Dans l'Hérault, les réseaux économiques lancent une démarche de "territoire à mission"

Pour sa 3e édition, la Rentrée des réseaux, organisée par la CCI Hérault le 23 septembre, a réuni quelque 42 réseaux économiques du département. Plus de 400 chefs d’entreprises et cadres dirigeants se sont retrouvés pour évoquer leurs réflexions autour du thème majeur : l’engagement responsable des entreprises.
Lors de la soirée de la Rentrée des réseaux, organisée par la CCI Hérault le 23 septembre : Grégory Blanvillain (président de la commission des réseaux à la CCI), Michaël Delafosse (maire de Montpellier et président de la Métropole), Pierre Pelouzet (médiateur des entreprises) et André Deljarry (président de la CCI Hérault).
Lors de la soirée de la Rentrée des réseaux, organisée par la CCI Hérault le 23 septembre : Grégory Blanvillain (président de la commission des réseaux à la CCI), Michaël Delafosse (maire de Montpellier et président de la Métropole), Pierre Pelouzet (médiateur des entreprises) et André Deljarry (président de la CCI Hérault). (Crédits : DR)

Et si l'Hérault, grâce à un élan collectif des acteurs économiques, devenait un territoire exemplaire grâce à ses entreprises engagées sur les questions de RSE ou d'achats responsables ?

C'est l'ambition que s'est donnée la CCI Hérault le 23 septembre lors de la 3e édition de la Rentrée des réseaux à Montpellier, qui a rassemblé plus de 400 chefs d'entreprises autour d'une thématique engagée : les démarches de RSE dans les entreprises.

« Cette Rentrée des réseaux, qui poursuit son orientation prise il y a deux ans autour de la RSE, est un moment très fort car elle permet de réunir des entrepreneurs pour trouver des solutions novatrices qui vont contribuer à faire de l'Hérault un territoire vertueux », a souligné André Deljarry, président de la CCI Hérault qui profitait de l'événement pour annoncer le lancement d'une démarche de "Territoire à mission" à l'échelle de l'Hérault.

« Nous allons être le territoire le plus exemplaire en matière de transition écologique », a surenchéri Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, qui a annoncé un investissement de 3,4 milliards d'euros sur un mandat.

La RSE, avantage concurrentiel

Dès 2020, la commission des réseaux de la CCI a créé un groupe de travail RSE se donnant deux objectifs : la mutualisation des sujets, de manière à les rendre plus efficients, et la création d'un baromètre à destination des TPE/PME pour identifier l'évolution des pratiques en matière de RSE dans les entreprises de l'Hérault.

« L'observatoire de la RSE a travaillé sur six champs de questions : pilotage et RH, environnement et développement local, relations clients fournisseurs et relations consommateurs, ont détaillé Caroline Cazi, directrice de Face Hérault, et Benjamin Ferran, responsable Diversité et RSE à Montpellier Business School, venus présenter les résultats de ce baromètre, tirés des réponses (exploitables) de 143 répondants.

En synthèse, il apparaît que les entreprises ont tendance à positionner la RSE sur le pilotage. C'est de là que partent les initiatives, la vision et la valeur des entrepreneurs guidant souvent les choix, avec une conviction partagée que la RSE est un avantage concurrentiel et ce, quelle que soit la taille de l'entreprise.

Dans le domaine RH, la formalisation des contrats, le développement des compétences et la vigilance en termes de sécurité des collaborateurs apparaissent comme des champs bien investis. La thématique autour de la transformation managériale a d'ailleurs été l'un des thèmes forts de cette Rentrée des réseaux.

Sur le volet environnemental, l'ensemble des répondants s'est accordé à dire que le respect de l'environnement était une question de bon sens. La gestion des déchets et la règlementation sont arrivées en tête des préoccupations. Un bémol a été mis sur la communication et la valorisation des actions qui peuvent encore être largement améliorées. Résultats plus nuancés également sur la question des relations clients et fournisseurs, qui apparaissent encore trop souvent sous-évaluées en termes de capacité d'actions.

Les achats au cœur des politiques RSE

Pour la première table ronde de la soirée, la question des achats responsables a largement été abordée avec l'intervention de Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises mais aussi co-fondateur de la charte "Relations Fournisseurs Responsables" à laquelle ont adhéré plus de 2.000 organisations, et du Label "Relations Fournisseurs et Achats Responsables" (lire notre interview).

Stratégique, la fonction achat visait jusqu'ici la maîtrise et la baisse des coûts. Délocalisations, achats à bas coûts, qualité moindre, production dans des pays aux critères sociaux précaires, dégradation de l'environnement... La crise sanitaire a pointé du doigt les limites du système.

