Liaison gazière entre Barcelone et Marseille : Carole Delga interpelle Emmanuel Macron

La présidente de la Région Occitanie, dont les ambitions en matière d’hydrogène ne sont plus un secret et qui développe un plan d’investissement de 150 millions d’euros sur le sujet, réagit, un mois après son annonce, à la perspective de liaison gazière (puis hydrogène) qui relierait Barcelone et Marseille sous la Méditerranée. Le corridor passerait ainsi au large de l’Occitanie, qui ne bénéficierait donc pas de la connexion pour ses futures installations industrielles de production d’hydrogène. Carole Delga s’est fendue d’un courrier à l’attention d’Emmanuel Macron.
Cécile Chaigneau
La présidente de la Région Occitanie s'inquiète du projet BarMar, une liaison gazière destinée à terme à transporter de l'hydrogène, qui relierait Barcelone à Marseille en délaissant les côtes occitanes.
La présidente de la Région Occitanie s'inquiète du projet BarMar, une liaison gazière destinée à terme à transporter de l'hydrogène, qui relierait Barcelone à Marseille en délaissant les côtes occitanes. (Crédits : DR)

Le 20 octobre dernier, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait que la France, l'Espagne et le Portugal avaient trouvé un accord pour créer un pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille (Fos-sur-Mer précisément), baptisé BarMar et destiné à acheminer du gaz naturel dans un premier temps, puis de l'hydrogène vert sur le marché européen. Ce projet s'inscrit dans les objectifs du plan européen Repower UE.

Ce corridor sous-marin viendrait remplacer le projet MidCat, un pipeline de 190 kilomètres allant d'Hostalric, au nord de Barcelone, à Barbaira, à l'est de Carcassonne, en passant par les Pyrénées, et qui visait à relier les réseaux gaziers français et espagnol. Il avait été abandonné en raison de son impact environnemental essentiellement.

Alors que le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, Emmanuel Macron et le Premier ministre portugais Antonio Costa doivent se retrouver au Sommet EuroMed les 8 et 9 décembre prochain à Alicante, en Espagne, pour finaliser l'accord du corridor sous-marin, la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, sort du bois et réagit pour la première fois depuis l'annonce.

Car la collectivité régionale mise massivement sur l'hydrogène comme levier de développement économique et de souveraineté énergétique. Carole Delga ne manque jamais une occasion de dire qu'elle veut faire de la région « la première région à énergie positive à horizon 2050 » (ce que la Région appelle sa stratégie RePOS), et la collectivité a adopté, en 2019, un plan Hydrogène doté d'une enveloppe de 150 millions d'euros d'ici à 2030. L'un de ses projets-phares est la construction d'une usine de production d'hydrogène vert à Port-la-Nouvelle, d'une capacité de 6.000 t/an par électrolyse de l'eau grâce à l'électricité produite par les éoliennes au large de Port-la-Nouvelle. Un projet qu'elle porte au travers de la société de projet Hyd'Occ constituée par Premier Elément, filiale du groupe héraultais Qair, et l'AREC Occitanie, agence régionale énergie-climat de l'Occitanie.

Or le tracé du pipeline BarMar relie directement Barcelone à Fos-sur-Mer par les fonds sous-marins, passant ainsi au large des côtes de l'Occitanie...

Le tracé du projet en cause

Le 18 novembre, Carole Delga annonce donc qu'elle vient d'écrire au Président Emmanuel Macron, missive dans laquelle elle défend notamment une prise en compte des infrastructures présentes en Occitanie dans le tracé du projet.

« Le projet BarMar tel qu'il a été annoncé propose un tracé direct sous-marin entre Barcelone et Marseille, contournant ainsi les projets de production et d'usages des territoires d'Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine, écrit-elle. Or depuis 2019, l'Occitanie construit à Port-La-Nouvelle, avec l'aide de l'Etat et le soutien de la Banque Européenne du Climat, un port précurseur de la transition énergétique, avec une usine de production d'hydrogène vert en lien avec l'éolien flottant. Ce projet portuaire, porté par les investisseurs industriels, comprend également des capacités de stockage et d'importation par voie maritime. Les acteurs économiques du grand Sud-Ouest sont aujourd'hui porteurs de nombreux projets de décarbonation de leurs productions et de leurs usages, à base d'hydrogène. (...) Les acteurs régionaux de la mobilité comme de l'énergie sont également en attente, des écosystèmes de Lacq-Pau, à celui de Tarbes ou de Béziers. »

Faire de Port-la-Nouvelle un site-relais

L'élue souligne ainsi que « les implications de la connexion gazière, et demain hydrogène, du projet BarMar sont massives pour le territoire regroupant l'Occitanie et la Nouvelle Aquitaine, qui représente plus de 17% de la population française, mais aussi plus de 14% de notre PIB et un excédent commercial de 5 milliards d'euros ».

Elle termine par une demande express : ne pas délaisser l'Occitanie dans ce projet d'interconnexion.

« Tous ces éléments concourent à faire potentiellement de Port-La-Nouvelle un site-relais de BarMar », assène-t-elle, demandant à Emmanuel Macron « d'évaluer la pertinence d'un tracé intégrant les infrastructures et dessertes déjà présentes dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, dans le respect des zones naturelles et de la biodiversité ».

Cette requête intervient quelques jours après une initiative d'une petite trentaine de parlementaires d'Occitanie qui sont montés au créneau en adressant une tribune au gouvernement pour lui demander de ne pas laisser « les écosystèmes territoriaux au bord de la route »...

Cécile Chaigneau

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