L’été connecté et carton plein du port de plaisance de Gruissan

Au début de l’été, le port de plaisance de Gruissan a lancé une nouvelle application pour les plaisanciers et les professionnels. Une initiative qui s’inscrit dans une démarche de digitalisation du port. La saison estivale a été profitable à l’infrastructure audoise, qui s’interroge, comme tout le monde, sur l’impact du contexte géopolitique sur sa facture d’électricité.
Cécile Chaigneau
(Crédits : DR)

Avec ses 1.620 anneaux, le port de plaisance de Gruissan, dans l'Aude, figure dans le top 5 des ports de plaisance d'Occitanie. Sa spécificité : c'est l'office de tourisme de la ville littorale qui le gère (ainsi que d'autres équipements touristiques de la ville). Un modèle original (et rare) que Jean-Claude Méric, le directeur général de l'office de tourisme, fonde sur une conviction : « Je vois le port comme un outil de destination, qu'on soit plaisanciers ou pas ». Et sur une ambition : développer une offre globale de tourisme et de loisirs autour du port.

Pour répondre à cette ambition, le port s'est doté cet été d'une application pour les plaisanciers et les professionnels, qui sont une quinzaine sur la zone technique, une quarantaine au total sur le périmètre portuaire si on ajoute les prestataires de loisirs et de loisirs nautiques. Développée par la startup Nauticspot à Montpellier, spécialisée dans les nouvelles technologies à destination des plaisanciers et professionnels des ports de plaisance, l'application a vocation à faciliter les échanges avec la Capitainerie et à répondre aux problématiques propres aux activités de plaisance : signaler un incident sur le port, déclarer une absence lors d'un départ en mer, consulter la météo marine ou recevoir les alertes du port.

700 utilisateurs

 « L'objectif était de digitaliser services auprès des plaisanciers, d'avoir un lien numérique avec nos clients, explique Jean-Claude Méric. Ils ont aussi accès à la digitalisation de leur contrat avec le port, ou encore à la webcam du port. La deuxième étape, prévue pour cet automne, sera de permettre l'accès aux offres d'activités de loisirs ou aux prestations des professionnels de la zone technique. »

Avec 700 utilisateurs depuis son lancement en juillet, Jean-Claude Méric se dit ravi. L'investissement, environ 40.000 euros par an sur quatre ans, permet aux acteurs locaux du tourisme nautique de référencer (gratuitement la première année) leurs activités sur la plateforme Spotyride (spécialiste montpelliéraine qui permet de géolocaliser les spots de glisse et d'activités nautiques dans le monde) dont le port a intégré les fonctionnalités sur son application.

« C'est un gros changement d'état d'esprit que de faire venir tous ces professionnels sur une offre connectée, que j'ai mis plus d'un an à faire comprendre, souligne le dirigeant. Nous avons évidemment aussi une stratégie sur les réseaux sociaux. »

Une mutation en cours

La démarche de port connecté est une tendance incontournable pour ce secteur d'activité, ce que constate Jean-Claude Méric à Gruissan : « La moyenne d'âge des plaisanciers dans les ports de plaisance se situe entre 64 et 68 ans, ce qui signifie que dans quinze ans, il va y avoir un renouvellement des plaisanciers mais qui ne se fait pas comme on l'a connu jusqu'à aujourd'hui. La propriété des bateaux n'est plus une évidence, aujourd'hui, les plus jeunes plaisanciers préfèrent les louer. Il y a donc une mutation des ports à faire. J'imagine, à terme, une conciergerie portuaire qui, par exemple, permettra aux gens qui sortent peu en mer de louer leur bateau. Nous voulons mettre en place des formations pour passer le permis pour ensuite faciliter ces locations. Cette évolution sera lente mais c'est inexorable. »

Alors le port connecté à Gruissan, c'est aussi des bornes tactiles d'information pour les visiteurs et les plaisanciers, une Capitainerie équipée de fibre optique pour diffuser le wifi pour les plaisanciers, ou une Maison de la Méditerranée avec des casques vidéo 3D pour faire découvrir la ville.

« Nous n'avons pas encore mis en place la numérisation de la gestion des places car je l'ai déjà expérimentée par ailleurs et il me semble qu'elle rend trop impersonnelle la relation capitainerie-plaisanciers, ajoute Jean-Claude Méric. Pas de bornes intelligentes non plus pour le moment car je ne suis pas tout à fait convaincu : l'électronique en bord de mer ne tient pas, et dans le modèle des ports, l'électricité est incluse dans le contrat des plaisanciers, qui va d'ailleurs probablement augmenté en raison de la hausse des prix de l'électricité actuelle. »

Sobriété énergétique

Les économies d'énergie, et notamment le coût de l'électricité, ne sont pourtant pas un sujet ignoré du port de Gruissan, où « 80% de la consommation électrique se fait par les bateaux, mais il s'agit d'une consommation diffuse et saisonnière, notamment faible l'hiver », indique Jean-Claude Méric, qui s'attend à une augmentation de +35% sur la facture d'électricité 2023...

« On s'aperçoit qu'il y a de plus en plus d'habitat permanent sur le bateau, ce qui engendre une explosion de la consommation électrique, souligne le dirigeant. C'est pourquoi j'ai commandé une étude sur les sources d'optimisation de la consommation électrique sur les bateaux pour voir comment diminuer cette consommation tout en restant dans le confort. Les solutions seront probablement de mettre des bornes intelligentes et surtout des panneaux solaires avec autoconsommation. Et pourquoi pas une grande plateforme flottante de panneaux photovoltaïques ? »

Gros succès des lodges

Au sortir de l'été, l'office du tourisme de Gruissan annonce une saison estivale de très bonne tenue, avec une augmentation de la fréquentation de l'ordre de 4 à 5% dans les hébergements.

« Les camping et les hôtels ont bien marché, les agences immobilières sont un peu en retrait car elles prennent de plein fouet les locations Airbnb, qui sont au nombre de 1.200 logements référencés à Gruissan, détaille Jean-Claude Méric. Et nous avons observé une vraie progression dans la restauration, entre +10 et +40% par rapport à l'an dernier. Les activités de loisir ont explosé. L'espace balnéo-ludique, par exemple, avait fait, à la fin août, le chiffre d'affaires de 2019... »

Autre source de satisfaction estivale : le carton plein du village des 35 lodges (habitat flottant) sur le bassin portuaire, une expérimentation démarrée en juin 2021 (un investissement partagé entre l'office du tourisme et le promoteur immobilier Promeo qui en assure l'exploitation).

« Nous avons été surpris du taux de remplissage, 92% la 1e année et on flirtera avec les 100% d'ici la fin 2022, se réjouit le dirigeant. C'est un succès inattendu. »

Cécile Chaigneau

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