Plateforme Saint-Charles : le froid, nerf de la guerre du transport

Remis sur les rails le 22 octobre par le Premier ministre, le train des primeurs doit encore évoluer pour s’imposer sur le marché du fret des fruits et légumes. Il faudra qu’il devienne multimodal et peut-être aussi que les containers évoluent. La plateforme Saint-Charles, à Perpignan, vient d'expérimenter un container à froid passif.
La plateforme Saint-Charles a expérimenté, le 12 octobre, le container SmartEcoReefer à froid passif, développé par Inprous et PRS (deux sociétés espagnole et suisse), qui permet de conserver le froid sans avoir recours à un groupe électrogène pendant douze à vingt-cinq jours.
La plateforme Saint-Charles a expérimenté, le 12 octobre, le container SmartEcoReefer à froid passif, développé par Inprous et PRS (deux sociétés espagnole et suisse), qui permet de conserver le froid sans avoir recours à un groupe électrogène pendant douze à vingt-cinq jours. (Crédits : DR)

« Nous considérons que c'est un premier pas. Nous nous réjouissons que la liaison soit remise en service, mais on ne peut pas se contenter de cela », explique Cyril Gornes, directeur général du marché Saint-Charles, plaque tournante européenne des fruits et légumes.

Il regrette en particulier le format du train, douze wagons seulement, de quoi embarquer le contenu de 15 à 17 camions, et sa fréquence, cinq liaisons par semaine au lieu de six dans la version précédente stoppée en 2019.

Si le redémarrage s'effectue sous une double injonction politique et syndicale, il appelle à aller plus loin : « Il faut que ce redémarrage ne soit que la première étape. Nous avons la chance d'avoir une deadline précise, la convention signée par Rail Logistics Europe (attributaire de l'appel à manifestation d'intérêt, NDLR) court jusqu'à fin 2024, nous avons deux ans avec nos partenaires pour imaginer la suite... ».

La suite, c'est le remplacement des wagons par des caissons mobiles, des containers...

« Aujourd'hui, nous devons décharger les marchandises des camions pour les charger dans le train et c'est problématique, quand, comme nos opérateurs, nous travaillons avec des produits frais parce que nos quais ne sont pas réfrigérés et que cela provoque des ruptures de la chaîne de froid », précise Cyril Gornes.

Sans compter les coûts de manipulations et le temps requis qui nuisent à la compétitivité de l'installation.

Éliminer les ruptures de charges

Important producteur de tomates pour Rougeline et président de la Fédération des exploitants agricoles des Pyrénées-Orientales, Bruno Vila ne dit pas autre chose : « Oui, les entreprises du département peuvent utiliser le train des primeurs, mais c'est contraignant. Il faut qu'un camion vienne chercher les produits chez moi, qu'il les charge pour les conduire à Saint-Charles, qu'ils soient chargés dans le train et rebelote à Rungis. Par la route, c'est du porte-à-porte ».

S'il n'est pas aussi souple, le caisson mobile est tout de même chargé directement du camion sur le train. Mais le marché de Rungis n'est pas encore équipé de portiques pour recevoir ce type de containers.

« Un transport combiné ferait gagner du temps en supprimant les ruptures de charges et les containers pourraient aussi aller plus loin, jusqu'à Lille ou dans l'est de la France », ajoute encore Cyril Gornes.

L'avenir du fret des produits frais par container s'est d'ailleurs peut-être dessiné à Saint-Charles, le 12 octobre, quelques jours avant la reprise du train des primeurs, avec l'expérimentation du container SmartEcoReefer à froid passif, développé par Inprous et PRS, deux sociétés espagnole et suisse. Ce container a pour particularité de conserver le froid, en congelé ou frais, sans avoir recours à un groupe électrogène, donc sans consommer de carburant, pendant douze à vingt-cinq jours. De quoi relier par exemple l'Espagne à Shangaï en bateau.

Huit tonnes de kakis

C'est la coopérative espagnole Anecoop qui s'est prêtée au jeu en fournissant huit tonnes de kakis pour l'expérience. Chargé sur un camion à Valence, le container a été transféré sur un train de fret à Perpignan pour rejoindre Rungis, sans que la température de 1° ne varie d'un iota durant le transport.

« Ce sont des containers qui seront de 15 à 20% plus chers à l'achat mais ils permettent d'économiser les 4 litres de carburant à l'heure que consomment les groupes produisant le froid sur les containers classiques et de maintenir la chaîne de froid », explique François Trouquet, chargé de mission du cluster We4log, partenaire du projet Européen Trails.

Autant de gagné pour l'environnement. Après avoir validé leur container pilote entre Valence et Rungis, les deux sociétés associées cherchent aujourd'hui des partenaires financiers pour changer d'échelle.

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