« Le microcrédit est une spirale vertueuse » (C. Bardinet, Banque de France Occitanie)

Accompagner dans un projet personnel ou professionnel les personnes exclues du système bancaire classique du fait d’une insuffisance de revenus ou d’une situation de précarité sociale. Telle est la vocation du microcrédit, dispositif de prêt encore trop méconnu selon la nouvelle directrice de la Banque de France en Occitanie, Christine Bardinet. Les récentes Rencontres régionales Occitanie du microcrédit, à Montpellier, ont permis aux différents opérateurs de ce financement d’en rappeler les vertus.
Cécile Chaigneau
Christine Bardinet, directrice de la Banque de France en Occitanie.
Christine Bardinet, directrice de la Banque de France en Occitanie. (Crédits : DR)

Il souffre encore d'invisibilité. Parfois de certains a priori négatifs. Le microcrédit, qu'il soit personnel ou professionnel, reste un dispositif de financement encore méconnu en France. Cette solution de financement qui s'adresse aux personnes exclues du système bancaire classique du fait d'une insuffisance de revenus ou d'une situation de précarité sociale, a vocation à permettre la réalisation de projets personnels ou professionnels, notamment pour faciliter le retour à l'emploi et encourager la création d'entreprise. Qualifié d'outil d'inclusion financière, il ne répond pas à une logique commerciale classique et bénéficie d'un mécanisme de garanties publiques géré par Bpifrance via le Fonds de cohésion sociale.

« La méconnaissance de ce dispositif et de ses mécanismes, ainsi que le manque de lisibilité des acteurs du microcrédit sont les principaux freins à son développement, souligne Christine Bardinet, la nouvelle directrice régionale de la Banque de France Occitanie, en marge des Rencontres régionales Occitanie du microcrédit, à Montpellier le 13 avril dernier. La Banque de France n'est pas financeur, elle oriente et met les acteurs en relation. Nous savons mettre les gens autour de la table, car nous le faisons déjà avec les commissions du surendettement. Nous tirons le fil pour élargir le champ d'action. L'enjeu, c'est d'aller vers ceux qui ne sont pas dans les circuits classiques... Les différents acteurs opérant sur le microcrédit sont complémentaires mais nous aimerions mettre en place une chaîne à l'échelle territoriale, montrer que cela marche et non stigmatiser les populations bénéficiaires, rappeler que c'est une spirale vertueuse. »

En Occitanie, 1.550 microcrédits personnels en 2021

Les derniers chiffres collectés par la Banque de France et compilés dans le rapport de l'Observatoire de l'inclusion bancaire sont ceux de 2021 et font état, au niveau national, de 21.357 nouveaux microcrédits personnels accordés (+7,2 %) pour 70 millions d'euros. Dans plus de 90% des cas, le microcrédit personnel finance une solution de mobilité, comme l'acquisition ou la réparation d'un véhicule nécessaire à l'exercice d'une activité professionnelle. Par ailleurs, en 2021, 52.515 nouveaux microcrédits professionnels ont été accordés (+ 4%) en France, pour 588 millions d'euros (+15%), les encours atteignant 1,6 milliard d'euros en 2021. Ils permettent la création ou la reprise de très petites entreprises.

En Occitanie en 2021, ce sont 1.550 microcrédits personnels qui ont été accordés, pour un montant global de 4,8 millions d'euros (montant moyen : 3.108 euros contre 3.288 euros au niveau national). L'opérateur régional qui en a distribué le plus (741) est l'ADIE, devant Créa-Sol (132). La Haute-Garonne est le département où le plus important montant de microcrédits personnels a été accordé (23%, 1,1 million d'euros, 341 prêts), devant l'Hérault (13%, 624.291 euros, 200 prêts) et l'Aude (10%, 472.997 euros, 145 prêts). A l'autre bout, 1% des microcrédits ont été accordés en Lozère et aucun en Ariège. 54% des montants ont été distribués par l'ADIE. L'Occitanie représente 7% de l'activité nationale du microcrédit personnel, 52% des bénéficiaires étaient des femmes, et 94% des prêts ont financé de l'emploi ou de la mobilité.

Le nombre et le montant de microcrédits professionnels n'ont pas été communiqués à l'échelle régionale...

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Le pied à l'étrier

« Les bénéficiaires de microcrédit professionnel sont des créateurs d'entreprises qui formulent des demandes capitalistique relativement limitées, précise Nathalie Ravet, directrice départementale de la Banque de France dans le Gard et déléguée régionale de domaine Accueil des usagers en fragilité financière-inclusion financière. Ce sont souvent gens qui sont exclus du système bancaire classique et des financements traditionnels. Dans ce cas, un microcrédit professionnel classique ou un microcrédit professionnel fonds propres peut faire levier pour obtenir un financement classique. »

Christine Bardinet ajoute que l'octroi d'un microcrédit professionnel, qui fait l'objet d'une analyse de risque au même titre qu'un prêt traditionnel, « peut être déclencheur et mettre le pied à l'étrier ».

« Mais cela reste un crédit qui se rembourse donc, même si les remboursements sont plus étalés, avec de plus petites mensualités et des taux d'intérêt qui vont de 1 à 6%, rappelle-t-elle. Mais ce qui est capital, c'est l'accompagnement qui va avec le microcrédit, tant en amont et qu'en aval. Il permet d'informer le bénéficiaire sur les ratios financiers, de l'aider à monter les dossiers administratifs et de l'accompagner dans la gestion financière de son projet. »

Le contexte économique favorise-t-il le recours au microcrédit ? Christine Bardinet fait observer qu'« il est trop tôt pour le voir, d'autant que c'est le projet qui déclenche le microcrédit et non un contexte ».

L'enjeu reste de le faire connaître, raison pour laquelle « il faut  continuer à aller voir les accompagnateurs sociaux pour faire une piqûre de rappel sur les outils existants du crédit », insiste Nathalie Ravet. Un observateur de ce segment de marché souligne, lors des Rencontres régionales du microcrédit de Montpellier, qu'en région Nouvelle-Aquitaine, les microcrédits sont deux fois plus nombreux qu'en Occitanie en raison d'une convention entre la Région et la Caisse des Dépôts qui versent des subventions aux associations faisant la promotion du dispositif...

Cécile Chaigneau

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