chaigneau
Jean-Mathieu Kolb, directeur de projet chez Ocean Winds
Jean-Mathieu Kolb, directeur de projet chez Ocean Winds (Crédits : Ocean Winds)

Ocean Winds et la Banque des Territoires, actionnaires de la société de projet Les Éoliennes flottantes du golfe du Lion (EFGL), viennent d'annoncer que la décision finale d'investissement, engageant la construction du projet, avait été prise. Il s'agit étape majeure dans le projet de ferme-pilote de trois éoliennes flottantes de 10 MW à 16 km au large de Leucate et Le Barcarès (Aude et Pyrénées-Orientales). Elles couvriront les besoins annuels en électricité de plus de 50.000 habitants du littoral, soit l'équivalent de la ville de Narbonne.

LA TRIBUNE - Pouvez-vous rappeler l'articulation des différents partenaires du projet EFGL ?

Jean-Mathieu KOLB, directeur de projet chez Ocean Winds - Ocean Winds est une joint-venture dédiée à l'éolien en mer, créée et détenue par EDP Renewables (entreprise portugaise spécialisée dans les énergies renouvelables, NDLR) et Engie dans laquelle ils sont regroupés leurs actifs éoliens offshore et leur pipeline de projets (1,5 GW en construction, 4 GW en développement à ce jour, NDLR). Ocean Winds et la Banque des Territoires sont actionnaires du projet EFGL, et le consortium comprend également des industriels comme Principle Power et Eiffage Métal, qui construisent les flotteurs à Aix-en-Provence et Fos-sur-Mer, RTE pour le raccordement électrique, MHI Vestas Offshore Wind et la SEMOP (société d'économie mixte à opération unique regroupant la Région et la Banque des Territoires à hauteur de 15% et un groupement d'entreprises à hauteur de 51%, afin d'assurer l'aménagement, l'exploitation, la gestion et le développement du port de commerce de Port-La-Nouvelle, NDLR) pour les services de logistique sur le port de Port-la-Nouvelle.

Vous annoncez que la décision finale d'investissement vient d'être prise. On parle de quel montant d'investissement ?

Il s'agit d'un investissement global de 215 millions d'euros, raccordement électrique inclus. Il comprend des aides de l'Ademe à hauteur de 60 millions d'euros, essentiellement en avances remboursables, des fonds propres des actionnaires, et nous ambitionnons de lever de la dette auprès d'institutions bancaires. Nous pourrons faire des annonces dans quelques semaines.

Les études sur l'environnement sont faites, les autorisations administratives obtenues, les études d'ingénierie du flotteur et de la turbine validées, les recours purgés. Cette décision de financement signe donc le lancement concret de la phase de construction des éoliennes. Quel est le calendrier ?

Nous sommes les premiers à atteindre à un tel jalon (en référence à l'autre projet de ferme-pilote porté par Qair-Total et qui va être construit au large de Gruissan, NDLR)... Nous partons pour un peu moins de deux ans de travaux. La mise en service de la ferme éolienne est prévue fin 2023, pour une durée d'exploitation de vingt ans.

Quel est votre plan de bataille ?

Les entreprises sont en cours de sélection, même si les principaux acteurs sont connus. Et eux-mêmes ont tout un réseau de sous-traitants parfois en cours d'identification. Vont se succéder l'approvisionnement des matériaux puis la fabrication en usine des sous-ensembles qui convergeront ensuite, mi-2023, vers Port-La Nouvelle pour leur assemblage final. Des travaux sont d'ailleurs en cours sur le port de Port-la-Nouvelle en vue d'accueillir ces éléments. Dès cette année, seront faites les premières coupes de tôle du flotteur et les premiers travaux de RTE à Saint-Laurent-de-la-Salanque. Le pic d'activité - et la phase la plus visible - interviendra en 2023 avec d'abord l'arrivée à Port-la-Nouvelle des éléments composant la ferme, c'est à dire éoliennes, flotteurs, ancrage. A la fin de l'été 2023, les éoliennes seront installées sur les flotteurs et remorquées en mer puis connectées aux câbles. Pour ce qui est des câbles, nous travaillons ensemble RTE et Ocean Winds, car c'est le même prestataire, le cabinet JDR et la société SDI Société de Dragage International, qui fournira le câble de raccordement RTE et les câbles qui relieront nos éoliennes.

En décembre 2020, la direction de la Mer à la Région Occitanie rappelait que selon le Pôle Mer, 60% des besoins de la filière pouvaient être couverts par des entreprises d'Occitanie et que 120 entreprises avaient été identifiées comme pouvant contribuer à cette chaîne de valeur en région...

Nous avons une maîtrise en direct sur les sociétés qui interagissent avec nous, soit une quinzaine auxquelles nous avons fait appel en phase d'étude et qui vont continuer à travailler sur d'autres études environnementales pendant le chantier et après la construction pour mesurer les impacts réels sur l'environnement. Nous sommes déjà sur un projet très franco-français... Par exemple, Eiffage Métal, à Fos-sur-Mer, a tout un réseau de sous-traitants qui va au-delà de la seule région Sud, notamment dans le Gard. RTE emploie aussi des entreprises de la région, et nous allons faire travailler Euroports Group BV (spécialisé dans les infrastructures portuaires, membre de la SEMOP, NDLR) qui fait intervenir beaucoup d'entreprises de la région. Nous confirmons un gisement de 400 emplois mobilisés, direct et indirects, dans la phase de construction.

Vous annoncez une exploitation durant vingt ans de cette ferme-pilote, indépendamment des appels à projets des fermes commerciales qui ne vous seront pas forcément attribués. Que ferez-vous durant ces vingt années ?

Nous allons continuer de tester des choses et d'évaluer l'impact environnemental notamment. Par exemple intégrer de nouvelles innovations encore pas connues aujourd'hui et les tester en conditions réelles, comme le jumeau digital avec un réseau de capteurs qui nous permettront de faire du rétro-engineering pour comparer projet et réalité.

Ce projet pilote servira de référence technologique pour de futurs projets d'éolien flottant. Que peut-on dire sur le volet innovation ?

Nous sommes sur la troisième génération de flotteurs de Principle Power Inc., après le WindFloat Atlantic de 2MWmis en service il y a dix ans et le WindFloat Atlantic de 25MW il y a deux ans et le flotteur EFGL comporte des améliorations significatives et de nouvelles solutions. Nous avons fait un nouveau saut technologique : en travaillant sur le design, nous avons réduit d'un tiers la quantité d'acier nécessaire pour les flotteurs, les éoliennes ont augmenté leur puissance d'un quart par rapport à celles que nous utilisons sur notre projet pilote au large du Portugal. Nous progressons aussi sur des innovations du point de vue environnemental, avec par exemple une protection anticorrosion par courant continu ou la mise en place des bio-huts d'Ecocéan sur la bouée d'observation de la biodiversité marine (une bouée de près de quatre tonnes, haute de 15 mètres, dont 9 m immergés, NDLR) sur le site même où sera installée une future ferme-pilote.

Cécile Chaigneau

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