« Le deal flow se renforce car le contexte se fragilise » (B. Religieux, Irdi Capital Investissement)

Le fonds régional Irdi Capital Investissement (Occitanie et Nouvelle-Aquitaine) fête ses 40 ans. Alors que le secteur économique traverse une nouvelle crise liée au contexte géopolitique mondial, le fonds d’investissement se dit attentif aux besoins des entreprises de son portefeuille, et observe un deal-flow qui se renforce sur son fonds Impulsion, destiné à soutenir les entreprises fragilisées par la conjoncture. Il prépare la levée de 80 à 100 millions d’euros de fonds successeurs, l’un en amorçage, l’autre sur l’innovation.
Cécile Chaigneau
Bertrand Religieux, membre du directoire de Irdi Capital Investissement.
Bertrand Religieux, membre du directoire de Irdi Capital Investissement. (Crédits : DR)

Irdi Capital Investissement, fonds régional qui œuvre sur le périmètre de l'Occitanie et de la Nouvelle Aquitaine (basé à Toulouse, Montpellier et Bordeaux), vient de célébrer ses 40 ans. Plus précisément, 40 années pour Irdi côté Midi-Pyrénées/Aquitaine et 38 pour Soridec côté Languedoc-Roussillon, les deux sociétés de capital-investissement ayant officialisé leur rapprochement fin 2016. Elles interviennent à tous les stades de maturation des entreprises, depuis l'amorçage jusqu'au développement/transmission.

L'occasion de tirer quelques bilans tout en jetant un œil dans le rétroviseur : quarante ans, c'est 1.446 entreprises accompagnées pour 840 millions d'euros investis au total, annonce la structure de financement.

« Aujourd'hui, nous avons 480 millions d'euros d'actifs sous gestion dans environ 180 entreprises », précise Bertrand Religieux, membre du directoire.

La société de gestion indique avoir multiplié par deux le montant global investi entre 2021 et 2022 : après avoir investi 36 millions d'euros en 2021, elle annonce un investissement global de tous ses fonds de 67 millions d'euros au 30 juin 2022 dans 54 entreprises (25 nouveaux investissements et 29 réinvestissements) contre 38 l'année précédente (24 nouveaux investissements et 14 réinvestissements), qui emploient 5 789 personnes.

« Le nombre d'entreprises accompagnées en développement/transmission a presque doublé en passant de 13 à 22. Le nombre d'entreprises en amorçage/innovation est passé de 25 à 32 », indique la société de gestion.

Un fonds pour les freins conjoncturels

Parmi les récents investissements, Bertrand Religieux évoque les deux startups montpelliéraines Scop3 (plateforme qui permet de donner seconde vie aux équipements professionnels tels que mobiliers de bureaux, ordinateurs, etc.) et EasyPicky (solution à destination des forces de vente pour scanner les rayons des grandes surfaces et vérifier la disponibilité de leurs produits), ou encore l'entreprise toulousaine Micropep Technologies (solutions pour améliorer la nutrition, la résistance aux maladies et la croissance des végétaux).

 « Les années 2020 et 2021, marquées par la crise sanitaire, n'auront finalement pas eu des effets aussi négatifs que se qu'on craignait, commente Bertrand Religieux. Nous avons continué d'investir dans les entreprises, avec des volumes d'investissement qui ont continué de s'accroître. C'était notamment le cas dans les secteurs de la santé ou des industries agroalimentaires. Les entreprises se sont adaptées... Fin 2021, nous avons créé le fonds IRDI Impulsion pour répondre au contexte de la crise sanitaire : il s'agit d'un fonds rebond pour les entreprises impactées par une situation conjoncturelle et dont on pense qu'elles pourront retrouver chemin de la croissance. Nous avons déjà conclu un premier investissement et trois autres dossiers sont en cours. Le deal flow se renforce car le contexte se fragilise, notamment avec le début des remboursements de PGE, et c'est surtout maintenant que les entreprises ont besoin de financements en raison de phénomènes nouveaux. »

La structure de capital investissement suit de près l'exposition des entreprises de son portefeuille au contexte géopolitique mondial, afin d'évaluer l'accompagnement dont elles auraient besoin pour passer un éventuel cap difficile.

Des fonds patients

Dans ce contexte, l'accès aux fonds est-il plus difficile ?

« Depuis quelques mois et le début de la guerre en Ukraine, nous sentons une attente de voir comment la conjoncture va évoluer et nous observons un premier effet de baisse des volumes d'investissement, même si aujourd'hui, les entreprises se portent plutôt bien, répond Bertrand Religieux. Ça a toujours été compliqué de lire l'avenir, mais ça l'est encore plus aujourd'hui !... Il y a quelques secteurs où ça s'agite avec inquiétude, par exemple dans le bâtiment où on observe un début de ralentissement, peut-être lié à l'augmentation des coûts des matériaux... Mais nous gérons des fonds dits "patients", ce qui nous permet d'investir dans des entreprises qui sont amenées à traverser des crises conjoncturelles. »

Malgré tout, Irdi Capital prépare la suite : « Après IRDInov et IRDInov2, des fonds d'amorçage interrégionaux (lancés fin 2012 et mi-2017, NDLR) qui ont permis de financer plus de 50 startups, et après AELIS Innovation (fonds professionnel de capital investissement de 40 millions d'euros qui investit dans des entreprises innovantes à potentiel, NDLR), nous travaillons à la levée des fonds successeurs IRDInov3 et AELIS Innovation2. Nous espérons lever, auprès de nos partenaires, 40 à 50 millions d'euros pour chacun des deux fonds ».

Le dirigeant rappelle mettre un accent sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance, précisant qu' « aujourd'hui, il existe déjà des restrictions sectorielles souhaitées par certains de nos partenaires, par exemple dans les énergies fossiles ».

Cécile Chaigneau

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