Nouveau plan rail : la Région Occitanie met 800 M€ sur la table pour "sauver le réseau"

Le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, était à Montpellier le 15 octobre pour rencontrer la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga. A la table des discussions : un nouveau plan rail pour la région, avec notamment la modernisation du réseau ferroviaire et du matériel roulant en région, et l’arrivée d'équipes de la SNCF dédiées à l’ingénierie des gros projets à venir.
Cécile Chaigneau
En 2020, Près 92 % des trains liO, le service public des transports de la Région Occitanie, ont été à l'heure.
En 2020, Près 92 % des trains liO, le service public des transports de la Région Occitanie, ont été à l'heure. (Crédits : Région Occitanie)

Rendre le train régional plus attractif et le positionner comme une alternative crédible à l'usage de la voiture individuelle. C'est l'ambition que réaffiche la présidente de Région Carole Delga, à l'occasion d'une conférence aux côtés de Jean-Pierre Farandou, le président de la SNCF, en visite à Montpellier ce 15 octobre.

L'élue se félicite des progrès enregistrés en 2020 sur la qualité de service et sur le taux de satisfaction des usagers : « Près 92 % des trains liO (service public régional des transports baptisé "lignes intermodales d'Occitanie", NDLR) sont à l'heure, contre 89,5 % en 2019, et 93,7 % des usagers se disent satisfaits du service rendu, soit une progression de 5 points ».

Selon l'élue, la fréquentation a elle aussi progressé, notamment cet été avec 1,3 millions de billets à 1 € vendus entre juin et septembre, dont les 2/3 auprès des jeunes de moins de 25 ans. Elle ajoute que « aucune autre région n'a mieux résisté aux conséquences de la crise Covid-19 sur la fréquentation ferroviaire que l'Occitanie, qui est la seule région ayant vu sa fréquentation progresser en juillet et août 2020 par rapport à l'été 2019, avec une évolution de + 13 %, contre une baisse de 25 % à l'échelle nationale ».

Très attachée au développement de l'intermodalité, la présidente de Région annonce que « concernant « le projet d'agences des mobilités dans les aires urbaines, que nous défendons depuis deux ans », le Préfet de région Etienne Guyot aura une mission préfiguratrice pour définir les contours de cette structure dont la vocation sera de mettre en œuvre les mobilités sur un bassin de vie en intégrant toutes les intermodalités (train, covoiturage, billetterie unique, etc.).

100 000 voyageurs par jour

Rappelant que parmi les priorités de la récente Convention citoyenne en Occitanie figurent les transports en commun et particulièrement le ferroviaire, Carole Delga réaffirme son ambition : accueillir 100 000 voyageurs chaque jour dans les trains régionaux dans les dix prochaines années, contre 66 000 aujourd'hui. En 2020, la Région a augmenté l'offre des trains régionaux liO de + 11%.

Malgré un travail avec les directions régionales de SNCF Voyageurs et SNCF Réseau, et certaines avancées obtenues, la présidente de Région évoque toutefois « une difficulté majuscule » : l'état dégradé d'une partie du réseau ferroviaire de la région Occitanie...

« Nous mettons 800 M€ sur la table des discussions avec le gouvernement, sur les 1,6 Md € nécessaires pour sauver le réseau, pourtant propriété de l'Etat, annonce-t-elle le 15 octobre. La proposition financière a été adressée en mars dernier au Premier ministre et rappelée au ministre des Transports à la rentrée. J'attends désormais une réponse claire de leur part pour que les projets avancent enfin, pour que les habitants de l'Occitanie, qu'ils vivent en milieu urbain comme rural, puissent bénéficier d'un réseau à la hauteur de leurs besoins de déplacements du quotidien. »

La Région alerte depuis plusieurs années sur la nécessité d'un investissement massif pour pérenniser les lignes de desserte fine du territoire, essentielles au quotidien des habitants et à l'attractivité des territoires. Évalué à un montant de 1,6 Mds, cet investissement nécessite un engagement ferme de l'État et de SNCF Réseau.

Lors de la prochaine assemblée plénière, Carole Delga proposera donc d'allouer cette enveloppe de 800 M€, permettant de contractualiser sur un plan pluriannuel de dix ans.

