Ligne à grande vitesse Montpellier-Perpignan : on entre dans le concret

Après le protocole de financement signé en janvier 2022, c’est maintenant la société de projet de la Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan qui est installée et opérationnelle. Le 28 septembre, son conseil d’administration a élu Carole Delga présidente et SNCF Réseau a présenté son calendrier : début des travaux de la phase 1 (Montpellier-Béziers) en 2029, mise en service en 2034.
Cécile Chaigneau
Selon le calendrier présenté ce 28 septembre 2022 par SNCF Réseau, les travaux de la phase 1 de la ligne à grande vitesse, entre Montpellier et Béziers, démarreront en 2029 pour une mise en service en 2034.
Selon le calendrier présenté ce 28 septembre 2022 par SNCF Réseau, les travaux de la phase 1 de la ligne à grande vitesse, entre Montpellier et Béziers, démarreront en 2029 pour une mise en service en 2034. (Crédits : DR)

Le dossier est un serpent de mer de la mobilité régionale... La ligne à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan (appelée Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan, LNMP), a vocation à désengorger les lignes du quotidien, à développer du fret ferroviaire et à relier la capitale catalane française à Paris en 4h20 (contre 5h10 aujourd'hui). Ce vaste projet d'aménagement ferroviaire est dans les cartons des élus et de l'Etat depuis... plus de trente ans (1991). Autant dire que chaque nouvelle avancée est une victoire.

Le 22 janvier dernier, Jean Castex, alors Premier ministre, était venu dans l'Aude signer le protocole de financement de la première phase des travaux, entre Montpellier et Béziers. Soit 2,04 milliards d'euros sur un investissement global de 6,12 milliards d'euros. Le tour de table avait été validé en septembre 2021 avec la répartition suivante : 40% par l'État, 40% par 11 collectivités territoriales (la Région Occitanie, les trois Départements de l'Aude, Hérault et Pyrénées-Orientales, Montpellier Méditerranée Métropole, la Communauté urbaine de Perpignan Méditerranée Métropole, ainsi que les Communautés d'agglomération du Grand Narbonne, Carcassonne, Béziers Méditerranée, Hérault-Méditerranée et Sète Agglopôle Méditerranée), et 20% par des crédits européens.

Créée au mois de mars, la société de projet de la Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan permet de porter la part de financement des collectivités. Elle réunit les services de l'Etat, les préfets, les collectivités, SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions et le ministère des Transports. Le premier conseil d'administration d'installation de cette société et une réunion du comité de pilotage (Copil) se déroulaient ce jeudi 28 septembre, à l'Hôtel de Région de Montpellier.

Des garanties environnementales à venir

Le conseil d'administration portait notamment sur l'élection de la présidence, qui revient à Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, et de la vice-présidence qui revient à Philippe Vidal, maire de Cazouls-lès-Béziers et 2e vice-président délégué à l'aménagement du territoire au Département de l'Hérault.

Le conseil d'administration a voté les premières orientations budgétaires qui prévoient une augmentation progressive des contributions des collectivités à partir de 2023 pour un montant de 8,1 millions d'euros. En 2026, la part de financement atteindra son plein potentiel, avec un montant de 24,5 millions d'euros.

« La signature de l'ordonnance créant la société de financement a été signée par le gouvernement en mars dernier, rappelle le préfet de région Occitanie, Etienne Guyot. L'enquête publique a démarré le 14 décembre 2021 et s'est terminée le 27 janvier 2022, avec un avis favorable assortie d'une réserve, garantir une meilleure intégration environnementale du projet, à laquelle le maître d'ouvrage SNCF Réseau devra apporter une réponse. »

Parmi les inquiétudes, celles de riverains ou d'associations de défense de l'environnement. Ou celles des vignerons de l'appellation AOP Picpoul de Pinet : le rapport d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique a validé le tracé de la future ligne LGV Montpellier-Perpignan que redoutaient les vignerons de l'appellation, traversant le vignoble et sacrifiant 73 hectares de vignes.

