Forage exploratoire à Murat-sur-Vèbre : Danone jette l’éponge (provisoirement ? )

Le groupe Danone, qui exploite déjà une source à La Salvetat-sur-Agout (Hérault), avait entrepris, en 2022, un forage exploratoire à une vingtaine de kilomètres, dans le Tarn, pour renforcer sa connaissance des hydro-systèmes locaux et évaluer leur potentiel. Une démarche qui avait soulevé inquiétude et colère d’un collectif local. L’industriel vient d’indiquer qu’il ne demandera pas d’homologation pour qualifier les eaux de la nappe qui faisait l’objet du forage exploratoire. Si les riverains et membres du collectif sont soulagés, ils disent rester vigilants autour de quelques points d’inquiétudes…
Cécile Chaigneau
En 2022, un collectif de riverains et habitants s'inquiétait du forage exploratoire lancé par Danone sur une source de Murat-sur-Vèbre.
En 2022, un collectif de riverains et habitants s'inquiétait du forage exploratoire lancé par Danone sur une source de Murat-sur-Vèbre. (Crédits : DR)

« C'est une bonne nouvelle qui ne doit pas désarmer notre vigilance sur l'eau, bien commun si précieux et si vulnérable aux pollutions diverses, surexploitation et profits », écrit le 9 mars le Collectif de défense des eaux du Montalet, prenant acte « avec satisfaction » de la décision de Danone de ne pas demander d'homologation pour qualifier les eaux de la nappe qui faisait l'objet d'un forage exploratoire sur la commune de Murat-sur-Vèbre (Tarn).

Une polémique avait éclaté à l'été 2022 : le groupe Danone, qui y exploite déjà la source "La Salvetat" à La Salvetat-sur-Agout, avait entrepris un forage exploratoire à une vingtaine de kilomètres de cette source originelle, sur la commune de Murat-sur-Vèbre (Tarn). La perspective d'une possible extension de sa zone de captage d'eau minérale par le groupe industriel avait déclenché l'inquiétude du collectif comptant notamment des habitants ou des agriculteurs.

Lire aussiHérault et Tarn : pourquoi le forage d'étude du groupe Danone pour son usine d'eau minérale inquiète

Le collectif s'inquiétait « de la menace que ce forage fait peser sur la ressource en eau » et s'interrogeait « sur le sens de ce projet et la capacité de Danone à gérer cette ressource sans pénaliser la population et l'économie locales », rappelant que « les exemples antérieurs de Volvic et d'Évian ont montré les dangers de l'exploitation minéralière et les dégâts qu'elle peut occasionner sur les nappes phréatiques, rivières et sources ». En toile de fond, un enjeu : déstabiliser l'équilibre existant entre préservation de l'environnement et activité économique.

Des contrôles de la qualité de l'eau

L'industriel arguait, de son côté, vouloir « renforcer la connaissance des hydro-systèmes locaux et mieux comprendre les écoulements d'eau souterrains » afin de « garantir au quotidien la préservation des ressources en eaux du territoire, optimiser leur gestion et évaluer les possibilités de développement futur » en étendant le système hydrominéral de La Salvetat à ce secteur.

Les travaux de forage avaient été terminés en mars 2022, et des études ont suivi, jusqu'en ce mois de mars 2023, sur des contrôles de la qualité de l'eau afin d'évaluer si la ressource répondait aux caractéristiques de l'eau minérale naturelle de La Salvetat.

En septembre 2022, le préfet du Tarn écrivait que toutes les procédures avaient été respectées et que ces forages de reconnaissance étaient encadrés strictement par le droit, le groupe Danone ayant déposé auprès de la Direction départementale des territoires du Tarn, en janvier 2021, une déclaration pour réaliser deux forages de reconnaissance.

« Si le groupe Danone se déclarait intéressé par une exploitation du site, les services de l'État examineraient avec la plus grande attention les dossiers nécessaires et associeraient pleinement les acteurs locaux concernés, à commencer par la municipalité de Murat-sur-Vèbre », ajoutait le préfet.

« Une décision qui n'est pas définitive »

Finalement, Danone jette l'éponge. Provisoirement ? Dans un communiqué, Danone indique en effet que « en conformité avec le calendrier du projet que nous avions annoncé, la première phase d'étude exploratoire de ce forage arrivera à son terme le 31 mars, date à laquelle nous arrêterons les prélèvements dans cette nappe. Les besoins actuels de la marque étant couverts, nous ne prévoyons pas à ce jour de déposer une demande d'homologation de l'eau issue de cette nappe ».

Le collectif citoyen maintient donc sa vigilance. Et s'interroge sur « le vrai motif de ce renoncement » : « La pression des habitants inquiets pour leur ressource en eau, inquiétude largement relayée dans les médias nationaux ? La qualité des eaux prélevées n'est pas satisfaisante ? ».

 « Par ailleurs Danone réaffirmant dans son communiqué que ces forages exploratoires ont pour but de renforcer la connaissance des hydro-systèmes et des écoulements des eaux souterraines, le collectif demande que les connaissances acquises lors de cette campagne soient partagées avec les populations et les élus locaux », conclut le collectif.

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 11/03/2023 à 11:42
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De quel droit des hommes d'affaires prennent en otage notre eau ressource stratégique s'il en est ? Du droit oligarchique, au moins grâce à internet les masques sont tombés le seul problème c'est qu'ils ne le savent toujours pas ces nigauds là.

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