Dans les Pyrénées-Orientales, l’Institut méditerranéen du liège veut booster la filière

La filière du liège poursuit son développement dans les Pyrénées-Orientales. Trois hectares ont été plantés cette année, dont un sert de support à une expérimentation inédite en lien avec le climat… L’Institut méditerranéen du liège cherche aussi des solutions à la problématique de main d’œuvre, espérant faire renaître des vocations.
Aujourd'hui, 200 tonnes de liège sont prélevés chaque année dans le département des Pyrénées-Orientales.
Aujourd'hui, 200 tonnes de liège sont prélevés chaque année dans le département des Pyrénées-Orientales. (Crédits : Yann Kerveno)

Trois hectares, ce sont les surfaces de chênes-lièges qui auront été plantées cette année par l'Institut méditerranéen du liège, à Saint-Jean-Pla-de-Corts et à Brouilla, dans les Pyrénées-Orientales. Si ces plantations existent c'est, une fois n'est pas coutume, grâce à un programme de recyclage de bouchons dont la collecte est organisée par les magasins du caviste Nicolas.

« Ces bouchons sont recyclés en d'autres matériaux, pour le bâtiment par exemple et une partie du produit de la vente nous est attribuée », détaille Renaud Piazzetta, directeur de l'Institut Méditerranéen du liège, installé à Vivès.

La première parcelle plantée, à Saint-Jean-Pla-de-Corts, servira de support à une expérimentation inédite : à la plantation, un matériau hydrorétenteur a été incorporé au sol.

« Ce que nous essayons de voir c'est si cet apport, un procédé qui stocke l'eau quand elle tombe et la restitue au sol plus doucement, peut permettre une meilleure reprise des jeunes plants durant les deux premières années », explique encore Renaud Piazetta.

Il s'agit de voir, en fait, si ce procédé peut augmenter les chances de succès des plantations au cours de ces deux années critiques en climat méditerranéen.

Renaud Piazetta précise que « lorsque les arbres poussent naturellement à partir d'un gland sur le sol, ils vont tout de suite développer un système racinaire qui va assurer leur survie », alors que c'est moins le cas avec les plants provenant des pépinières.

3.500 hectares

Les deux parcelles ont été implantées sur des zones différentes. À Saint-Jean-Pla-de-Corts, c'est chez un propriétaire privé, et à Brouilla sur une parcelle acquise par la municipalité qui cherchait à développer un espace arboré. La collaboration avec le programme de recyclage de bouchons est en place depuis 2014 mais l'Institut Méditerranéen du liège plante de nouvelles parcelles quasi tous les ans depuis sa création en 1993.

Si les propriétaires se comptent par milliers du fait du morcellement du foncier dans le département, 130 producteurs sont réunis dans une association de gestion et représentent environ 3.500 hectares de suberaies en production. Le gisement pourrait être plus important.

« Aujourd'hui, nous levons environ 200 tonnes de liège par an dans le département, mais il y a cinquante ans, il s'en prélevait entre 800 et 1.000 tonnes annuellement, ajoute Renaud Piazetta. Or, les arbres sont toujours là, ils n'ont pas disparu. »

Disparus non, mais ils sont au moins sortis du radar parce que les parcelles se sont enfrichées, que la forêt a regagné autour, qu'elles sont devenues plus difficiles d'accès...

Gestion épineuse de la main d'œuvre

Il faut aussi compter avec la question, épineuse, de la main-d'œuvre, délicate à trouver. L'an passé, l'Institut Méditerranéen du liège associé à l'industriel Diam et à l'entreprise de débroussaillage bûcheronnage Serpe, a testé une semi-mécanisation de la levée du liège avec des outils développés en Espagne. L'objectif était de gagner en productivité et de former les leveurs de liège localement pour pouvoir lever plus de liège sur la courte période de la récolte, en fin de printemps et début d'été.

« Les résultats n'ont pas forcément été à la hauteur de ce que nous attendions, mais le projet suit son cours, fait observer Renaud Piazetta. Nous avons été confrontés à d'importants problèmes de fiabilité sur le matériel conduisant à des immobilisations, qui ont limité la productivité. Le constructeur travaille à corriger ces défauts. »

Cette année, l'institut a également mené une initiation avec des élèves du CFPPA de Rivesaltes en espérant faire naître des vocations nouvelles.

Entamée au mois de mai, la levée 2022 se passe bien, les équipes en ont terminé avec les Albères et vont maintenant s'attaquer au massif des Aspres.

Les 23 et 24 juin prochains, la filière liège renoue avec son événement bisannuel suspendu pour cause de Covid, VivExpo. Le thème retenu pour cette année porte sur la question du sylvopastoralisme et de l'entretien des suberaies.

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