Sécheresse : alerte rouge sur le vignoble du Languedoc-Roussillon

Le déficit de pluviométrie, en recul de 40 à 60% sur les quatre départements viticoles du Languedoc-Roussillon, est une source d’inquiétude pour les viticulteurs qui ont déjà subi des pertes de rendement à cause de la sécheresse de l’été 2022. Et les menaces de restrictions d’eau ne sont pas de nature à rassurer ceux qui ont la chance de pouvoir irriguer.
Philippe Chamayrac dans ses vignes en AOC La Clape : « On se demande comment on va tenir jusqu’au vendanges s’il ne pleut pas ».
Philippe Chamayrac dans ses vignes en AOC La Clape : « On se demande comment on va tenir jusqu’au vendanges s’il ne pleut pas ». (Crédits : Michèle Trévoux)

Alerte rouge sur le vignoble du Languedoc-Roussillon. Entre le 1er octobre 2022 et le 14 mars 2023, les quatre départements viticoles du Languedoc-Roussillon (Hérault, Gard, Aude et Pyrénées-Orientales) accusent un déficit de précipitations de 60% par rapport à la normale décennale, d'après les données relevées par la société Weenat, spécialiste des stations météo connectées.

Ainsi, au cours des six derniers mois, il est tombé 263 mm d'eau alors que la moyenne décennale s'établit à 638 mm. Les Pyrénées-Orientales sont le département où la situation est la plus critique, avec seulement 158 mm de pluviométrie sur cette période pour une normale décennale à 487 mm. L'Aude enregistre un cumul de précipitations de 250 mm (431 mm en moyenne sur dix ans), l'Hérault est à 278 mm (742 mm en moyenne décennale) et le Gard 367 mm (892 mm de moyenne décennale).

Les sols sont secs en surface et en profondeur

Pour les viticulteurs, la situation est très critique.

« Tout le pourtour méditerranéen, de Nîmes à Perpignan, subit un déficit hydrique très important, indique Emmanuel Buisson, directeur Recherche et Innovation chez Weenat. Cette importante zone viticole a reçu entre 40% et 60% de précipitations en moins par rapport à la normale. Les sols sont secs en surface et en profondeur, et les nappes phréatiques très basses. Ce n'est pas l'année la plus sèche : en 1989, la pluviométrie était encore inférieure. Mais la situation de ce début d'année 2023 est plus inquiétante car elle s'inscrit dans ce contexte de changement climatique avec des sécheresses récurrentes. »

Sur le terrain, l'inquiétude grandit. Frédéric Vrinat, le directeur de la cave coopérative de Gruissan, s'alarme : « Nous n'avons quasiment pas eu de pluie cet hiver. La végétation démarre avec des sols très secs, ce qui peut compromettre dès le départ le potentiel de récolte. Certains bourgeons pourraient ne pas sortir du fait de ce stress hydrique. Déjà en 2021 et 2022, certaines souches ont péri à cause de la sécheresse. Et nos rendements s'amenuisent. L'an dernier, le rendement moyen de la coopérative, toutes catégories de vin confondues, s'établissait à 30 hl/ha. Nos adhérents peuvent supporter une à deux années difficiles, mais combien de temps vont-ils tenir si ça perdure ? ».

Des vignes irriguées dès fin mars

A Fleury d'Aude, Philippe Chamayrac, propriétaire du Château Mire l'Etang, en AOC La Clape, est tout aussi inquiet.

« C'est désastreux, depuis les vendanges, il est tombé seulement 70 mm, déplore-t-il. Les pluies ont été insignifiantes et sans efficacité. J'ai commencé à prélever dans l'Aude pour arroser en immersion les 7 à 8 ha de vigne, qui sont sujettes aux remontées de sel. Et dès le 30 mars, j'ai commencé à mettre en route l'irrigation au goutte à goutte enterré pour amener l'équivalent de 40 mm de pluie afin de sécuriser le débourrement. Mais on se demande comment on va tenir jusqu'au vendanges si nous sommes soumis à des restrictions d'eau. »

Reste l'espoir d'un printemps pluvieux, comme le pronostique Emmanuel Buisson : « Il n'y a pas de pluie annoncée pour les quinze prochains jours, mais les prévisions saisonnières annoncent un flux dépressionnaire pour la deuxième quinzaine d'avril et le mois de mai, qui pourrait être très excédentaire en termes de pluviométrie. Cela reste des prévisions avec une fiabilité réduite mais depuis le début de l'année, elles ont été très fiables et ont annoncé la sécheresse actuelle ».

Les vignerons ne demandent qu'à le croire.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.