Développement durable et entreprises : intentions ou actions ?

Où en sont les entreprises dans leur démarche pour allier développement économique et durable ? C’est pour mieux comprendre la place du développement durable dans la stratégie des entreprises que la Jeune chambre économique française a lancé une enquête terrain. Andreea Acxinte, présidente de la Jeune chambre économique de Montpellier, décrypte les résultats dans l’Hérault.
Cécile Chaigneau
Dans l'Hérault, 59 % des répondants intègrent réellement le développement durable dans leurs organisations.
Dans l'Hérault, 59 % des répondants intègrent réellement le développement durable dans leurs organisations. (Crédits : DR)

La Jeune Chambre Économique Française (JCEF) a initié une enquête nationale intitulée "Optimisons nos ressources pour allier développement économique et durable" auprès de ses membres de la JCEF de mai à septembre 2020. Objectif : mieux connaître l'implication des entreprises en matière de développement durable et leur capacité à transformer la crise liée au Covid-19 en opportunité. Quelque 2 635 chefs d'entreprises, cadres dirigeants, responsables associatifs et membres de collectivités territoriales y ont répondu.

« Le sujet de cette enquête correspond à la thématique que nous avons choisi de traiter pour les trois années à venir et nous avions besoin d'un état des lieux », précise Andreea Acxinte, consultante en financements européens et présidente de la Jeune chambre économique de Montpellier.

Dans l'Hérault, l'enquête a enregistré 139 répondants - « un seuil suffisant pour être significatif », assure la jeune femme - dont 37 % de TPE et des entreprises majoritairement dans les services (44 %).

Parmi les répondants, 75 % ont été touchés sévèrement par la crise sanitaire, les plus fragilisées étant sans surprise les micro-entreprises et les TPE.  Point positif : 26 % d'organisations déclarent avoir pris des décisions immédiates concernant le développement durable et 54 % concernant l'organisation logistique (circuit courts, approvisionnement plus local).

Cycle de vie des produits ou services : une prise de conscience

L'enquête révèle que dans l'Hérault, 59 % des répondants intègrent réellement le développement durable dans leurs organisations et 81 % des organisations « ont pour ambition d'intégrer plus fortement le développement durable dans leur stratégie à moyen terme » (75 % au niveau national).

60 % des décideurs économiques déclarent s'engager dans une démarche de développement durable par conviction personnelle, dont ¼ parce qu'ils sont stimulés par leurs clients.

Par ailleurs, il apparaît que 68 % des organisations se soucient fortement du cycle de vie de leurs produits ou de leurs services (40 % au niveau national), un chiffre qui pourrait traduire « une prise de conscience forte et collective de la nécessité d'une relocalisation efficace des productions et de réduction des déchets produits ou de recyclage ».

Reste que 32 % semblent peu s'en soucier...

« C'est un concept nouveau qu'il faut encore travailler, observe Andreea Acxinte. L'enquête révèle que ce désintérêt viendrait pour 35 % d'un manque de compétences. Il y a aussi le fait que ce soit plus coûteux, ainsi qu'une forte demande d'accompagnement pour penser cette transition. On sait que 40 % ne font pas partie d'un réseau et se retrouvent donc isolés... Le but de l'enquête est de trouver des actions à proposer à l'avenir. »

Une action locale est ainsi envisagée par la JCE de Montpellier avec l'entreprise héraultaise Sofi Groupe, basée à Saint-Mathieu-de-Tréviers et spécialisée dans le reconditionnement de smartphones (et tablettes) sous la marque SMAAART.

« On sait par exemple que les gens recyclent très peu les téléphones portables, pointe la présidente de la JCE de Montpellier. Cette action permettrait de sensibiliser sur ce point et d'inciter davantage les gens à sortir leurs vieux portables des tiroirs où on les oublie... Nous souhaitons aussi trouver action sur le recyclage de matière autres que le papier. »

Dans l'Hérault, l'augmentation de l'usage de numérique de plus de 54 % depuis la crise a amené les entreprises à faire plus d'attention à la pollution de ce secteur : 41 % des structures du département envisagent de faire plus d'attention à l'empreinte du numérique sur l'environnement, contre 36 % avant la crise.

Quatre leviers d'action

« Les résultats de cette enquête nationale et locale nous montrent que nous avons le contexte pour vraiment agir ​à toutes les échelons pour changer notre économie, notre mode de consommation, nos rapports avec l'environnement, souligne Andreea Acxinte. L'étude montre un intérêt des structures pour une société plus verte, inclusive, une économie circulaire, un bien-être collectif durable dans les organisations. C'est à nous maintenant, entreprises, organisations et citoyens, d'entreprendre des actions concrètes dans cette direction durable... Il n'y a pas que des déclarations d'intention dans cette enquête, mais cela reste encore insuffisant, on peut aller plus loin. La crise du Covid a permis de mettre en avant la nécessité des circuits courts, de la mutualisation des ressources. Certains ont réalisé que s'approvisionner en Chine les paralysait, même si ça coûte plus cher de relocaliser leur approvisionnement. »

L'enquête de la JCEF permet d'identifier quatre leviers d'actions : faire évoluer la chaîne d'approvisionnement et réduire les distances et le nombre des intermédiaires (plus de 50 % des répondants) ; améliorer la performance environnementale à moyen terme par l'intégration des supports de communication durable, un numérique plus responsable mais également la substitution par des matières premières moins impactantes ; mettre en place une démarche d'écologique industrielle et territoriale  (collecte et traitement de déchets, approvisionnement commun, partage de ressources, partage d'équipement) ; adhérer à des réseaux d'entrepreneurs qui ont les mêmes problématiques et valeurs.

Du côté de l'évolution de la perception du télétravail dans les entreprises, Andreea Acxinte constate « une énorme avancée, ce qui limite les transports et donc l'impact sur l'environnement, mais il ressort qu'il faut faire du télétravail mixé avec le présentiel pour nourrir l'esprit d'équipe ».

Cécile Chaigneau

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