Les pistes de la filière événementielle : solidaires, innovants et écoresponsables

En Occitanie, un an après le début de la crise sanitaire, les professionnels de la filière événementielle dressent un état des lieux inquiétant. Constatant les limites de l’exercice digital de l’événement, ils jouent la carte du rapprochement et cherchent comment se réinventer pour s’assurer un avenir. Par exemple accélérer sur la création d’événements écoresponsables.
(Crédits : DR)

En France, le secteur de l'événementiel représente 335.000 emplois et génère 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Fortement impactés par les effets de la crise sanitaire, des professionnels de la filière basés en Occitanie se sont réunis (en visioconférence) le 25 février 2021 pour échanger et trouver des pistes de rebond.

Annulation en séries de foires et salons, événements culturels déprogrammés... La pandémie a complètement paralysé le secteur. Le verdict, pour beaucoup, est sans appel.

Un état des lieux désastreux

« En 2020, j'ai réalisé - 78% de mon activité en événementiel et je suis à - 97% en ce début d'année, se désole Nadine Thomas, directeur général de LMP Accueil et Services.

Même son de cloche du côté de Isabelle Husser, co-gérante d'Husser Traiteur : « Nous n'avons plus d'activité de traiteur dans l'événementiel depuis un an, aucune perspective à venir. Tous les mariages ont été reportés à 2021 mais nous n'avons pas plus de visibilité à ce jour... Les événements professionnels mettent des mois à se monter... C'est très inquiétant ».

Président du collectif Repère Méditerranée et Com-Event organisation, Grégory Blanvillain évoque des pertes de - 75 à - 90%. De son côté, Cédric Fiolet, directeur général de la SPL Occitanie Events (Sud de France Arena) parle d'un volume d'affaires en baisse de 65%.

« Les perspectives 2021 s'assombrissent de semaine en semaine, s'inquiète-t-il. Nous avons la chance de pouvoir organiser des événements en huis clos, comme en ce moment Open Sud de France, mais nous ne voyons se profiler aucune ouverture au public avant septembre prochain. »

La digitalisation déçoit

Forcé de se réinventer, l'événementiel a vu dans la digitalisation de nouvelles opportunités mais, après quelques mois d'expériences, en a vite saisi les limites.

« Nous avons tenté le pari d'un salon de l'immobilier digital mais il n'a pas eu l'effet escompté, avoue Guilhem Michel, organisateur des salons de l'immobiler Nîmes et Montpellier. Le digital ne remplacera jamais l'ADN de l'événementiel. Nous allons repenser le modèle mais ce sera uniquement en complément de nos événements physiques ! »

Un avis partagé par les autres intervenants, dont Cédric Fiolet : « La digitalisation n'est pas notre métier. Nous, c'est le contact humain qui nous rassemble. De plus, un événement digital se prépare, il ne suffit pas de poser une caméra. Personnellement, je ne vois pas vraiment l'intérêt d'investir dans le tout numérique qui ne me servira pas par la suite ».

Se rassembler

Loin de rester les bras croisés, les professionnels de la communication et de l'événementiel s'organisent autour de l'adage « tout seul on va vite, ensemble on va plus loin ». C'est dans ce contexte que Repère, collectif engagé pour le développement de la filière événementielle sur l'arc méditerranéen, a vu le jour en novembre dernier.

« Bien que les activités des acteurs de l'événementiel soient différentes, elles demeurent complémentaires, déclare Grégory Blanvillain. L'idée est de défendre nos intérêts et de fédérer On peut très bien imaginer que cette synergie et cette solidarité entre les adhérents (70 à ce jour, NDLR) donnent lieu à des coproductions d'événements pour partager les valeurs mais aussi les risques. Nous avons créé un groupe de travail observatoire et veille qui a pour objectif de favoriser les échanges formels et informels sur différentes problématiques. Nous travaillons, par exemple, en ce moment sur une proposition de conditions générales de vente adaptée à tous. »

Monter des événements écoresponsables

Face aux enjeux environnementaux, de nombreux acteurs du secteur se disent prêts à s'engager dans des démarches visant à créer des événements durables. Un virage important, source de nouvelles compétences et innovations.

« La responsabilité de notre secteur en matière de RSE est très importante, affirme Grégory Blanvillain. Aujourd'hui, les donneurs d'ordres s'intéressent à toute la chaîne de valeur : avant, pendant et après l'événement. Il faut prendre ce virage en organisant des séminaires ou des événements écoresponsables. Nous incitons d'ailleurs tous nos adhérents à monter en compétence pour adopter une politique RSE. »

« J'ai décidé de m'engager dans un label écologique et de mettre en œuvre des principes de développement durable pour diminuer au minimum l'empreinte de nos événements : diminution et recyclage des déchets, économie d'eau, suppression d'activités polluantes... Il y a du travail mais la crise sanitaire a au moins le mérite de nous faire réfléchir différemment », estime Nadine Thomas qui travaille en collaboration avec un artiste sur une collection de vêtements visant à « dé-ringardiser » l'image de l'hôtesse d'accueil sur ses événements. Elle étudie également la piste d'hôtesses virtuelles.

Même si pour ces professionnels demain est encore loin, chacun tente de s'adapter. « Nous devons être force de proposition, nous réinventer et être solidaires. Surtout ne restez pas seuls », conclut l'organisateur de salons Guilhem Michel.

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