Matériels roulants à moderniser

Jean-Pierre Farandou assure, de son côté, vouloir « sortir de positions trop jacobines et centralisatrices » : « La coordination avec la Région est la clé de la réussite ferroviaire sur le territoire... Nous assistons à un alignement des planètes sur une envie du train en Occitanie, entre l'Etat, la SNCF et la Région ». Mais il concède que « il faut apporter des réponses industrielles à ce défi d'être en avance sur la modernisation des trains ».

Sur le matériel roulant, la Région a déjà renouvelé son parc avec l'achat de nouvelles rames (18 rames à 2 niveaux Régio2N et 51 rames Régiolis) électriques ou bimodes : 15 ont déjà été livrées, 2 nouvelles rames étaient livrées ce 15 octobre à Nîmes et à Toulouse, et la dernière devrait être mise en service courant décembre.

Pour mémoire, associée à d'autres Régions afin de rentabiliser la fabrication de prototypes par les constructeurs, la Région Occitanie est engagée sur trois expérimentations visant à verdir la flotte des trains régionaux : le train hybride avec une première circulation en 2022, le train à batteries rechargeables dont la circulation est prévue en 2023 ou encore le train à hydrogène prévu pour 2025.

La Région a par ailleurs engagé une première phase de la rénovation de ses 83 rames AGC (Autorail de Grande Capacité), qui sera réalisée par SNCF Voyageurs et l'entreprise SAFRA à Albi (81), avec une première livraison en février 2021. Soit une enveloppe financière régionale de 20 M€.

« De gros efforts de modernisation ont été faits, particulièrement en Occitanie où le parc régional est parfois plus moderne que sur le réseau national, observe Jean-Pierre Farandou. Sur les Intercités, il est vrai que les matériels sont plutôt anciens, tout comme les locomotives, ce qui pose des problèmes de fiabilité. Ces trains relèvent de l'État et il a décidé de construire de nouvelles rames. Quant à la transversale Bordeaux-Marseille, il faudra encore quelques années pour offrir un service plus satisfaisant. »

Rouvrir des trains de nuit

Par ailleurs, la Région Occitanie demande la réouverture de trains de nuit (Paris-Tarbes- Hendaye, Nîmes-Clermont-Paris, Millau-Paris). Concernant la ligne de Cerbère-Strasbourg, une étude aura lieu sur l'ouverture d'un service de train de nuit entre Barcelone et Francfort, mixant fret et transports de voyageurs, et desservant notamment Heidelberg, ville jumelle de Montpellier.

Concernant le fret ferroviaire, la Région Occitanie, associée à Nouvelle Aquitaine, est engagée dans le transfert de la ligne Auch-Agen, afin de redonner au rail toute sa place dans le transport de marchandises.

Un travail est également en cours avec l'État, les transporteurs et SNCF pour relancer rapidement la ligne de Fret Perpignan-Rungis : « Fermement opposée à la fermeture de cette ligne même temporairement, la Région Occitanie avait proposé plusieurs solutions alternatives aux utilisateurs et à SNCF afin de la maintenir. Aujourd'hui, après plus d'un an, la pression est maintenue pour que l'État et SNCF Réseau acceptent l'aménagement des quais de Rungis qui permettraient l'accueil des trains combinés, embarquant directement les containers ».

LGV Montpellier-Perpignan : enquête publique en 2021

Enfin, éternel serpent de mer : les lignes à grande vitesse (LGV) qui raccorderaient Toulouse et Perpignan à Paris via les tronçons manquant Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan.

« Nous avons pu avancer, avec deux réunions à la rentrée sur la création de sociétés de financement, annonce la présidente de Région. On peut espérer le début des travaux au nord de Toulouse en 2022. Et l'enquête publique sur le tronçon de LGV Montpellier-Béziers aura lieu en 2021. »

L'élue acte donc un nouveau retard, puisqu'en décembre 2019, l'Etat avait annoncé que cette enquête publique se ferait... en 2020. La mise en service du second tronçon de la LGV, entre Béziers et Perpignan, pourrait, quant à elle, ne pas intervenir avant 2032 ou 2037, selon les scénarios évoqués dans le rapport Duron, publié et remis au gouvernement en 2018.

Pour avancer sur ces dossiers, la présidente de Région et le président de la SNCF annoncent que des équipes de la SNCF dédiées à l'ingénierie sur les programmes concernant les petites lignes comme les LGV sont attendues en Occitanie « car il y a des travaux de grande ampleur à venir dans la région, et c'est bien que la matière grise soit en Occitanie », a souligné Carole Delga.

Cécile Chaigneau

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