Sécheresse : la présidente du Département des Pyrénées-Orientales en appelle à la solidarité nationale

Dans un courrier adressé lundi soir 24 avril au Président de la République, Hermeline Malherbe, la présidente (PS) du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, réclame des aides urgentes de l’Etat pour faire face à la sécheresse exceptionnelle que connaît le département. Elle évoque « une catastrophe écologique, demain économique » et qui pourra déboucher sur « une catastrophe humaine ».
Cécile Chaigneau
Hermeline Malherbe, présidente (PS) du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, s'inquiète des conséquences de la sécheresse dans son département.
Hermeline Malherbe, présidente (PS) du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, s'inquiète des conséquences de la sécheresse dans son département. (Crédits : DR)

Mise à jour 18h30 le 25 avril 2023 (ajout de la réaction de Carole Delga)

« Aucune pluie majeure n'est tombée sur le département depuis plus d'un an et selon les prévisions de Météo France, la situation risque fort de perdurer tout au long de l'été. Cette sécheresse exceptionnelle (...) est une catastrophe écologique, demain économique. Je vous sollicite pour éviter qu'elle devienne une catastrophe humaine. »

C'est par ces mots que la présidente (PS) du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, Hermeline Malherbe, commence son courrier adressé au chef de l'Etat Emmanuel Macron le lundi 24 avril. Le territoire connaît en effet une sécheresse exceptionnelle et historique, dont les conséquences sont multiples et déjà à l'œuvre.

L'élue désigne en premier lieu l'agriculture locale : le département est notamment connu pour ses filières arboricoles (pêches, nectarines, abricots) et viticoles, ou pour son maraîchage (artichauts, tomates, aubergines, courgettes, concombre). Elle pointe « des récoltes en danger » par manque d'eau.

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« Depuis des années, notre agriculture se transforme pour être moins consommatrice d'eau, écrit-elle. Mais l'épisode climatique actuel aura pour effet un arrêt de toute forme de production dépendante de l'irrigation. Cela vient impacter un pan entier et majeur de l'économie de notre territoire, sans commune mesure avec l'aléa gel de 2021. »

L'élue demande donc un soutien à l'Etat, « en lien avec les collectivités locales compétentes », par la mise en place d'un fonds de solidarité « proportionné à l'ampleur de ce sinistre pour garantir un soutien financier immédiat aux agriculteurs qui vont voir leurs récoltes anéanties, voire même leur outil de production disparaître ».

Quatre communes sans eau potable

Autre conséquence de la sécheresse : la problématique d'alimentation en eau potable, à laquelle certaines communes sont déjà confrontées « depuis plusieurs mois », rappelle Hermeline Malherbe.

Ainsi, depuis le 14 avril, quatre communes (Bouleternère, Corbère, Corbère-les-Cabanes et Saint-Michel-de-Llotes, soit 3.000 habitants) sont privées d'eau potable, le forage qui alimente ces villages étant au niveau le plus bas, et alimentées avec des bouteilles d'eau.

« Cette situation va s'aggraver et d'autres communes vont devoir faire face au manque d'eau, écrit la présidente du Département. Cela risque de pénaliser le tourisme et les loisirs, autre pilier économique du département, dont les professionnels du secteur ont déjà pris des mesures d'économie d'eau. »

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« Le changement climatique exige de nous une nouvelle approche de la gestion de l'eau plus économe et plus transparente, déclare Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, en déplacement dans les Pyrénées-Orientales le 25 avril. La sécheresse exceptionnelle subie par les Pyrénées-Orientales illustre l'urgence d'agir. C'est pourquoi la Région va voter un dispositif exceptionnel d'1 million d'euros pour accompagner le monde agricole ainsi que les collectivités qui sont confrontés aux effets de la sécheresse. Cette enveloppe pourra être mobilisée pour l'achat de camions citernes pour l'approvisionnement en eau potable, ou de citernes, tonnes à eau ou moyen d'abreuvement des troupeaux afin de permettre la montée des animaux à l'estive. En juin, nous étofferons ces mesures avec le vote de notre plan Eau. Par ailleurs, la Région met à disposition des Pyrénées-Orientales, la société BRL, son bras armé hydraulique, pour conduire un travail partenarial afin d'évaluer des solutions concrètes permettant d'améliorer la situation. »

Incendies : besoin de moyens aériens

Enfin, Hermeline Malherbe pointe le risque d'incendie, alors qu'un premier incendie majeur a touché les communes de Banyuls-sur-Mer et Cerbère les 16 et 17 avril derniers, ravageant plus de 1.000 hectares. L'élue rappelle que « la situation des sols est similaire à celle que nous connaissons habituellement début août » et que « depuis le début de l'année, les sapeurs-pompiers du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS, ndlr) des Pyrénées-Orientales ont été engagés sur près de 400 départs de feu ». Toutes les craintes sont donc légitimes pour cet été.

La Présidente du Département des Pyrénées-Orientales, qui rappelle que la collectivité « a augmenté de nouveau sa participation financière au SDIS 66 (+ 4,5 millions d'euros en 2022) pour accroître les effectifs de sapeurs-pompiers professionnels comme volontaires et accélérer les investissements pour moderniser les matériels », met en garde sur le risque de méga-feux en sollicitant des moyens aériens de la sécurité civile, notamment un hélicoptère bombardier d'eau lourd pour s'attaquer aux feux naissants.

La collectivité a d'ailleurs décidé d'avancer au 1er juin le dispositif feux de forêt habituellement mis en place le 14 juillet, et de louer un hélicoptère bombardier d'eau également à compter du 1er juin.

Hermeline Malherbe conclut sa missive par une phrase rédigée à la main avant de la signer : « Les Pyrénées-Orientales en appellent à la solidarité nationale face à la situation grave et inédite à laquelle nous sommes confrontés ».

« Les incendies survenus ici à Banyuls-sur-Mer et Cerbère nous alertent sur leur récurrence et leur précocité à l'échelle de notre région, ajoute Carole Delga. Pour répondre à ce défi, la Région agit pour mieux prévenir et anticiper le risque d'incendie. 1,5 millions d'euros sont consacrés chaque année pour financer des investissements permettant de prévenir efficacement et de lutter contre les incendies. »

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Cécile Chaigneau

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Commentaires 4
à écrit le 26/04/2023 à 9:13
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"Gouverner, c'est prevoir", Il faut remonter ses manches, construire des reservoirs, des barrages, des bassins d'infiltration des nappes phreatiques, et ne pas rejeter l'eau douce a la mer.. Avant d'appeler la Solidarite nationale, Macron l'a dit, ...

à écrit le 25/04/2023 à 14:02
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Commençons par fermer les campings et par modérer le tourisme qui n'apporte que pollution, emplois précaires, hausse des prix des produits alimentaires et fait que plus aucun ménage modeste ne peut se loger correctement. (un casot de 12m2 avec vue su...

à écrit le 25/04/2023 à 13:55
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Commençons par fermer les campings et par modérer le tourisme qui n'apporte que pollution, emplois précaires, hausse des prix des produits alimentaires et fait que plus aucun ménage modeste ne peut se loger correctement. (un casot de 12m2 avec vue su...

à écrit le 25/04/2023 à 12:16
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L'agriculture dans ces régions va devoir s'adapter. La Solidarité Nationale ne peut pas indéfiniment subventionner des secteurs dont les conditions de production sont autant aléatoires.

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