Sécheresse : le préfet veut préparer les Pyrénées-Orientales à une gestion efficace et durable de l’eau

Si les orages de fin mai et début juin ont fait un peu de bien, le département des Pyrénées-Orientales est encore loin de la sortie de crise autour de la problématique de sécheresse qui l’a affecté très tôt dans la saison. Et doit se projeter dans l’avenir sous les yeux de la France entière… Le préfet pilote un plan d’action qui embarque toutes les parties prenantes.
Dans les Pyrénées-Orientales, le barrage sur l’Agly, à Caramany, est encore largement en-dessous de sa côte maximale.
Dans les Pyrénées-Orientales, le barrage sur l’Agly, à Caramany, est encore largement en-dessous de sa côte maximale. (Crédits : Yann Kerveno)

La sécheresse de 2022 et 2023 dans les Pyrénées-Orientales aura eu pour vertu de mettre tout le monde au pied du mur. Et que l'État, le préfet Rodrigue Furcy en l'occurrence, se saisisse des enjeux pour voir au-delà de l'urgence.

Ce sont les grandes lignes de cette ambition qu'il a présentées le 6 juin à la presse, avec les représentants des collectivités et des différents secteurs économiques (agriculture, artisanat, commerce et industrie).

« Au-delà de la crise qui se poursuit, les efforts importants réalisés depuis cet hiver ont permis de réduire de 15 à 20% la consommation d'eau, c'est très important, se félicite-t-il. Nous avons mis en place des solutions de court terme qui ont permis d'éviter que se déclenche une guerre de l'eau mais surtout, nous sommes parvenus à rapprocher les points de vue des différents acteurs de ce dossier, les collectivités, les secteurs économiques, les associations de défense de l'environnement, même si des désaccords subsistent. »

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Mieux préserver la ressource

Au-delà de la gestion de crise, le préfet des Pyrénées-Orientales entend donc bien projeter le département dans un autre paradigme qui permettra d'anticiper de nouvelles périodes difficiles avec plus de sérénité.

« Nous sommes face à plusieurs chantiers qui ont été listés, souligne-t-il. Le premier, c'est la ressource. Comment faire pour optimiser sa gestion, avoir une approche plus intégrative pour sécuriser l'eau potable, diminuer les fuites des réseaux, prolonger dans le temps les efforts de sobriété... Mais au-delà de ça, il faut aussi regarder du côté de solutions nouvelles. C'est la réutilisation des eaux de station, la recharge de nappes phréatiques, le stockage, le dessalement et nous allons aussi regarder du côté des entreprises et des innovations. Mais le sujet le plus conclusif à ce jour, c'est celui de la méthode de travail... »

Le préfet a ainsi demandé l'appui d'inspecteurs généraux des services de l'État pour instruire les différentes pistes envisagées : « Mais c'est un travail qu'ils feront au contact des acteurs du dossier pour éviter que nous nous retrouvions avec des propositions qui ne collent pas à la réalité du territoire ».

La restitution de ces travaux est prévue pour le mois de septembre. En parallèle, ce qui pourra être avancé sera avancé. Les travaux sur les réseaux, par exemple, pour limiter les fuites et pour lesquels des financements ont été dégagés. Sur cette question, le représentant de l'Etat annonce la couleur : la vis sera serrée : « Nous avons fait savoir aux communes qui ont des rendements inférieurs à 60% que les seuls financements qu'ils obtiendraient de l'État seraient pour ces travaux, à l'exclusion de tout autre projet ».

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Attention renforcée sur deux territoires

Une mission technique descend aussi dans les Pyrénées-Orientales pour accélérer le recours aux eaux de stations d'épuration, comme cela a été fait à Saint-Cyprien et est à l'étude à Argelès-sur-Mer, Canet et Saint-Marie.

Enfin, deux territoires feront l'objet d'une attention renforcée : la vallée de l'Agly, secteur le plus sinistré jusqu'ici avec un fort risque de mortalité pour une centaine d'hectares de vergers, et la Cerdagne dont le bassin versant irrigue la vallée du Sègre en Espagne, où les restrictions ne sont pas les mêmes qu'en France. Au grand dam des éleveurs français, contraint de regarder l'eau couler dans les rivières et leurs voisins arroser sans vergogne.

« La crise nous a amenés à réussir, à surmonter un certain nombre de difficultés, il faut maintenant que nous ayons l'envie d'en faire un territoire pilote » conclut Rodrigue Furcy.

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Détente

Les pluies orageuses ont permis de remplir le principal réservoir du département à Vinça et d'espérer que le lac des Bouillouses se remplisse lui aussi d'ici la fin du mois. En conséquence, l'eau circule de nouveau dans les canaux, sans que les restrictions d'irrigation n'aient été modifiées, afin de participer au rechargement des nappes de surface et à la réserve de Villeneuve-la-Raho. Seul le barrage sur l'Agly, à Caramany, reste loin en-dessous de sa côte maximale...

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