Énergie verte : le fournisseur Mint entre hausse du chiffre d’affaires, baisse de clientèle et plainte

Mint, le fournisseur d’énergie verte basé à Montpellier, annonce un chiffre d’affaires 2021 en hausse de 40% par rapport à 2020, mais sa base de clients a fait les frais du contexte de fin d'année : un marché de l’énergie bousculé par une envolée des prix d’achats de l’électricité et du gaz. De 150.000 clients, elle est passée à 110.000. L’entreprise est aussi sous le coup d’une plainte déposée par l’association de consommateurs CLCV pour pratiques commerciales trompeuses. Son directeur général, Kaled Zourray, se dit pourtant « serein ».
Cécile Chaigneau
Le fournisseur d'énergie verte Mint annonce un chiffre d'affaires 2021 de 107 millions d'euros et une base de 110.000 clients.
Le fournisseur d'énergie verte Mint annonce un chiffre d'affaires 2021 de 107 millions d'euros et une base de 110.000 clients. (Crédits : DR)

Le fournisseur d'énergie verte (et de services télécom) Mint (ex-Budget Telecom), basé à Montpellier et coté sur Euronext Growth, annonce un chiffre d'affaires 2021 de 107 millions d'euros, en hausse de 40% (il était de 64,2 millions d'euros au 31 décembre 2020).

Sur les télécoms, le chiffre d'affaires annuel s'élève à 3,5 millions d'euros (contre 3,7 millions d'euros au 31 décembre 2020), pour un portefeuille clients de 18.000 abonnés, « en croissance », indique l'entreprise dans son communiqué du 14 février 2022.

Sur sa seule activité énergie, le chiffre d'affaires est de 102 millions d'euros (hors taxes). Alors qu'elle avait franchi le cap des 100.000 clients énergie début 2020 et comptait même 150.000 clients fin juin 2021, l'entreprise annonce aujourd'hui avoir « stabilisé son parc d'abonnés à 110.000 clients ». Dans un contexte du marché de l'énergie bousculé par une envolée des prix d'achats de l'électricité́ et du gaz, Mint a mis un frein à sa dynamique commerciale.

« Nous avons arrêté l'acquisition clients au 2e semestre 2021 en raison de la hausse fulgurante des prix sur le marché, indique Kaled Zourray, directeur général de Mint. Nous nous concentrons sur l'existant. »

« La hausse persistante des coûts de l'énergie devrait se traduire par un impact mécanique et transitoire sur la rentabilité de l'exercice dans l'attente de l'augmentation des tarifs réglementés de vente de l'électricité effective au 1er février 2022 liée à l'évolution des prix de marché de gros en 2021, annonce le communiqué de l'entreprise. L'EBITDA devrait en particulier être notamment marqué par la hausse sans précédent des prix d'achats de l'électricité au mois de décembre. Dans ce contexte, malgré cette forte dégradation de l'environnement sur la 2nde partie de l'année, Mint devrait réaliser sur le second semestre une perte équivalente à celle réalisée au cours du 1er semestre grâce aux mesures rapides d'adaptation prises par le groupe. Cette évolution, bien qu'en deçà des objectifs initialement fixés, constituerait une bonne performance compte tenu des conditions de marché encore plus dégradées en fin d'exercice. »

Amortisseur

Parmi les mesures évoquées, outre la conquête de nouveaux clients mise en pause au 2e semestre 2021, Kaled Zourray évoque aussi « des couvertures, c'est à dire que nous avions pré-acheté de l'énergie en 2020 à des prix d'avant-crise, et nous avions du stock pour fournir nos clients à des prix équilibrés. Nous bénéficions de la couverture ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique, qui permet à tous les fournisseurs alternatifs de s'approvisionner en électricité auprès d'EDF dans des conditions fixées par les pouvoirs publics, NDLR) pour 2021 et 2022, ce qui sert d'amortisseur ».

Le dirigeant mise en effet sur le plafonnement, à compter du 1er février, de la hausse du tarif réglementé à 4% et sur l'augmentation du volume d'électricité à bas prix vendu aux fournisseurs alternatifs pour « mieux passer l'année 2022, en espérant que les prix de l'énergie se stabilisent ».

Mais les « mesures rapides » évoquées par l'entreprise pour juguler la forte hausse des tarifs d'achat d'électricité, ce sont aussi des révisions tarifaires que le groupe a mis en place et qui notamment ont entraîné le départ de certains clients.

« Nous avons légèrement augmenté les prix, en moyenne de 10% TTC, tout en restant sur les prix réglementés EDF alors que notre position commerciale est habituellement de proposer des tarifs en-dessous, déclare le directeur général à La Tribune. Nous avons perdu des clients sur le 2e semestre 2021, environ 10% de notre base. »

Comme l'indique le rapport financier du groupe en 2021, « une partie du parc clients a été basculée sur une offre flexible avec des tarifs indexés sur les prix de marché réduisant mécaniquement l'exposition du groupe aux variations des prix d'approvisionnement ».

Assignation en justice

Sauf que la mesure n'a pas été du goût de nombreux clients, qui ont vu leur facture augmenter.

En novembre 2021, l'association de consommateurs CLCV assignait en justice quatre fournisseurs d'électricité : ekWateur, GreenYellow (Cdiscount/Casino), Ovo Energy et Mint Énergie pour des pratiques commerciales qu'elle jugeait trompeuses, mettant en garde les souscripteurs d'offres alternatives dans un contexte de forte hausse des prix de l'énergie.

« Selon la CLCV, quand nous avons appliqué l'augmentation tarifaire, nous aurions dû demander l'autorisation des clients, or le code de l'énergie dit que nous avons l'obligation d'informer les clients dans un préavis d'un mois, et c'est ce que nous avons fait par mail de façon très claire, répond aujourd'hui Kaled Zourray. Nous avons également identifié les clients qui n'ouvraient pas leur mail, et nous les avons appelés. La procédure est en cours mais nous sommes droit dans nos bottes ! »

Contacté par La Tribune, l'association CLCV répond le 15 février par la voix de son délégué général, François Carlier : « Le temps de la justice française est un temps long et nous aurons peut-être une décision dans deux ans... D'autres clients concernés peuvent d'ailleurs se joindre à cette plainte. Le cas de Mint sera le plus emblématique des quatre fournisseurs d'électricité concernés pour deux raisons. Tout d'abord sur la question de l'information des clients, mais aussi parce que Mint est le seul à avoir augmenté les tarifs fin septembre, début octobre, puis un mois après, à avoir basculé beaucoup de contrats installés d'une offre indexée sur le tarif réglementé à une offre indexée sur la moyenne mensuelle du marché de gros, ce qui est beaucoup plus risqué pour les consommateurs ! Ils ont fait de l'information mais ils n'ont pas demandé le consentement explicite. Donc tout le débat est de savoir s'il faut considérer ça comme une modification substantielle du contrat. Nous pensons que oui, eux non. C'est essentiel. C'est un cas d'école qui va faire jurisprudence ».

En attendant, le groupe annonce vouloir relancer sa politique volontaire de conquête de clients.

« Nous relançons des offres et l'acquisition clients au 1er février, confirme Kaled Zourray. Nous sommes sereins. Dans le contexte actuel, certains fournisseurs sont en difficulté, ce qui offre des opportunités de croissance externe et nous envisageons la reprise de certains portefeuilles. Le marché va se concentrer, comme dans les télécoms il y a une vingtaine d'années. »

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 16/02/2022 à 10:08
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Bonjour, Pour ceux qui ont subi des hausses non consenties un groupe facebook a été crée n'hésitez pas à nous rejoinfre. Nous aussi on est serein.

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