Autoconsommation énergétique : la startup Beoga liquidée

La startup montpelliéraine Beoga, gestionnaire de communautés d’autoconsommation collective d’énergies renouvelables et dont l’objectif était de faire émerger un nouveau modèle économique de consommateurs-producteurs, a plié boutique. Placée en redressement judiciaire en février dernier, elle a été liquidée en septembre. Selon son dirigeant, Amaury Pachurka, sont principalement en cause des désaccords insolubles entre associés.
Cécile Chaigneau
La première communauté énergétique lancée par Beoga en mars 2021, dans le village gardois du Cailar, impliquait un lotissement de six maisons et une installation sportive.
La première communauté énergétique lancée par Beoga en mars 2021, dans le village gardois du Cailar, impliquait un lotissement de six maisons et une installation sportive. (Crédits : Beoga)

La startup montpelliéraine Beoga, cofondée en octobre 2019 par Amaury Pachurka et spécialisée dans les systèmes de gestion d'autoconsommation collective d'énergies renouvelables, avait a mis au point un écosystème comprenant une offre d'accompagnement à la création de communautés énergétiques et une solution technologique pour leur optimisation.

Son objectif était de faire émerger un nouveau modèle économique de consommateurs-producteurs suivant deux principes : l'échange d'énergie de pair à pair par le pilotage des ressources distribuées, et l'agrégation des capacités de stockage (batterie, voiture électrique...).

En mars 2021, une première communauté énergétique avait ainsi été structurée par Beoga dans le village gardois du Cailar, impliquant un lotissement de six maisons et une installation sportive, et en partenariat avec Enedis et le fournisseur d'énergies 100% renouvelables Planète Oui (ce dernier ayant été racheté en février 2022 à la barre du tribunal de commerce par l'entreprise montpelliéraine Mint Energy, échappant ainsi à la liquidation). Ses membres se partageaient une électricité 100% renouvelable et locale, produite par des panneaux photovoltaïques installés sur leurs toits et sur celui du stade municipal, et disposaient également de trois des batteries stationnaires (10 kWh chacune), de deux vehicules-to-grid (V2G) et de bornes bidirectionnelles.

Optimisme

La startup avait notamment été soutenue par la CleanTech Vallée dans le Gard, via le programme CleanTech Booster favorisant les coopérations entre startups et grands groupes industriels dans le cadre de projets collaboratifs d'open innovation.

Mais la jeune entreprise avait été placée en redressement judiciaire en février 2022, pour cessation de paiement, avec une période d'observation de six mois.

« Nous sommes dans une situation d'actionnariat incompatible, expliquait Amaury Pachurka, CEO de Beoga, qui employait alors six salariés. Il a donc été impossible de lever des fonds et de faire entrer de nouveaux investisseurs ! »

En juin 2021, le dirigeant se voulait optimiste : « La communauté énergétique du Cailar n'est plus démonstrateur mais un projet commercial : elle compte 15 membres et l'objectif est d'en avoir 150 dans un an. On produit 30 KW et on a atteint les 100% d'autoconsommation, ce qui couvre 15 à 20% des besoins et génère a minima 15% d'économie sur la facture d'électricité... Nous avons une soixantaine de projets en cours en France et même  en Belgique, avec des profils de collectivités ou d'industriels ».

En juillet, il annonçait son objectif de créer douze communautés énergétiques et d'opérer une première levée de fonds.

« La levée de fonds n'a jamais abouti »

Las. A l'issue de la période d'observation, la startup a été liquidée par le tribunal de commerce en septembre dernier, annonce Amaury Pachurka à La Tribune.

« La principale problématique, c'était la présence d'une actionnaire indélicate qui a fait que peu d'investisseurs étaient enclins à entrer au capital, explique-t-il. La levée de fonds n'a jamais abouti. Outre le risque habituel lié à un investissement dans une startup, il y avait aussi le risque inhérent à ce désaccord avec cette actionnaire-salariée, qu'on a licenciée. Des poursuites au pénal et aux prudhommes ont été lancées... Quatre projets étaient en cours de signature, notamment à Montpellier, mais n'ont pas été signés. A un moment, nous n'avons plus eu de liquidités, d'où le redressement judiciaire. J'ai réinjecté des fonds mais c'était insuffisant. »

Selon Amaury Pachurka, « tout était géré par une association, donc la liquidation n'interrompt pas le dispositif d'autoconsommation du Cailar, qui continue de fonctionner avec toujours une quinzaine de membres ».

Le dirigeant dit déjà travailler à un autre projet entrepreneurial, autour de services d'algorithmie dans la transition écologique.

Cécile Chaigneau

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