Opération sauvetage : la collection de vignes de l’INRAE transférée à Gruissan

Unique au monde, la collection de vignes de l’INRAE, jusqu’ici implantée à Marseillan (Hérault), va être transférée sur le site de Pech Rouge, à Gruissan (Aude). Une opération de grande ampleur, qui s’étalera sur vingt ans, et conforte le pôle recherche de l’INRAE. Ce patrimoine génétique constitue une ressource pour créer les cépages de demain, plus résistants à la sécheresse et aux maladies.
La collection de vigne de l'INRAE est un enjeu majeur pour l'amélioration des cépages et l'adaptation du vignoble au changement climatique, et constitue une ressource génétique pour créer les cépages de demain, plus résistants à la sécheresse et aux maladies.
La collection de vigne de l'INRAE est un enjeu majeur pour l'amélioration des cépages et l'adaptation du vignoble au changement climatique, et constitue une ressource génétique pour créer les cépages de demain, plus résistants à la sécheresse et aux maladies. (Crédits : INRAE)

C'est un projet qui a mis près de quinze ans à aboutir. Le 31 août, le coup d'envoi a été donné pour le transfert à Gruissan (Aude) de la collection de vignes de Vassal, jusqu'alors implantée à Marseillan (Hérault). L'événement a réuni une pléiade d'élus et de représentants de l'Etat, engagés aux côtés de l'INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) dans le financement de cette opération de sauvetage d'un patrimoine viticole unique au monde.

Constituée à partir de 1876 par l'école agronomique de Montpellier (devenue aujourd'hui l'Institut Agro Montpellier), ce conservatoire de cépages s'est enrichi au fil des ans, à partir de prospections et d'échanges avec d'autres collections du monde. A ce jour, il rassemble 8.500 accessions (échantillons uniques de vigne) en provenance de 50 pays, et compte 3.000 variétés différentes de vigne. Il constitue un patrimoine génétique, culturel et historique exceptionnel, car il détient de nombreuses variétés qui ne sont plus cultivées à l'heure actuelle.

« Cette collection d'exception, outre sa valeur patrimoniale et historique, est un enjeu majeur pour l'amélioration de nos cépages et l'adaptation de notre vignoble au changement climatique, souligne Philippe Mauguin, P-dg de l'INRAE. C'est une ressource génétique pour créer les cépages de demain, plus résistants à la sécheresse et aux maladies. »

Un projet titanesque

Sur le site du domaine de Vassal, installé sur le cordon littoral sableux qui sépare l'étang de Thau de la Méditerranée, cette richesse ampélographique était menacée par la submersion et la salinisation des sols, liées au changement climatique.

Le choix du site de l'unité expérimentale de l'INRAE de Pech-Rouge, à Gruissan, est le résultat de nombreuses études qui ont été menées en amont de cette décision. En plein cœur d'une zone protégée sur le massif de La Clape, les vignes y seront plantées en pleine terre sur une surface d'une quinzaine d'hectares, dont la très grande partie n'a jamais été plantée en vigne.

L'INRAE s'est engagé à financer les replantations pour compenser l'intégralité des surfaces qui seront déboisées. En lien avec l'ONF, le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise et les associations locales de protection de l'environnement, Il financera et coordonnera par ailleurs des mesures à visée environnementales pour favoriser le développement d'espèces protégées sur une soixantaine d'hectares dans ce secteur.

Pech-Rouge, vitrine scientifique

Un doublon de toute la collection sera implanté sous serres à Montpellier, dans l'enceinte de l'Institut Agro. La préparation des parcelles à Pech Rouge va démarrer cet automne. Elle sera suivie de deux ans de repos des terres, et le début des plantations, prévu en 2024, s'étalera jusqu'en 2032.

« C'est un projet titanesque qui requiert du temps. Le transfert d'une collection d'une telle ampleur, sa sécurisation et son hygiénisation n'ont jamais été faits. Nous serons observés par la recherche scientifique mondiale », pointe Philippe Mauguin.

Ce transfert va également conforter le site de Pech-Rouge, qui conduit déjà des projets de recherche en viticulture, notamment sur l'adaptation au changement climatique, et en œnologie.

« Pech Rouge va devenir une vitrine internationale pour la recherche et la science viti-vinicole. Ce formidable événement va accroître sa renommée et lui assurer des retombées mondiales », se réjouit Didier Mouly, président du Grand Narbonne.

Le projet bénéficie du soutien financier de la Région Occitanie, du Conseil départemental de l'Aude et de la Communauté d'agglomération du Grand Narbonne. Coût de l'opération : 5,1 millions d'euros, dont 2,6 millions d'euros de financement dans le cadre du Plan Etat-Région et 2,5 millions d'euros de financements propres de l'INRAE.

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