Bilan 2022 et perspectives : à l’aéroport de Montpellier, on fait preuve d’un optimisme prudent…

En ce début 2023, la situation n'est pas encore tout à fait normalisée dans les transports aériens. L’ombre du Covid plane, et l’inflation vient jeter un nouveau voile sur les perspectives du secteur. L’aéroport de Montpellier a renoué avec 91% de son trafic de 2019 et ambitionne de passer de 1,76 million de passagers en 2022 à 2,3 millions en 2026. Avec à la clé un plan d’investissement de près de 51 millions d’euros sur les cinq prochaines années.
Cécile Chaigneau
La compagnie low-cost Transavia a installé une base régionale sur l'aéroport de Montpellier depuis le printemps 2020.
La compagnie low-cost Transavia a installé une base régionale sur l'aéroport de Montpellier depuis le printemps 2020. (Crédits : Frédéric Reglain)

Selon les chiffres publiés le 2 janvier dernier par Eurocontrol, le trafic aérien européen a résisté à la tempête et a retrouvé, en 2022, 83% de son niveau de 2019, avant la crise sanitaire. L'aéroport de Montpellier, quant à lui, affiche un score encore plus enthousiasmant : avec 1.760.000 passagers en 2022, l'infrastructure aéroportuaire renoue avec 91% de son trafic de 2019, comme l'avait déjà annoncé le président du directoire, Emmanuel Brehmer, en septembre dernier.

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Des résultats qui s'inscrivent dans la trajectoire de redressement amorcée en 2021 et positionnent la plateforme aéroportuaire au 10e rang du classement national des aéroports régionaux métropolitains, et toujours au 2e rang des aéroports d'Occitanie derrière Toulouse.

« En 2022, les résultats sont excellents : nous visons un résultat net de presque 3 millions d'euros, donc une profitabilité retrouvée depuis 2021 où nous étions l'un des rares aéroports français à dégager un résultat positif de près d'un million d'euros », ajoute Emmanuel Brehmer.

69% des passagers sur du low-cost

Les performances de l'aéroport doivent beaucoup au trafic loisirs et aux 36 lignes déployées à l'été 2022 par une douzaine de compagnies aériennes, avec notamment 197.000 passagers en juillet et 212.000 en août. Le dirigeant souligne par ailleurs « une montée en régime de compagnies comme Volotea et EasyJet », attribuant également les bons chiffres à la base Transavia, ouverte au printemps 2020 en pleine crise Covid.

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En 2022, 64% des passagers ont été enregistrés sur des vols domestiques et 36% sur des vols internationaux, « et 69% ont voyagé sur des compagnies low-cost, ce qui est beaucoup plus qu'en 2019 (39%, NDLR), année de référence », souligne Pascal Bigot, en charge le développement des lignes au départ de la plateforme aéroportuaire.

Autre point saillant de l'année 2022 : une amélioration du coefficient de remplissage des avions par rapport à 2021, avec un emport moyen de 128 clients (soit 74%), mais qui n'égale pas encore celui de 2019.

La répartition des passagers se fait comme suit : 772.000 passagers de et vers Paris, 358.000 sur le réseau national hors Paris, 297.000 sur l'Europe hors Royaume-Uni, 331.000 sur l'international hors Europe.

Top destinations : Nantes, Londres, Bâle-Mulhouse

« Paris s'est bien comporté si l'on se souvient que la destination Orly (+35,9% vs 2021, et Roissy +69% vs 2021 - NDLR) est passée à une navette 100% low-cost avec Transavia depuis novembre 2021 », observe Pascal Bigot.

Dans le top 5 des destinations domestiques hors Paris, on trouve Nantes (207.000 passagers), Brest (33.000), Lille (31.000), Rennes (22.000) et Strasbourg (21.000). A l'international, les destinations qui ont performé en 2022 sont celles de Londres Gatwick (112.000 passagers), Bâle-Mulhouse (60.000), Amsterdam (56.500), Fès (50.000) et Casablanca (44.000).

« On a enregistré des performances moindres pour Amsterdam dont l'aéroport a eu beaucoup de problèmes pour retrouver des personnels et a donc limité le nombre de passagers acceptés dans ses terminaux, ou pour Fès et Casablanca puisque le Maroc a été contraint de fermer ses frontières à cause du Covid », analyse Emmanuel Brehmer.

Quant au trafic affaires, Pascal Bigot indique qu'« il a baissé : avant, on était sur un tiers de trafic affaires, un tiers de trafic loisirs, et un tiers de trafic VFR (aviation légère, NDLR) et en 2022, le trafic affaires était de 20% ».

« Il est trop tôt pour communiquer sur le programme de vols estival, qui est encore en négociations pour deux mois environ, ajoute Emmanuel Brehmer. La reprise reste difficile pour les compagnies aériennes dont les exigences sont de plus en plus importantes, y compris sur les lignes existantes. A l'exception de Francfort et Londres, nous n'avons pas d'autres nouvelles lignes qui soient confirmées à ce jour. »

Parmi les bonnes nouvelles de ce début d'année, figurent en effet le retour de British Airways à Montpellier via sa filiale Euroflyer qui proposera trois vols par semaine vers Londres Gatwick à compter du 27 mai prochain, et le retour de Lufthansa via sa nouvelle filiale loisirs Eurowings Discover qui opérera deux vols par semaine vers Francfort du 23 juin au 8 septembre 2023.

