Dans l’Hérault, 18 communes engagées dans des économies d’eau : pour quel résultat ?

Valoriser les communes ayant réalisé des actions en faveur d’une gestion raisonnée de la ressource en eau. C’est l'ambition d’un label créé par l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat (ALEC) Montpellier Métropole en 2021. Pour sa 2e année, elle vient de décerner à deux nouvelles communes (18 au total) ce label "Commune Econome en Eau" et fait le bilan des premières actions engagées.
Cécile Chaigneau
Sur la Métropole de Montpellier, les communes labellisées Commune Econome en Eau s'engagent à réduire leurs consommations d'eau dans les écoles, les bâtiments municipaux, les espaces verts, etc.
Sur la Métropole de Montpellier, les communes labellisées "Commune Econome en Eau" s'engagent à réduire leurs consommations d'eau dans les écoles, les bâtiments municipaux, les espaces verts, etc. (Crédits : DR)

Avec son Plan Eau, annoncé le 30 mars dernier, le président Emmanuel Macron a donné un cap : 10 % d'économies d'eau pour tous les secteurs d'ici 2030. De forts enjeux pour les communes notamment.

Dans l'Hérault, l'Agence Locale de l'Énergie et du Climat (ALEC) Montpellier Métropole accompagne les collectivités de la métropole montpelliéraine dans leurs actions de transition écologique et énergétique. Afin d'encourager l'engagement des communes de la Métropole dans une politique rigoureuse d'utilisation de la ressource en eau, la structure a lancé, en 2021, le label "Commune Econome en Eau". Après une année d'engagement de 19 communes, 17 d'entre elles avaient été labellisées en 2022 : Castelnau-le-Lez, Castries, Clapiers, Cournonsec, Le Crès, Fabrègues, Grabels, Jacou, Juvignac, Lattes, Lavérune, Montferrier-sur-Lez, Montpellier, Murviel-Lès-Montpellier, Prades-Le-Lez, Saint-Drézéry et Vendargues.

En 2023, deux nouvelles communes rejoignent les rangs du label "Commune Econome en Eau" : Saint-Georges-d'Orques et Sussargues. La commune de Clapiers n'ayant pas vu son label renouvelé pour 2023, elles sont désormais 18.

Plan d'actions

Le label est attribué une fois par an par un comité d'agrément composé d'experts dans le domaine de l'eau (notamment la Régie des eaux Montpellier Métropole, l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, la Région Occitanie, le SMETA qui anime la charte "Je ne gaspille pas l'eau", les syndicats de bassin versant du territoire, le Conseil Départemental de l'Hérault...), et doit être renouvelé chaque année.

Les communes s'engagent sur une charte, réalisent un état des lieux des consommations d'eau de la commune (écoles, bâtiments municipaux, piscines, arrosage, etc.) et sur cette base, établissent un plan d'actions fondé sur un référentiel d'une cinquantaine d'actions proposées par l'ALEC. L'évaluation en fin d'année se fait sur le bilan des consommations communales et sur les actions réalisées.

Pour l'édition 2024, les communes s'engagent d'ores et déjà à réaliser les onze actions du socle de base, auxquelles viendront s'ajouter d'autres actions et projets choisis par chaque commune. Et pour la première fois, le comité d'agrément évaluera une obligation de résultat, avec des seuils à ne pas dépasser.

23% d'économie d'eau

Selon le bilan établi par l'ALEC, les 17 premières communes labellisées ont réalisé 23% d'économie d'eau entre 2017 et 2022, soit plus de 900.000 m2 économisés depuis 2017, et 70% des communes ont eu une consommation stable ou en baisse par rapport à 2021. Le nombre de  m3 par habitant de consommation communale est passé de 2,19 en 2017 à 1,56 en 2022, soit une baisse de 29% (en tenant compte de l'augmentation de population). Si la consommation en eau avait bien diminué en 2020 en raison de la fermeture des écoles et des bâtiment communaux pendant la crise sanitaire, l'ALEC précise que « les niveaux de consommation en 2021 ne sont pas remontés au niveau 2018-2019 ».

