CCI Hérault : vers un modèle économique payant

La CCI Hérault, lors d'un séminaire organisé le 17 septembre à Laverune, a fixé les priorités d'un nouveau modèle économique alors que l'État lui impose une ponction de 50 % de ses ressources d'ici trois ans. Son président André Deljarry annonce notamment une nouvelle ingénierie pour la formation.
A. Deljarry, président de la CCI 34, en ouverture du séminaire tenu le 17 septembre
A. Deljarry, président de la CCI 34, en ouverture du séminaire tenu le 17 septembre (Crédits : Anthony Rey)

Dans un contexte tendu où Alain Di Crescenzo, président de la CCI Occitanie, a déjà prévenu que le réseau consulaire régional pourrait perdre jusqu'à 400 emplois, la CCI Hérault (CCI 34) a souhaité, lors de ce séminaire tenu en présence de 150 élus et entrepreneurs, mesurer l'impact de la baisse de crédits imposée par l'État d'ici 2022 et dessiner un autre modèle économique "pour trouver un nouveau point d'équilibre", "en dégageant de nouvelles sources de financement", selon les termes de son président André Deljarry.

En effet, la CCI 34 devrait enregistrer une baisse de 50 % en trois ans de la taxe pour frais de chambre, qui passerait donc de 8 à 4 M€, "même si la CCI conserve entre 5 et 6 M€ provenant de l'apport des collectivités et des actifs que nous pouvons valoriser, ce qui maintiendra notre budget à 10 M€ à cette date de 2022", rappelle André Deljarry.

Changement de philosophie

Le nouveau modèle de la CCI 34, élaboré sur la base d'une étude d'impact économique rédigée par le cabinet parisien Good Will, repose sur "un service de qualité payant, répondant aux attentes du marché, de la TPE jusqu'au grand groupe de plusieurs centaines de salariés, dans la Métropole comme les territoires ruraux ou périurbains".

Rappelant plusieurs des missions phare qu'elle exerce depuis quelques années - la rôle d'opérateur de l'État dans la mise en oeuvre du fonds de revitalisation Cameron (du nom de l'industriel biterrois), d'organisateur d'événements comme le salon de l'aéronautique Intersud, ou de partenaire stratégique dans l'attractivité des collectivités territoriales -, la CCI 34 indique que ces nouveaux services seront adossés à cette chaîne de valeur.

"Nous devons déterminer ce que nous pouvons facturer, sans être en concurrence avec les entreprises exerçant ces métiers sur le terrain. Mais notre panel de prestations doit évoluer, et ce par type de client ciblé. Cette réflexion doit conduire à un service moderne, plus rapide. Les entreprises attendent désormais un service personnalisé", décrit André Deljarry.

Parmi les pistes évoquées : la digitalisation totale du CFE (centre de formalités des entreprises) d'ici 2021, la création de packs d'accompagnement des entreprises pouvant aller jusqu'à la rédaction d'actes juridiques, le développement d'offres packagées "comme elles existent déjà pour la restauration", le lancement de nouvelles offres telles que "L'Atelier CCI" et "L'Atelier design" avec la recherche de financements correspondants, ou encore la mise en place d'une nouvelle ingénierie de formation et d'une nouvelle force commerciale.

Une nouvelle ingénierie de formations

Sur le sujet de la formation, appelé à devenir "l'axe majeur du développement économique", André Deljarry souhaite pousser la mise en place, en novembre 2018, d'une "ingénierie agile" débouchant sur des formations mixtes, ou "paraformations", selon les besoins.

"À côté de l'offre de formation que nous proposons à des jeunes et des très jeunes dans des structures telles que MBS ou les CFA, nous devons améliorer l'adéquation entre l'offre et la formation des 40-50 ans, car près d'un Français sur deux souhaite désormais créer son activité", argumente André Deljarry.

Soulignant à de nombreuses reprises l'impact de la baisse de crédits sur l'organisation interne de la CCI 34, André Deljarry annonce que certains services internes pourraient fermer ou sensiblement évoluer (suppression du poste de référent RSE, externalisation de la réalisation des études économiques). Il confirme aussi que le plan de licenciements portant sur la suppression de 25 emplois sera entré en vigueur d'ici au 31 décembre 2018, tout en rappelant la mise en route d'une action RH pour l'accompagnement au changement des personnels de la chambre.

"Même si certaines fonctions seront déterritorialisées comme l'illustre le CFE, nous continuerons à exercer une mission d'État, en nous appuyant sur la dynamique engagée avec Béziers et Sète, en continuant des actions comme notre programme d'événements (Le Grand Bazar, Visio Commerce, La Place Créative), en donnant un nouvel élan au Club des croisières sur le port de Sète, en achevant de gros chantiers comme la rénovation du parc des expositions de Béziers, en développant nos deux aéroports... La CCI Hérault continuera à exister longtemps."

La CCI 34 compte 84 000 entreprises sur son périmètre, et enregistre 5 000 créations d'entreprise par an. Selon l'étude du cabinet Good Will, les 10 M€ de taxes qu'elle perçoit se traduisent par une empreinte économique de 372 M€ et 2 400 emplois sur ce territoire.

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