Projet de golf au Domaine de Lavagnac : pour le préfet de l’Hérault, c’est non

Dans un contexte de raréfaction de l’eau, ce n’est pas une surprise. Le 11 mai au soir, le préfet de l’Hérault a rendu un avis défavorable au projet de construction d’un golf de 18 trous au Domaine de Lavagnac, dans le pays biterrois. Un projet sur lequel les élus locaux étaient vent debout et qu’ils qualifiaient d’hérésie environnementale.
Cécile Chaigneau
Le projet de golf de 18 trous du Domaine de Lavagnac est retoqué par le préfet de l'Hérault.

Le 13 mars dernier lors d'une conférence de presse, le préfet de l'Hérault Hugues Moutouh avait indiqué qu'il serait « particulièrement vigilant » sur ce projet qualifié par des élus (régionaux, départementaux et communaux) d'« hérésie environnementale », mais aussi par des viticulteurs : la construction d'un golf, prévu pour la fin 2024, sur le domaine de Lavagnac, à Montagnac (Hérault) sur le bassin biterrois.

Principal reproche fait à ce projet : une consommation évaluée à 300.000 m3 d'eau par an, puisés dans l'Hérault, pour arroser les terrains de golf et les espaces verts et pour l'usage des villas de luxe construites sur le domaine. Ce projet, qui avait fait l'objet d'une autorisation par arrêté préfectoral du 9 septembre 2011, prévoyait dans sa première version un golf de 18 trous, 650 logements haut-de-gamme, un château transformé en un hôtel 5 étoiles, avec restaurant étoilé et spa. Le nombre de villas avait finalement été revu à la baisse pour tomber à 418.

« Pas de solution tangible »

Dans un contexte de sécheresse précoce et de nécessaire préservation de la ressource en eau, les projets de conception ancienne se doivent d'être réinterrogés à l'aune des enjeux actuels. Aussi le préfet avait-il sollicité une réactualisation du dossier en janvier 2023 et invité le porteur de projet, en mars 2023, à expliciter les modalités de la disponibilité de la ressource en eau pour l'irrigation de ce golf.

« La disponibilité de ressources en eau a diminué, expliquait sur France Bleu, en janvier dernier, Jean-François Blanchet, directeur général de BRL, l'opérateur du réseau hydraulique de la région. Impactée par le changement climatique, la ressource est plus tendue. Et en l'état actuel, nous ne sommes pas techniquement en capacité de satisfaire les besoins en eau du golf de Lavagnac. »

Le 11 mai en fin de soirée, la préfecture de l'Hérault annonce que le préfet de l'Hérault a rendu un avis défavorable au projet de golf du domaine de Lavagnac.

« Les modifications envisagées sur le projet de golf, portées à la connaissance des services de l'Etat le 30 avril dernier, n'apportent pas de solution tangible sur la question centrale de l'alimentation en eau, indique la préfecture. Les évolutions proposées (relatives au nombre de logements, au procédé de traitement de la station d'épuration, ou encore au mode d'approvisionnement en eau), certes substantielles au regard du projet initialement autorisé, ne sont pas de nature à répondre aux enjeux actuels de préservation de la ressource en eau. »

Appel à la responsabilité

Le préfet de l'Hérault rappelle « qu'il appartient à l'Etat de répondre aux besoins vitaux de la population - d'assurer l'alimentation continue en eau potable et de préserver l'irrigation des cultures - et de s'adapter à l'évolution des sujets de préoccupation ».

La préfecture enfonce le clou et indique qu' « au regard de l'état de sécheresse observé dans le département de l'Hérault, les golfs sont amenés à faire l'objet de restrictions d'arrosage durables. Le préfet en appelle à la responsabilité des porteurs de projets pour que les questions environnementales soient pleinement prises en compte ».

Le député de l'Hérault Sébastien Rome (LFI-NUPES) s'est félicité d'apprendre que le préfet de l'Hérault ne donnerait pas suite à ce projet de golf, saluant « la sage décision de Hugues Moutouh » : « Ce golf adossé à un projet de promotion immobilière de luxe avait comme fonction première de créer une spéculation pour le bénéfice des actionnaires du projet au mépris de la ressource en eau de notre territoire », dénonce-t-il.

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 12/05/2023 à 19:33
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Ben le gazon artificiel, ça existe, autrement appelé moquette.

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