La commune de Fabrègues a ainsi fait valoir une facture d'eau divisée par deux entre 2019 et 2022 grâce à un meilleur suivi des fuites par le recours à un outil informatique, à une réorganisation des services favorisant la communication entre les agents de terrain et l'administratif permettant une alerte et un traitement rapide des fuites et dysfonctionnements, et à un atelier de sensibilisation des agents en 2022.

Au Crès, même réduction de la facture d'eau, passée de 90.000 euros en 2019 à 45.000 euros en 2021, grâce à des quelques investissement techniques : remplacement de vieux robinets par des robinets presto-temporisés dans chaque école, mise à jour des trente compteurs de la Ville, réparation de chaque niche pour éviter le gel, mise en place de robinet temporisé dans chaque gymnase et au cimetière, et arrosage du stade à partir du forage.

« L'enjeu sera d'utiliser l'eau brute »

A Lattes, c'est une diminution de 18 % des consommations entre 2021 et 2022 dans les écoles et gymnases équipés qui a été enregistrée, grâce à un diagnostic et un traitement des fuites, et à l'installation de matériels hydro-économes.

Quant à Castelnau-le-Lez, elle fait valoir l'équipement de trente espaces verts d'un outil informatique de gestion technique centralisée, équipé d'un pluviomètre qui coupe l'arrosage automatiquement en cas de fortes pluies et permet d'agir plus rapidement en cas de fuite et d'optimiser la programmation. Un équipement qui, par exemple, a permis 54% d'économies entre 2020 et 2022 au parc du domaine Laporte.


« Les deux premières années, nous avons fait des économies d'eau mais le plus dur est de se maintenir, fait remarquer Jean Koechlin, adjoint au maire à la ville durable, à Castelnau-le-Lez. L'enjeu maintenant, ce sera d'utiliser l'eau brute, et on a la chance d'avoir le canal du Bas-Rhône, alors que le nettoiement des rues ou l'arrosage se font encore avec de l'eau potable. »

Dupliquer le label : une ministre intéressée ?

Si ces économies ne sont pas visibles - « les habitants voient plus facilement un arrosage automatique sous la pluie », fait observer Isabelle Touzard, maire de Murviel-les-Montpellier et vice-présidente en charge de la transition écologique et solidaire à la Métropole de Montpellier -, le label "Commune Econome en Eau" prévoit des actions de communication pour informer les habitants de chaque commune et contribuer à les sensibiliser au sujet.

Agnès Saurat, vice-présidente de l'ALEC Montpellier Métropole, rappelle que le 25 novembre dernier, lors du Congrès des maires, l'ALEC s'est vu décerner le Trophée Economie d'eau pour la création du label « et la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Bérangère Couillard s'est montrée intéressée pour dupliquer ce label ».

« L'Occitanie un des territoires les plus affectés par le changement climatique, avec une population touristique importante et des besoins en agriculture importants également, et donc une ressource en eau à partager, ajoute Françoise Matheron, conseillère régionale et vice-présidente de la commission Eau à la Région Occitanie. La Région veut sécuriser la quantité et la qualité de l'eau et un  nouveau plan Eau sera voté en juin. Les collectivités ont devoir d'être exemplaires et cette démarche de labellisation des communes doit se répandre. »

Thierry Ruf, directeur chercheur à l'institut de recherche pour le développement et vice-président de la Régie de l'eau de Montpellier, rappelle que la Métropole de Montpellier a mis en œuvre, à compter du 1er janvier 2023, une tarification progressive de l'eau pour les 14 communes adhérentes à la régie, soit 15 premiers mètres cubes gratuits puis un tarif progressif pour inciter les gros consommateurs à faire des économies.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.