Fabrique de bas : dans les Cévennes, le savoir-faire (unique) de L’Arsoie-Cervin ne connaît pas la crise

Dans les Cévennes méridionales, L’Arsoie-Cervin perpétue la confection traditionnelle des bas de luxe en soie et de nylon. Dotée de métiers à tisser mécaniques exceptionnels, pour certains classés monuments historiques, l’entreprise est reconnue mondialement pour son savoir-faire, grâce à une stratégie e-commerce pertinente. Elle multiplie désormais les projets de nouvelles collections et veut doubler sa production de bas de soie pour 2022.
L'entreprise L'Arsoie-Cervin, dans les Cévennes gardoises, fabrique des bas de soie sur des machines à tisser traditionnelles.
L'entreprise L'Arsoie-Cervin, dans les Cévennes gardoises, fabrique des bas de soie sur des machines à tisser traditionnelles. (Crédits : L'Arsoie-Cervin)

Dans les contreforts cévenols, l'âge d'or de culture du vers à soie (sériciculture), des filatures et de la bonneterie fait partie du passé. Pourtant quelques entreprises continuent à faire vivre ces traditions. Au premier rang d'entre elles, L'Arsoie-Cervin, qui est la seule à fabriquer des bas de soie sur des machines à tisser traditionnelles, un savoir-faire unique qui lui vaut une reconnaissance mondiale.

L'entreprise labellisée "patrimoine vivant", est une affaire familiale. Serge Massal, son P-dg est la troisième génération à la tête de la société, fondée à Sumène (30) en 1920.

« Nous étions, au départ, une entreprise de bonneterie et nous avons recommencé une activité autour de la soie en 1996, explique-t-il. Je voulais réinvestir ce créneau de marché qui avait fait la renommée des Cévennes et de certaines entreprises comme les Bas Lys. On achète aujourd'hui les fils à des mouliniers français ou italiens, car la sériciculture s'est perdue en Cévennes après la Seconde Guerre Mondiale et la maladie du vers à soie. Notre particularité est de travailler sur des métiers Reading qui reproduisent d'authentiques bas coutures. »

Patrimoine industriel

Ces métiers constituent un patrimoine industriel unique pour l'entreprise, et sur les dix métiers de la marque Cotton disponibles dans le monde, quatre sont installés dans les locaux de L'Arsoie-Cervin.

« Nous venons d'acquérir une nouvelle machine qui nous permettra de produire des bas Fully Fashioned (sans coutures, NDLR), dès l'année prochaine en 100% soie et 100% nylon. Nous sommes aussi les leaders mondiaux sur les bas très fins de sept et dix deniers. »

L'entretien d'un patrimoine industriel demande de trouver aussi des personnes compétentes sur le plan technique et dans la confection. L'entreprise, qui compte 25 salariés pourrait aisément embaucher plus de monde.

« Nous augmentons progressivement les capacités de production, mais il est difficile de trouver du personnel qualifié », regrette le dirigeant.

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Déjà 1,8 million de chiffre d'affaires en 2021

Mais la success-story de L'Arsoie repose aussi sur sa stratégie digitale. L'entreprise a fait le choix du e-commerce et vend 60% de sa production à l'export, notamment en Asie. Avec un chiffre d'affaires de 1,8 million d'euros sur les six premiers mois de 2021, l'entreprise entend faire encore mieux l'année prochaine grâce à ses nouvelles capacités de production et de nouvelles collections. Pulls, nuisettes, caracos, écharpes ou encore slips pour hommes sont en prévision.

« Surtout, j'aimerais doubler le pôle bas de soie d'ici 2022, pour l'amener à représenter 200.000 euros de chiffre d'affaires », conclut Serge Massal.

Des bas de soie déjà adoptés par les danseuses du Crazy Horse, les chanteuses internationales Beyonce et Rihanna, ou encore la comédienne Catherine Deneuve...

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