Conscientes des inquiétudes soulevées par les premiers contrôles autour du RGPD, prévus le 25 mai, les autorités insistent sur un autre message à faire passer : ce changement doit être transformé en opportunité commerciale. Ainsi, la protection des datas serait un élément de différenciation par rapport à la concurrence : elle faciliterait la création d'un climat de confiance avec les clients et entre salariés, elle génèrerait de la valeur ajoutée autour de la donnée, elle pourrait être valorisée à la façon de labels ou de certifications, etc.

Un nouveau business

De fait, la mise en place du RGPD crée déjà, en soi, du business. Le groupe Varonis, éditeur d'une plate-forme d'audit et de sécurisation des datas, est en phase active de prospection.

« Le RGPD impose de protéger les données structurées des entreprises, qui se trouvent dans des outils de type ERP ou CRM, mais aussi les données non structurées, disséminées dans des serveurs de fichiers ou des espaces de stockage, ce qui suppose un travail spécifique de repérage », insiste Antoine Bildstein, responsable partenariats chez Varonis, de passage à Montpellier.

De son côté, Callimedia (éditeur de solutions de e-learning, Montpellier) a développé un module RGPD destiné à être inséré dans un parcours de formation plus complet. Depuis son lancement fin 2017, il enregistre plus de deux accès par jour, du groupe à la TPE-PME.

« La force d'un outil en ligne comme celui-ci est qu'il peut être vite déployé et en masse au sein d'un groupe comptant plusieurs milliers de salariés, indique Matisse Pouchain, chargé de développement RH de Callimedia. Nous accompagnons par exemple des forces de vente, car elles ont besoin de rassurer leurs clients - et la confiance est un élément fondamental ».

Un virage à négocier

De même, la start-up montpelliéraine Agilitation vient de lancer l'application Axeptio, une solution de recueil de consentement utilisateur pour les entreprises. Installée sur un site web, elle substitue aux cases à cocher actuelles (souvent non conformes pour le RGPD) un formulaire de recueil sécurisé. Car Romain Bessuges-Meusy, président de la start-up, rappelle ce point clef : « Les bases de données, quoique pleines, deviendront légalement inexploitables, car il incombe désormais aux entreprises d'apporter la preuve que l'utilisateur a bien donné son accord ».

Certains s'inquiètent même de voir le RGPD impacter les business models qui reposent sur l'exploitation de datas, même sécurisées. Une crainte que ne partage pas Jonathan Vidor, CEO de JVWeb, agence spécialisée en référencement (Montpellier).

La société s'active depuis septembre 2017 pour adapter son outil, former ses équipes, et évangéliser ses clients sur la question. Elle utilise, en effet, les solutions publicitaires de Google et Facebook, qui fonctionnent avec des datas personnelles.

« Nous pouvons créer des campagnes de pub basées sur leurs données mais pour nous, l'opération est neutre : ces données sont anonymisées et nous n'y avons pas accès, détaille Jonathan Vidor. Les clients doivent les crypter avant de nous les envoyer, et nous les conservons 30 jours au maximum. Nous leur avons même demandé de réduire l'éventail de datas transmises. »

Le RGPD est-il néanmoins un virage délicat à négocier ? « Oui, car ce sont toutes les mentalités qui doivent changer, depuis les concepteurs de sites web aux développeurs qui créent les formulaires, jusqu'aux agences comme JVWeb. Le RGPD a le mérite de beaucoup faire parler. C'est le signe que les mœurs évoluent... Et c'est ce que veut la CNIL ! », conclut Jonathan Vidor.

Retrouvez l'intégralité de notre dossier sur le RGPD et les nouveaux enjeux de la protection de données en région dans le numéro de La Tribune-Objectif actuellement disponible.