Pourquoi le Marseillais Alphenyx s'implante à Baillargues

L'entreprise marseillaise Alphenyx collecte auprès des établissements de santé des déchets opératoires, tissus humains et échantillons de peau, transformés en outils de recherche pour faciliter les tests réalisés par les laboratoires de l’industrie cosmétique ou pharmaceutique. Pour élargir son réseau de collecte, l’entreprise marseillaise s’implante à côté de Montpellier.
Cécile Chaigneau
Alphenyx collecte des tissus humains pour les tests réalisés dans l’industrie cosmétique ou pharmaceutique
Alphenyx collecte des tissus humains pour les tests réalisés dans l’industrie cosmétique ou pharmaceutique (Crédits : DR)

L'entreprise marseillaise Alphenyx, fondée en 2007 par Vincent L'Hermite, est à l'origine spécialisée dans les prestations de service en recherche dans la culture cellulaire et l'isolation de cellules primaires (cellules issues de tissus vivants).

Faisant face au manque de disponibilité en tissus humains pour réaliser un nouveau projet de recherche, Alphenyx a pris un tournant décisif en 2014 en se lançant dans une nouvelle activité, « la collecte de peau humaine provenant d'opérations de chirurgie esthétique et réparatrice pour les transformer en "outils" pour la recherche », explique le dirigeant.

Un tournant qui correspond aussi à l'évolution des besoins en recherche des industries cosmétique et pharmaceutique, ces échantillons prélevés à but de recherche étant transformés en produits facilitant les tests réalisés par laboratoires de l'industrie cosmétique ou pharmaceutique.

Tests de pénétration cutanée

« En effet, la réglementation européenne sur la recherche utilisant des animaux de laboratoire est de plus en plus stricte, précise Vincent L'Hermite, fondateur d'Alphenyx (383 000 € de chiffre d'affaires, 4 salariés). Depuis 2012, les tests sur les animaux sont interdits pour le développement de produits cosmétiques, et même s'ils sont encore possibles en industrie pharmaceutique, ils ont leurs limites. Nous avons donc construit un réseau auprès d'établissements de santé à Marseille, pour collecter des déchets opératoires de peau, pour faire soit de l'isolation de cellules primaires, soit des disques de peau qui serviront ensuite pour des tests de pénétration cutanée pour le développement de crèmes cosmétiques par exemple. En général, il s'agit de disques de peau congelés, qui conservent malgré la congélation les propriétés de barrière. Certains clients nous demandent aussi des produits issus des échantillons collectés et transformés que nous devons acheminer en moins de 24 h après le prélèvement. Notre objectif est également de développer un système de "peau fraîche en survie", c'est-à-dire que l'on peut utiliser entre 7 et 15 jours. »

Recherche en toile de fond

La recherche a toujours été une priorité, selon le dirigeant, qui explique que « les échantillons collectés par Alphenyx sont bien évidemment utilisés pour sa R&D afin de développer de nouveaux outils de recherche, mais pas uniquement ».

« L'activité commerciale permet en effet de financer une recherche plus fondamentale. Nous avons des collaborations avec la recherche publique, comme la faculté de Pharmacie de Marseille. Nous travaillons sur les pathologies chroniques inflammatoires de la peau, comme le Psoriasis et la dermatite atopique. »

Alphenyx approvisionne actuellement une vingtaine de laboratoires de recherche publics et privés à partir d'un réseau de 7 établissements de santé marseillais (hôpitaux et cliniques).

À raison de 200 collectes par an, l'entreprise se heurte aujourd'hui à la nécessité d'aller s'approvisionner en dehors du territoire marseillais.

« Nous arrivons à saturation sur ce territoire en matière d'acquisition, explique Vincent L'Hermite. Pour répondre à nos besoins ainsi qu'à la demande croissante de nos clients, nous avons choisi d'ouvrir une antenne entre Nîmes et Montpellier. »

Montpellier, Nîmes et Sète

Alphenyx ouvre ainsi à la mi-juin un bureau et un laboratoire à Baillargues, non loin de Montpellier. À partir de là, l'entreprise démarrera sa collecte auprès d'établissements montpelliérains, nîmois ou sétois, avec lesquels des conventions ont déjà été signées, et à terme probablement avignonnais. Deux à trois personnes travailleront pour cette nouvelle antenne.

Sur cette activité méconnue, la concurrence française est pourtant assez vigoureuse, selon le dirigeant, qui n'exclut pas toutefois de dupliquer le principe de cette antenne délocalisée sur d'autres territoires.

« Nous le ferons si nous peinons à répondre à nos besoins de recherche et de production, et ce afin de satisfaire nos clients », nuance-t-il.

Cécile Chaigneau

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