Avec P&O, le Port de Sète veut ouvrir de nouvelles routes internationales

La Région et P&O Ports ont dévoilé le contenu de leur accord, le 5 octobre à Sète (34), trois mois après l'avoir signé. L'opérateur émirien, chargé exploiter le terminal à conteneurs du Port de Sète pendant trois ans, promet l'ouverture de nouvelles lignes internationales.
DP World, la maison-mère de P&O Ports, opère près de 80 terminaux dans le monde.

Neuf mois de négociations entre la Région et P&O Ports ont été nécessaires pour signer l'installation de ce dernier sur le Port de Sète, le 11 juillet dernier, et pour dévoiler les contours de cet accord, le 4 octobre à Sète, en présence de nombreux institutionnels et chefs d'entreprise. Première implantation de ce type en France pour l'opérateur émirien, la convention porte sur l'exploitation du terminal à conteneurs sétois (superficie actuelle : 2 ha) pour une durée de trois, "avec l'espoir de le pérenniser ensuite", selon Jean-Claude Gayssot, président du port.

"Cet accord fait entrer le port de Sète dans une nouvelle dimension sur son offre logistique maritime, souligne Carole Delga, présidente de Région. Nous voulons que l'Occitanie devienne la capitale de la croissance bleue, d'autant plus qu'elle est la seule région à avoir signé un contrat de plan avec l'État sur le développement portuaire. En dix ans, nous avons investi 154 M€ sur le Port de Sète, et nous comptons engager 130 M€ supplémentaires dans les trois ans à venir."

Un savoir-faire intégré

Sur le segment de la conteneurisation, qui représente 80 % du trafic de marchandises mondial, DP World, la maison-mère de P&O Ports, est un acteur de poids avec un portefeuille de 78 ports maritimes et terrestres, opérés par plus de 50 entreprises dans 40 pays. A Sète, P&O Ports annonce son ambition de déployer un savoir-faire intégré, y compris dans l'innovation en gestion portuaire.

"Nous ne sommes pas seulement un opérateur portuaire, mais un acteur présent sur tous les métiers dès lors qu'un cargo franchit les limites d'un port, explique le Sultan Ahmed Bin Sulayem, P-dg de P&O Ports. On n'attend pas les porte-conteneurs : on les mobilise et on les fait venir. Depuis plus de vingt ans, nous utilisons une plate-forme software qui nous permet de remonter jusqu'à la source - le producteur de biens -, avec une maîtrise de la chaîne logistique et des coûts, afin de lui offrir un package total."

Quelles nouvelles routes ?

Pour le Port de Sète, tout l'enjeu est désormais de séduire le plus grand nombre de chargeurs (entreprises) travaillant à l'export pour souscrire à l'offre de P&O Ports. Et pour cela l'argument clef est d'offrir le plus grand nombre de destinations possible.

Apportant son témoignage, Pierre Mestre, P-dg d'Orchestra, explique que son groupe gère 3 500 EVP (unités équivalentes de vingt pieds) en importation sur le port de Sète, dont 40 % sont réexpédiées. Questionnés sur les nouvelles route qu'ils comptent ouvrir, les responsables de l'opérateur émirien répondent qu'ils veulent "aller pas à pas... ce qui ne veut pas dire aller lentement" : dans le planning communiqué, le mois de septembre a marqué l'installation d'un représentant permanent sur le port de Sète, chargé de travailler à la visibilité de P&O Ports et à la recherche de nouveaux partenaires.

Le début des opérations est prévu pour janvier 2018. Des cibles potentielles sont évoquées en Afrique du Nord, en Turquie et dans l'Adriatique. Pour sa part, la Région rappelle que le port dispose de la seule ligne maritime reliant directement la France au Maroc, et que des discussions vont s'engager prochainement avec l'Algérie.

Pour renforcer ses atouts sur ce type de trafic, le port annonce, enfin, une série d'investissements pour renforcer ses capacités : la livraison de deux grues (l'une cet automne, l'autre en 2018), l'utilisation de 8 ha de terre-plein sur le nouveau quai H, la création de 18 ha de terre-plein supplémentaires (en 2018), et un nouveau terminal de fruits et légumes, dont la gestion a été confiée depuis 2016 à l'opérateur dunkerquois Comexa.

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