« L'exploitation d'une ligne mixte voyageurs-fret impose plus de contraintes, moins de souplesse, mais du point de vue environnemental, c'est le meilleur bilan, répond Carole Delga. Les solutions préconisées par les associations ne sont pas réalisables. »

Catherine Trevet, directrice territoriale SNCF Réseau Occitanie, ajoute toutefois que plusieurs actions ou mesures sont prévues pour répondre à ces enjeux, notamment un concours d'architecte pour le viaduc de Poussan, une étude d'insertion paysagère, un travail sur la constitution de réserves foncières, un travail sur le foncier bâti et les nuisances, et un dialogue autour des protections acoustiques. Concernant le viaduc, le territoire sera bien associé à l'établissement de certaines clauses du cahier des charges et au dépouillement de l'appel d'offres. Enfin, SNCF Réseau travaille d'ores et déjà avec la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) sur l'empiètement du tracé sur la Voie Domitienne.

Début des travaux en 2029

« Nous allons maintenant devoir examiner les différentes options d'organisation et il y aura des choix à faire : allotissement classique, marchés de partenariat, etc., déclare Etienne Guyot. Ils seront tranchés d'ici la fin de l'année. »

En 2022, la poursuite des études (12 millions d'euros) et des acquisitions foncières (13,2 millions d'euros) restent financées par des conventions signées entre l'État, SNCF Réseau et chacune des collectivités. SNCF Réseau assure notamment que les acquisitions foncières, qui ont démarré cette année, « se passent bien » et qu'il n'y a « ni alerte ni contentieux sur ce sujet ».

Carole Delga précise que la société de projet vise une déclaration d'utilité publique (DUP) pour 2023. Selon le calendrier présenté ce 28 septembre par SNCF Réseau, les travaux de la phase 1 démarreront en 2029 pour une mise en service en 2034.

Et le préfet l'assure : « En Occitanie, on avance à l'ouest et à l'est ! ». La présidente de Région souligne d'ailleurs que « Jean Castex a pris une décision essentielle en relançant les projets (ligne nouvelle Montpellier-Perpignan et ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse, NDLR ) arrêtés par décision du Président de la République en juillet 2017, soit quatre ans de stand by ».

« La LNMP permettra une meilleure conciliation du développement économique et de l'environnement, rappelle Carole Delga. Car la situation aujourd'hui, c'est une quantité de camion qui circulent sur les routes et une saturation complète de cette ligne Montpellier-Narbonne, l'axe le plus saturé de France... Ce projet ferroviaire permettra un report modal sur le fret pour limiter la pollution, le développement des trains du quotidien et une meilleure connexion entre Perpignan et Paris pour maintenir l'attractivité du territoire. »

« Les choses avancent normalement »

« Concernant la phase 2, nous aurons besoin de se réinterroger sur des sujets comme la mixité de la ligne, les gares, etc., ajoute le représentant de l'Etat en Occitanie. Ce qui conduira à une nouvelle phase de concertation publique préalable à l'enquête publique qui devrait intervenir en 2028... Lors du Copil de ce jour, nous avons également évoqué les prochaines étapes sur le tronçon Béziers-Perpignan et les partenaires ont acté le principe d'une prochaine convention financière. »

Le représentant de l'Etat se veut rassurant : « Les choses avancent normalement, avec l'idée de les accélérer, en garantissant une continuité entre les phases 1 et 2, l'objectif étant que les travaux de la phase 2 démarrent en 2035 pour mise en service en 2040 ».

Carole Delga ajoute que des études seront faites pour que la ligne soit mixte voyageurs-fret sur l'ensemble du parcours, ce qui est aujourd'hui acquis sur la phase 1 mais pas encore sur la phase 2.

Quant aux inquiétudes sur l'impact que pourraient avoir l'inflation et l'augmentation des coûts des matériaux sur le projet, la présidente de Région indique que « les travaux ne vont pas débuter l'an prochain mais en 2029, donc il n'est pas pertinent d'en parler maintenant. Des clauses de revoyure seront étudiées au moment de passer les marchés publics ».

Le préfet de région ajoutant que « tous les projets intègrent des provisions pour risques ».

Cécile Chaigneau

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