Les loisirs indoor sont-ils les oubliés de la crise sanitaire ?

Ils représentent environ 200 structures et 1.500 emplois sur la région Occitanie et se décrivent comme les oubliés des annonces gouvernementales. Les exploitants de salles de jeux et de loisirs indoor font état de grandes difficultés face à la crise sanitaire. Le risque ? Des faillites en série dans cette filière jeune et dynamique, caractérisée par des niveaux de charges fixes très élevés. Des exploitants montpelliérains témoignent.
(Crédits : DR)

Le 23 novembre dernier, l'association SPACE (association des espaces de loisirs indoor) publiait une tribune alarmiste sur la situation de ces structures qui représentent près de 2.000 entreprises et 12.000 salariés en France. La région Occitanie compte, elle, quelque 200 structures pour 1.500 emplois.

Premières à fermer pour ce deuxième confinement et dernières à rouvrir, les entreprises feraient ainsi face à des pertes de chiffre d'affaires de l'ordre de 80%, alors qu'elles ont des charges fixes importantes, notamment pour les loyers.

La métropole de Montpellier n'échappe pas à l'engouement autour de ces nouveaux espaces de loisirs (escape game, salles de réalité virtuelle, salle de jeux...), et les ouvertures se sont multipliées ces dernières années.

La crise sanitaire vient pour beaucoup stopper une croissance importante et reporte des projets d'ouverture, sans oublier les risques réels de faillite pour les structures les plus fragiles.

Plus de 5 mois de fermeture en 2020

"Notre filière n'est jamais citée dans les annonces et nous avons du mal à nous projeter dans les mois à venir, explique Abdel Sghir, co-fondateur de Upside, centre de réalité virtuelle à Mauguio (34). Plus de cinq mois de fermeture, ce sont 50% de chiffre d'affaires en moins, alors même que nous avons débuté cette année avec une croissance de 30% et que deux ouvertures en franchises étaient prévues."

Même constat chez Benjamin Rolland, exploitant de la salle The Cluster (arène de réalité virtuelle) à Montpellier, qui déplore une année "quasi blanche". D'autant que la structure avait été lancée en décembre 2019, "notre base de calcul pour les aides sont donc nos mois de lancement, avec un chiffre d'affaires même pas suffisant pour payer le loyer. Dans ce secteur jeune, pour beaucoup d'entreprises le calcul des aides est faussé".

Des loyers qui pèsent pour près de 50% du CA

Le loyer est en effet un poste de charges fixes très important pour ces structures qui louent souvent des espaces importants pour accueillir leurs activités.

"Quand Emmanuel Macron annonce une aide à hauteur de 20% du chiffre d'affaires, ce n'est pas adapté à la situation des salles de loisirs indoor pour lesquelles le loyer représente en moyenne 50% du chiffre d'affaire", abonde Patrick Gamot, vice-président de l'association SPACE.

Benjamin Faure, chez Sportbreak (salle de sport connecté) installée à Baillargues, "les charges fixes moyennes mensuelles sur le secteur sont autour des 17.000 euros, une somme importante, surtout quand nous ne pouvons pas travailler".

Et si pour beaucoup de structures, des reports ont été possibles, les sommes seront dues dans les prochains mois. Une situation d'accumulation qui fait craindre une accélération des faillites en 2021.

"Aujourd'hui, on essaie de se faire entendre auprès du gouvernement pour une prise en charge totale de nos frais d'exploitation sur la période, détaille Patrick Gamot. 50% de nos entreprises ont moins de cinq ans d'existence et elles ne sont pas assez solides pour supporter cette crise."

Beaucoup d'espace et des gestes barrière

Surtout que les professionnels du secteur dénoncent aussi une méconnaissance des autorités envers leurs activités et un traitement injuste. Première filière à avoir fermé pour ce deuxième confinement (dès le 12 octobre, avant les restaurants et les commerces), elle sera aussi la dernière à rouvrir, probablement le 20 janvier 2021.

"Chez Sportbreak on dispose pourtant de bien plus de 8 m2 par client, et sur certaines activités comme le ski en VR, c'est même 40 m2", plaide Benjamin Faure.

Même témoignage pour Sandra Grazioli, exploitante de la salle d'escape game Prizoners à Castelnau-le-Lez : "Dans notre local de 200 m2, nous recevons des groupes en réservation, qui ne se croisent pas et les jeux sont désinfectés. Ce deuxième confinement était une douche froide".

Décembre : la désertion du BtoB

Avec une perspective de réouverture aussi tardive, les salles de loisirs indoor resteraient donc fermées pendant leur haute saison de l'année, le mois de décembre, et perdent une clientèle d'entreprises pouvant représenter près de 50% du chiffre d'affaires de certaines structures.

"Le mois de décembre représente un chiffre d'affaires cinq fois plus important que les autres mois, explique Benjamin Faure. Les entreprises organisent notamment des activités de fin d'année pour leurs salariés et privatisent nos espaces. Mais tout est annulé cette année."

Pour faire face, certaines entreprises tentent de se réinventer et proposent des alternatives en ligne.

"On a mis en place des aventures en visio, détaille Sandra Grazioli de Prizoners. C'est une transposition de nos enquêtes proposées normalement comme une activité d'entreprises, dans des lieux atypiques. C'est un relai de croissance temporaire mais ça ne remplace pas les activités en physique."

Chez d'autres exploitants comme The Cluster, malgré l'arrêt des réservations, l'entreprise continue de prospecter pour commercialiser sa licence d'exploitation dans le marché très dynamique des salles de réalité virtuelle (2 milliards de dollars en 2019) et affichait une croissance d'activité de 59% entre 2018 et 2019.

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