Innovation à l'IES Montpellier : un incubateur d’interdisciplinarité scientifique

Le laboratoire montpelliérain spécialiste des composants et systèmes électroniques veut promouvoir un modèle innovant d’incubateur de start-ups. Son postulat : l’interdisciplinarité scientifique favorise les avancées scientifiques et les innovations.
Cécile Chaigneau
Une partie des startuppers installés au sein de l'IES de Montpellier.
Une partie des startuppers installés au sein de l'IES de Montpellier. (Crédits : DR)

L'Institut d'électronique et des systèmes (IES), dirigé par Alain Foucaran, est une Unité mixte de recherche du CNRS et de l'Université de Montpellier, comptant 220 collaborateurs et reconnu dans les domaines de l'infra-rouge, de la fiabilité, des capteurs et des Terahertz.

Il y a deux ans, l'IES a créé son propre « incubateur », baptisé l'Espace start-ups et piloté par Bruno Sagnes, enseignant-chercheur de l'IES. S'il ne s'agit pas d'un incubateur au sens habituel, puisque la structure ne propose pas d'accompagnement financier, ce lieu accueille en plein cœur de l'IES des projets et start-ups ayant comme point commun la dimension « électronique ». Mais pas seulement...

Car cet espace d'innovation présente une particularité : il favorise, et c'est même son ADN, l'interdisciplinarité des compétences scientifiques.

« La structure universitaire et le CNRS sont organisés en silos, par spécialité scientifique, explique Alain Foucaran, directeur de l'IES. Nous avons observé que nous aurions par exemple intérêt à recruter des biologistes ou des chimistes à l'IES, car les avancées scientifiques se font souvent aux interfaces de plusieurs disciplines scientifiques. Mais le système ne le favorise pas car un biologiste chez nous publiera dans des revues internationales d'électroniciens et ça pénalisera sa carrière... C'est pourquoi nous avons imaginé ce concept de l'Espace start-ups : accueillir des start-ups créées soit par un enseignant-chercheur de l'IES, auquel cas on ne gagne pas en compétences supplémentaires, soit par un porteur de projet issu d'autres spécialités scientifiques mais qui a besoin de recourir à la dimension électronique, ce qui permet de faire entrer de nouvelles compétences dans le laboratoire. »

Ouvrir le champ des possibles

Une approche innovante et une démarche encore peu connue, mais qui lui a valu d'être « mise en avant par le CNRS ». L'organisme de recherche l'a présentée au niveau national à la mi-2017 comme un dispositif vertueux à dupliquer.

Il pourrait déjà intéresser les structures de recherche : « L'Université de Montpellier, par exemple, aimerait l'étendre à tous les laboratoires », assure Alain Foucaran.

« Le gouvernement se pose des questions sur les tissus universitaires et les liens innovation avec les entreprises, ajoute-t-il. Ce binôme université-entreprise n'a jamais été conjugué : il faut que l'entreprise soit au sein même de l'université. La culture de la recherche française n'est pas pluridisciplinaire, contrairement aux Anglo-saxons... C'est une nouvelle façon de favoriser l'innovation, et c'est un vecteur d'avenir car le fait que nos étudiants et enseignants-chercheurs aient accès à cet Espace start-ups et découvrent ces histoires différentes de création d'entreprise, ça ouvre le champ des possibles pour tous. Quant à nous, nous y gagnons énormément car nous faisons entrer des compétences qui profitent à nos équipes. Ça opère comme un boosteur et ça démystifie le laboratoire... »

Du gant musical au port de plaisance

Aujourd'hui, l'Espace start-ups de l'IES Montpellier accompagne huit start-ups, dans des domaines très variés.

Sont ainsi installées É.MA (récupération et stockage d'énergie solaire), Cycléone (développement de système caméra sur la base de technologie spatiale), Applexia (solutions logicielles d'instrumentation), Thalatoo (conception de systèmes sous-marins innovants), Weliot (gant musical à capteurs intégrés), TatiTag (biocapteurs conçus sur supports en papier ou flexibles en alumine nanoporeuse, pour la détection en temps réel et simultanée d'agents pathogènes), Bonetag (dispositif RFID biocompatible pour connecter les prothèses de genou).

Et la dernière arrivée, Nautic Spot (gestion des places de bateaux dans les ports de plaisance grâce à un capteur embarqué sur le bateau).

« On manque déjà de place... », souligne Alain Foucaran.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 13/03/2018 à 12:07
Signaler
Merci beaucoup Cécile pour la qualité de votre article, je suis toujours admiratif de la capacité qu'on les journalistes (les meilleurs) d'extraire l'essentiel ... ce qui est très largement votre cas. Merci, amitiés Alain

le 15/03/2018 à 0:36
Signaler
Je te rejoins complément sur ce point, Cecile est surprenante dans sa capacité de synthèse. Toujours un plaisir de recevoir votre newsletter et de voir qu'il y a plein de beaux projet dans notre region. Pierre

le 15/03/2018 à 0:37
Signaler
Je te rejoins complément sur ce point, Cecile est surprenante dans sa capacité de synthèse. Toujours un plaisir de recevoir votre newsletter et de voir qu'il y a plein de beaux projets dans notre region. Pierre

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.