« Acheter responsable, c'est s'interroger sur ce qu'on achète et la manière dont on le fait, est convaincu Benjamin Chevalier, fondateur du cabinet-conseil AMELIORE à Teyran, qui propose d'accompagner les entreprises dans leur démarche RSE, principalement sur les achats et la logistique. La priorité est de définir le besoin. Cette première réflexion peut potentiellement entraîner la suppression de l'achat, ou inciter à trouver des solutions alternatives. Les achats représentent en moyenne 50% du chiffre d'affaires de l'entreprise, ils ont un vrai poids. Réfléchir en mode d'achat responsable, c'est être dans une démarche d'amélioration continue en réintroduisant les coûts des externalités négatives dans le calcul de création de la valeur de l'entreprise. »

« Le terreau est fertile »

La notion de société de mission était également au cœur des débats, étayée par le lancement de la réflexion de "Territoire à mission".

« Le "territoire à mission" va permettre de fédérer des acteurs, des collectivités, des entreprises, des PME afin de définir une raison d'être commune, a expliqué Olivier Toma, fondateur de l'agence Primum Non Nocere, spécialisée dans l'accompagnement des établissements de santé dans leur démarche RSE. Mutualisons les bonnes pratiques et allons chercher les solutions car elles existent ! Fabriquons ce "territoire à mission", le terreau est fertile. Pour moi, la loi Pacte, qui a créé ce nouveau statut de société à mission, peut être aussi structurante dans quelques décennies que la loi 1901 sur la création des associations. La dynamique de "société à mission" va être un tournant pour notre société, elle va redonner du sens au métier. Une belle dynamique a été impulsée aujourd'hui. Des idées ont été lancées comme l'économie circulaire, la suppression du plastique à usage unique, l'achat responsable, le bien-être et la qualité de vie au travail, la santé environnementale. Nous sommes au début de l'histoire et nous vous redonnerons rendez-vous dans quelques semaines pour définir un thème afin de mutualiser ces bonnes pratiques. Nous sommes aussi en lien avec d'autres territoires pour mutualiser ces sujets. ».

Le thème du marché public était également à l'ordre du jour. Au vu de l'étude menée par le cabinet AMELIORE - le poids de la RSE dans le marché public représente 14% des critères environnement et 4% des critères sociaux - « il reste encore un long travail à mener », notamment de la part des collectivités...

Retour sur investissement ?

« Nous avons de très belles choses à faire ensemble, les rendez-vous sont pris pour avancer tous ensemble ! » a conclu Grégory Blanvillain, président de la commission des réseaux à la  CCI Hérault, avant de donner la parole à plusieurs entreprises venues témoigner de leur expérience.

Créatrice de La Maison des petits renards, réseau de micro-crèches à Beaulieu et bientôt Restinclières, Christine Gonul a souligné l'importance dans sa structure d'un engagement responsable via des actions au quotidien s'intégrant dans le projet éducatif.

Chez ESII (130 salariés), installée à Lavérune et spécialisée dans les solutions de gestion de l'accueil clients et de prise de rendez-vous en ligne, Benoit Pique, responsable des achats, est pleinement engagé : « Nous sommes signataires de la charte "Relations fournisseurs responsables" qui est un marqueur, un fil conducteur, pour nous améliorer sur la RSE. Nous favorisons le tissu local, avec des produits d'origine France et au final, il y a un vrai retour sur investissement. Nous allons changer de back-office et être encore plus audacieux, innovant et créatif, en travaillant en amont, notamment avec le service R&D, pour réduire les coûts cachés sur l'ensemble de la chaîne ».

Acteur de l'économie circulaire, le groupe Innotec (51 personnes salariés, 6 millions d'euros de chiffre d'affaires), installé à Lunel et spécialisé dans les cartouches laser re-manufacturées, est engagé sur plusieurs fronts.

« Déchets valorisés à 98%, priorisation du réemploi, partenariat avec des ESAT,... La RSE est dans l'ADN de l'entreprise, affirme la présidente, Carole Fournier. Mais je regrette qu'on peine encore à faire valoir ce qu'on met en place dans les critères d'attribution des appels d'offre où le prix reste encore trop déterminant. »

Même son de cloche du côté de Jean-Christophe Estoudre, président de Sofi Group, qui emploie plus d'une centaine de collaborateurs à Saint-Mathieu-de-Tréviers et a créé en 2017 la marque de Smartphones reconditionnés SMAAART (chiffre d'affaires : 16 millions d'euros) : « Bien avant de connaître le mot RSE, le groupe était engagé dans une démarche vertueuse. Mais je déplore aujourd'hui le fait que ces engagements RSE ne suffisent pas à nous protéger contre une concurrence déloyale qui fait peu cas de cela ».

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