LGV : "On ne peut pas laisser l'avantage à Marseille et Bordeaux"

Près de 500 participants ont répondu à l'appel de la Région pour son 2e rassemblement, le 29 novembre à Perpignan (66), visant à soutenir les LGV Montpellier-Perpignan et Toulouse-Bordeaux. La présidente, Carole Delga, et ses partenaires mettent la pression sur l'État pour qu'il valide le modèle financier proposé en 2016.
Les 500 participants au rassemblement affichent leur soutien aux deux projets de LGV régionales

Après un premier rendez-vous à Toulouse le 4 octobre, la Région a organisé un nouveau rassemblement au Palais des congrès de Perpignan (66), le 29 novembre, en présence de près de 500 élus, sportifs, artistes, entrepreneurs et habitants. L'objectif : pousser l'État à revenir sur sa décision, après l'annonce par Emmanuel Macron, en juillet dernier, d'un gel de tous les projets de LGV en cours, dont la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP) et Toulouse-Bordeaux.

De nouveaux financements à l'étude

Depuis le 4 octobre, les données de ce débat, bien que brûlant politiquement, ont peu évolué : la ministre des Transports, Élisabeth Borne, a déclaré à l'Assemblée nationale que cette pause se terminera avec la fin des Assises nationales de la mobilité (prévue pour décembre 2017), et a confirmé, lors d'un déplacement à Prades (66) lundi 27 novembre, que l'État étudie le nouveau schéma de financement des 2 LGV proposé par la Région et ses partenaires fin 2016. Pour financer la LNMP (5,5 Mds €) et Toulouse-Bordeaux (7 Mds €), ceux-ci proposent un modèle calqué sur celui du Grand Paris Express : affecter à ces projets de nouvelles ressources fiscales qui représenteraient, selon le chiffrage de la Région, 60 % du coût global.

À Perpignan, Carole Delga a confirmé que Bercy, sans donner son feu vert à ce modèle précisément, a acté la possibilité d'un financement alternatif qui diverge de ceux étudiés avant le changement de majorité présidentielle. La réponse ne sera connue que fin janvier 2018 - le gouvernement devant, par ailleurs, présenter au Parlement un projet de loi de programmation sur les mobilités d'ici la fin du 1er trimestre 2018.

"Nous avons proposé à Bercy ces solutions, car il est possible de répartir différemment la TIPP Grenelle (taxe sur les carburants, NDLR) ou de créer un nouvelle taxe sur les bureaux, estime Carole Delga lors d'un point presse organisé en amont. Nous devons trouver des financements innovants. La période où l'État pouvait financer à 100 % une LGV Paris-Marseille est bien finie."

Questionné dans l'assistance, un chef d'entreprise fait part de ses doutes sur la volonté du gouvernement d'adopter une loi fiscale ad hoc. Pour sa part, Jean-Louis Chauzy, président du Ceser Occitanie, n'en affiche aucun.

"La Région a un modèle financier crédible, en majorité celui du Grand Paris Express qui va coûter quelque 35 Mds €... et ce qui est bon pour Paris doit l'être pour l'Occitanie, raille-t-il. Le financement du Grand Paris Express a été acté en trois lignes dans une loi votée en juin 2010, et les travaux ont commencé en 2017. De notre côté, nous attendons ces LGV depuis 1991. Cherchez l'erreur !"

"Il n'existe pas de logique économique selon laquelle on ne devrait pas faire ces LGV, renchérit Jean-Marc Pujol, président de Perpignan Méditerranée Métropole et maire de Perpignan. J'entends l'État dire : "Ce n'est pas rentable". Or la France affiche 2 000 Mds € de dettes... Beaucoup de choses non rentables ont été faites dans ce pays ! Nous apportons des solutions économiques, il nous faut donc maintenant une solution politique."

Union sacrée

Sur l'estrade, Carole Delga ne déroge pas à la ligne de conduite adoptée ces dernières semaines : un vocabulaire souvent percutant vis à vis de l'État, tout en soulignant d'abord la pertinence économique des LGV.

"Nous ne devons pas laisser l'avantage à Marseille et Bordeaux, qui sont déjà connectées à Paris par LGV, affirme-t-elle. Nous voulons une équité territoriale... à moins que l'État ne veuille distinguer entre deux catégories de Français. Ces LGV nous relieront à Paris et à l'Europe. C'est une question d'attractivité, pas un caprice d'élus."

De nombreux élus, sous toutes les étiquettes politiques, ont répondu à l'appel de la Région. À ce jour, près de 100 M€ ont été dépensés par les collectivités territoriales d'Occitanie pour les acquisitions foncières et les études préalables à ces LGV.

"Nous avons investi 40 M€ sur le contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier (qui sera inauguré le 18 décembre, NDLR) car nous voulions cette liaison sur le sud de la France et de l'Europe, rappelle Denis Bouad, président du Conseil départemental du Gard. Si nous nous impliquons aussi sur la LNMP, c'est qu'elle permettra de libérer des sillons à Nîmes, où la Région pourra mobiliser plus de TER."

"L'arrivée du TGV à Béziers est liée à la construction d'un pôle multimodal essentiel pour notre bassin d'emplois et pour la requalification de la ville", rajoute Frédéric Lacas, président de Béziers Méditerranée.

Du côté des entrepreneurs, Agnès Jullian, P-dg de Technilum (Béziers), observe : "La LNMP permettra aussi de relier Barcelone, dont l'aéroport compte des lignes internationales beaucoup plus nombreuses que ceux de Toulouse et Montpellier". Le négociant Gérard Bertrand (Narbonne) rajoute : "Les grandes régions viticoles telles que la Champagne, Bordeaux ou la Provence sont toutes reliées à l'Europe : en l'état, on ne peut pas jouer à armes égales".

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Commentaire 1
à écrit le 30/11/2017 à 11:31
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C'est bien pensé de la part de Delga de mener de front ces 2 combats... Cela fait oublier que la LGV Toulouse-Bordeaux n'est qu'une dépense de prestige alors qu'il est acquis que les prix du TGV Toulouse-Paris ne pourront s'aligner sur ceux de l'avio...

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