Zone sensible du fait de ses différents bassins d'activité - industriels, portuaires, touristiques, agricoles - pouvant avoir un impact sur la qualité de l'air et engendrer des nuisances sonores, le territoire de Sète-Thau-Frontignan (Hérault) fait l'objet d'un dispositif de suivi et d'organisation de la qualité de l'air élaboré par Atmo Occitanie*, en appui avec des partenaires locaux comme Sète Agglopôle Méditerranée, Port de Sète Sud de France et les entreprises Esso, Hexis, Saipol, Scori, Timac Agro, GSM, mais aussi les communes de Frontignan et Sète.

L'observatoire a dernièrement renforcé son dispositif de suivi et d'évaluation sur ce territoire qu'il présentait le 21 septembre dernier.

« Nous travaillons avec des stations de mesure et de la modélisation pour localiser et quantifier l'ensemble des sources de pollution atmosphérique sur le territoire, explique Dominique Tilak, directrice générale d'Atmo Occitanie. Ce dispositif, que nous renforçons aujourd'hui, nous permet également de faire des prévisions et d'accompagner les décideurs locaux dans la mise en œuvre de leurs projets. »

Dans la région, Atmo Occitanie a mis en place une cinquantaine de stations de mesures multipolluantes permanentes et sept stations annuelles. Une prochaine va être installée à Sète, en lien avec le trafic routier, principale source de dioxyde d'azote.

« Aujourd'hui la règlementation française est respectée sur la zone de Sète, excepté pour l'ozone où le taux est toujours trop élevé, même si la situation s'est améliorée depuis la crise sanitaire, prévient Dominique Tilak. Mais les normes françaises devraient évoluer l'an prochain... Nous allons affiner notre modèle afin de produire des cartographies haute résolution de répartition des polluants. »

Les ferries surveillés de près

Deuxième port français sur la façade maritime par son trafic global, le port de Sète-Frontignan s'est engagé, depuis 2021, à suivre l'influence de ses activités sur la qualité de l'air. La surveillance s'intéresse notamment aux ferries des lignes transméditerranéennes qui émettent des polluants comme le dioxyde de soufre et d'azote. Un inventaire détaillé des sources d'émissions va servir à analyser l'impact de l'activité mais aussi à accompagner les projections du port par rapport à ses projets de modernisation, notamment l'électrification des quais.

« La décarbonation des activités maritimes est un enjeu majeur pour les années à venir, rappelle Olivier Carmes, directeur général du port sétois. Nous investissons 8 millions d'euros dans l'électrification des quais pour les lignes régulières (ferry et roulier, NDLR). L'idée n'est pas d'imposer mais d'encourager les navires à couper leur groupe machines et à utiliser le réseau électrique lors de leurs escales. »

Atmo Occitanie prévoit également d'étudier l'impact du stockage de coke de pétrole (coproduit des raffineries de pétrole qui se compose essentiellement de carbone) au port de Sète-Frontignan. L'ensemble des résultats devrait être publié d'ici la fin de l'année.

De l'eau du Rhône contre les poussières de carrière

Emettant des particules sédimentables pouvant engendrer des nuisances pour les riverains, la carrière de Poussan est également surveillée de près. Les résultats montrent une nette diminution depuis 2021 avec des niveaux, à proximité des habitations, inférieurs à la valeur réglementaire.

« Pour lutter contre les envols de poussière, il faut de l'aspersion, indique Bruno Maestri, responsable du département Foncier et environnement chez GSM, exploitant de la carrière. Or l'eau est une ressource très précieuse. Nous avons donc signé un partenariat avec le groupe BRL (concessionnaire du réseau hydraulique, propriété de la Région Occitanie, NDLR) qui, d'ici la fin de l'année, va nous approvisionner en eau du Rhône. J'espère que les bons résultats enregistrés se poursuivront. »

En parallèle de ces actions, Atmo Occitanie anime un observatoire des odeurs sur le bassin de Thau, avec pour objectif d'assurer un suivi des nuisances olfactives. Un réseau de citoyens, appelés les "Nez", recueille au quotidien les odeurs ressenties. De fait, Atmo indique que les gênes olfactives ont diminué.

Enfin, pour son chantier de réhabilitation des sols sur l'ancienne raffinerie de Frontignan, la société Esso a fait appel à l'organisme. Des dispositifs spécifiques ont été déployés afin de suivre les poussières sédimentables, les métaux, les composés organiques et le sulfure d'hydrogène. Un appel à "Nez" a même été lancé auprès des riverains. Les premiers résultats de la qualité de l'air autour de l'ancienne raffinerie devraient être publiés d'ici quelques mois.

* Observatoire régional agréé ayant pour missions la surveillance de la qualité de l'air, l'évaluation et le suivi de l'impact des activités humaines et d'aménagement du territoire. Ses travaux servent à l'Etat français pour rendre compte à l'Europe des valeurs observées en terme de pollution atmosphérique.