« Les compagnies consolident leurs positions »

Le président du directoire présente également le Plan Ambition 2026 de l'aéroport, qu'il qualifie d' « ambitieux mais raisonnable » dans le contexte actuel encore incertain. Car si le trafic aérien a repris, avec des perspectives intéressantes, l'ombre de la crise sanitaire plane toujours sur le secteur et sur les compagnies aériennes, doublée du poids de l'inflation et de l'explosion du prix du carburant.

« Dans ce contexte, les compagnies aériennes cherchent à consolider leurs positions sur les marchés où elles ont des certitudes, plutôt que d'ouvrir des lignes dans des aéroports plus petits où la rentabilité à court terme n'est pas évidente, explique Emmanuel Brehmer. Les enjeux à horizon 2026, c'est donc de préserver notre compétitivité, et notamment d'absorber les coûts de l'inflation, soit plus d'un million d'euros d'augmentation à absorber en 2023. Après douze ans de gels des redevances, nous nous engageons auprès des compagnies à ne pas les augmenter non plus sur les cinq prochaines années. Il faut réussir notre partenariat avec Transavia, poursuivre le développement foncier et intégrer des budgets RSE. »

Le dirigeant ajoute qu'il n'est pas prévu d'ouvrir une 2e base régionale après celle de Transavia : « Il n'existe pas de cas en Europe où, quand une des quatre compagnies low-cost majeures a ouvert une base, une des trois autres ne se positionne pas également, et nous étions en effet en négociations avancées avec l'une d'elles en 2019, mais aujourd'hui, nous n'avons pas retenu cette hypothèse. Sans le Covid, nous aurions enregistré 2,3 millions de passagers en 2020, et 2,5 millions en 2021 : le Covid nous a fait perdre deux ans et a rendu les négociations plus difficiles. Grâce à la base Transavia, nous avons limité la casse... ».

Du foncier pour financer les investissements

Désormais dans le viseur de la plateforme aéroportuaires : les 2,3 millions de passagers, soit gagner quelque 560.000 passagers dans les cinq ans. Mais aussi 60 aéroports reliés en direct par 20 compagnies, une part du trafic de 32% pour Paris et 47% pour l'international, et 76% du trafic généré par des compagnies low-cost.

Pour se donner les moyens de ses ambitions, l'aéroport dégaine un plan d'investissement d'envergure, soit 51 millions d'euros d'ici 2026, « soit un niveau jamais atteint par la concession (qui court jusqu'en 2038, NDLR) », souligne Emmanuel Brehmer. Le plan prévoit la répartition suivante : 2,44 millions d'euros dans le développement immobilier, 2,71 millions d'euros dans le qualitatif, 4,38 millions d'euros dans le capacitaire, 6,33 millions d'euros dans la RSE (réduction des émissions carbone, qualité de l'air, nuisances sonores, mise à disposition des compagnies des engins tout électrique pour démarrer leurs appareils et les maintenir climatisés,), 10,81 millions d'euros dans l'entretien, et 23,95 millions d'euros sur les chaussées.

« Pour financer cet investissement, nous avons initié un développement foncier important : sur le programme Tarmac I, la construction des bâtiments du Crédit Agricole et du siège de NG Promotion sont terminées, le bâtiment Albatros sera opérationnel en septembre, et sur la zone de fret, nous avons levé toutes les difficultés administratives ou juridiques existantes et nous sommes en négociations commerciales pour l'implantation d'entreprises, principalement de logistique urbaine, énumère le dirigeant, confiant. Nous allons lancer la phase Tarmac II, soit 7 lots sur 10 pour 4,5 ha. Les appels à projets de la phase 1 de Tarmac II seront lancés fin janvier pour des attributions dès septembre. »

Accessibilité à revoir

Il souligne toutefois une difficulté de taille qui n'est pas encore résolue, celle de l'accessibilité routière : « On y travaille depuis arrivée de Michaël Delafosse (élu maire de Montpellier en 2020, NDLR), et le préfet est très investi sur ce sujet. Des décisions importantes sont à prendre car la densité de la zone autour de l'aéroport est difficilement absorbable. Il faut que les infrastructures routières s'adaptent rapidement ».

Enfin, Emmanuel Brehmer confirme que le sujet de la gouvernance de l'aéroport (dont l'actionnaire majoritaire est l'Etat, avec 60% des parts) est bien sur la table « entre le conseil de surveillance, le préfet de l'Hérault Hugues Moutouh, les cabinets ministériels et Michaël Delafosse ». La question : la Métropole de Montpellier qui ne détient que 0,5% des parts, l'aéroport étant situé sur le territoire de la communauté d'agglomération du Pays de l'Or. Une situation que le préfet juge anormale. Le représentant de l'Etat a ainsi récemment annoncé que « l'État pourrait céder 10% des parts à la Métropole » et que « la CCI de l'Hérault, 2e actionnaire, réfléchit également à réduire sa participation ».

Cécile Chaigneau

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