Le bateau électrique à foil de Neocean, futur drone de surface naval pour la défense ?

Discret, furtif, sans sillage ni signature thermique. L’Overboat de l’entreprise sétoise Neocean, catamaran électrique à foil autorégulé, intéresse officiellement le secteur de la défense. C’est ce que confirme son dirigeant, Vincent Dufour, qui vient de boucler une levée de fonds.
Cécile Chaigneau
Les technologies embarquées sur l'Overboat de Neocean, un catamaran électrique à foil autorégulé, individuel et léger, qui file jusqu'à 15 nœuds (28 km/h) sans faire de bruit et ni d'émissions polluantes dans l'eau, pourraient vivement intéresser le secteur de la défense.
Les technologies embarquées sur l'Overboat de Neocean, un catamaran électrique à foil autorégulé, individuel et léger, qui file jusqu'à 15 nœuds (28 km/h) sans faire de bruit et ni d'émissions polluantes dans l'eau, pourraient vivement intéresser le secteur de la défense. (Crédits : Neocean)

Annoncée comme bien avancée en juin dernier, la 2e levée de fonds (1,5 million d'euros) de l'entreprise sétoise Neocean, spécialiste du catamaran électrique à foil, est cette fois bouclée depuis fin octobre. Son dirigeant, Vincent Dufour, a réussi à convaincre ses actionnaires historiques et lève aussi des fonds sur WiSEED (via la plateforme Épargne Occitanie, pilotée par l'acteur du crowdfunding WiSEED, en partenariat avec la Région Occitanie et la CCI de région) ou encore auprès du fonds Sud Mer Invest (fonds d'investissement dédié à l'économie de la mer, créé par la Banque Populaire du Sud et sa filiale le Crédit Maritime Méditerranée), d'un pool bancaire et de Bpifrance.

Son produit-phare aujourd'hui, c'est l'Overboat, un catamaran électrique à foil autorégulé, individuel et léger, qui file à 7,5 nœuds (14 km/h) et jusqu'à 15 nœuds (28 km/h) en vitesse maximale, ne nécessite pas de permis et s'affiche comme respectueux de l'environnement marin car sans bruit et ni émissions polluantes dans l'eau. Une cinquantaine ont déjà été vendus, notamment à des bases nautiques ou au Stade nautique olympique de Paris pour la Fédération française de canoé-kayak à destination des entraîneurs qui peuvent ainsi suivre les sportifs sans faire de vague.

Short-listé pour les JO Paris 2024, le dirigeant attend une réponse début 2023.

Doubler les capacités de production

« Nous sommes en train de doubler les capacités de production pour répondre à des demandes croissantes, indique Vincent Dufour. Aujourd'hui, on construit un bateau par semaine et nous voulons monter à deux par semaine. Nous cherchons donc des solutions avec les sous-traitants, notamment LR Composite à Canet-en-Roussillon ou le group Carboman-Ouest Composite Industrie (en Bretagne, NDLR). »

Le modèle Overboat 150, à deux places et qui va plus vite, nécessitant un permis bateau, est sur le point de sortir.

« Le dernier étage de la fusée, ce sera les Etats-Unis où nous avons un beau potentiel pour exporter l'Overboat, surtout pour le biplace pour lequel nous avons beaucoup de marques d'intérêt, ajoute le dirigeant. A terme, nous devrions créer une structure de production locale en joint-venture. C'est un dossier qui devrait avancer pour la fin 2023. »

Cette technologie du foil va être déclinée sur un 2e produit : le Dayboat, un bateau électrique de plus de 8 mètres de long, capable d'accueillir une famille.

« Nous avons des clients professionnels du milieu de la mer, connus et reconnus, qui sont intéressés, et côté partenaires, une grande marque connue veut travailler avec nous pour fabriquer le bateau à foil avec notre technologie », annonce Vincent Dufour, qui reste discret sur l'identité de ces marques d'intérêt.

Discret et furtif

Mais une autre application des technologies embarquées sur l'Overboat se profile de plus en plus sérieusement. Comme avait commencé à l'évoquer Vincent Dufour avant l'été, le secteur naval-défense regarde de très près l'Overboat.

« Il existe une nouvelle clientèle, française et étrangère, dans le domaine sécurité-défense, des grands comptes qui sont très intéressés par notre capacité à faire un drone de surface naval (aussi appelé véhicules de surface sans pilote, en anglais unmanned surface vehicle, USV, ndlr), un sujet sur lequel la France est à traîne, explique Vincent Dufour. Ce qui les intéresse, c'est la conception de notre bateau, qui peut "voler" sans personne, mais aussi la dimension discret et furtif de l'Overboat car il ne fait pas de sillage, pas de bruit et n'a pas de signature thermique. Il n'est donc pas détectable. L'actualité nous a rattrapé car les USV se révèlent des armes redoutables. »

L'entreprise annonce 18 collaborateurs et prévoit de recruter un directeur opérationnel et deux commerciaux. Après un chiffre d'affaires de 450.000 euros en 2021, le dirigeant prévoit un atterrissage 2022 à plus d'un million d'euros.

Cécile Chaigneau

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