Electric Motion met les gaz et veut quadrupler sa production de motos électriques

Electric Motion va investir 5,5 millions d’euros dans un nouveau site à Saint-Brès (Hérault). En pleine croissance, le constructeur de motos électriques veut accélérer sur sa production tout en poursuivant sa course à l’innovation.
Loisir ou compétition, Electric Motion a déjà produit 6.000 motos électriques
Loisir ou compétition, Electric Motion a déjà produit 6.000 motos électriques (Crédits : Electric Motion)

En créant Electric Motion en 2009, Philippe Aresten a fait le pari, audacieux pour l'époque, de la propulsion électrique sur le segment de la moto trial. Pendant huit ans, à grand renfort d'ingénierie, d'innovation et de financement - « des centaines de milliers d'euros financés en fonds propres », précise le fondateur -, la société héraultaise est restée sur la même ligne de conduite : construire des motos zéro émission, zéro bruit, zéro entretien.

A partir de 2017, l'entreprise est entrée en phase de production et a déménagé sur un site de 1.000 m2 à Vendargues (Hérault). Six ans plus tard, Electric Motion est à un nouveau tournant de son développement.

« Je n'avais pas prévu une telle accélération, avoue le fondateur de Electric Motion. En 2022, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 8,6 millions d'euros, contre 7 millions d'euros en 2021, et cette année, nous allons taquiner les 10 millions d'euros. Nous sommes désormais trop à l'étroit, la construction d'une usine à Saint-Brès (Hérault, NDLR) était indispensable pour poursuivre notre expansion. »

Une longueur d'avance

Electric Motion a déjà produit plus de 6.000 motos (soit une cadence moyenne de l'ordre de 1.500 motos par an) déclinées en deux modèles tournés vers le tourisme (Escape) ou la compétition (Epure) - et quatre versions, toutes homologuées 125 cm3. Prix moyen des motos : 8.000 euros.

« Nous sommes un vrai constructeur de véhicules, insiste Philippe Aresten. Les 300 composants qui entrent dans la fabrication de nos motos sont industrialisés en interne ou avec des sous-traitants partenaires exclusivement européens. Notre cellule R&D est très active (5% du chiffre d'affaires de l'entreprise est dédié à l'innovation, NDLR). Quand nous avons démarré, il a fallu tout inventer. Aujourd'hui, nos concurrents - Yamaha, KTM, Harley Davidson... - achètent nos modèles pour les démonter et trouver comme ils fonctionnent. »

Traction control, système anti-reverse, frein régénératif progressif permettant de récupérer de la capacité de charge grâce à un freinage manuel... Les motos électriques sont dotées de nombreuses technologies et d'aides au pilotage. Des innovations qui pourtant n'ont pas fait l'objet d'un dépôt de brevet.

« Déposer un brevet pour une petite entreprise est coûteux et fastidieux car vous n'êtes pas accompagnés, regrette le P-dg. Bien sûr, il y a le risque d'être copié. Pour cela, j'ai trouvé la parade : avoir toujours une longueur d'avance. »

De fait, Electric Motion travaille actuellement sur des innovations  qui seront commercialisées en 2025, voire 2026. Sept nouveaux modèles sont à l'étude, avec notamment une gamme (trois modèles) pour les enfants et pour le marché off-road.

Usine ultra optimisée

Face à un marché électrique en pleine mutation, Electric Motion enclenche la vitesse supérieure avec la construction, sur la ZAC Cantaussel à Saint-Brès, de sa nouvelle usine de 3.000 m2, soit le triple de sa surface actuelle. L'investissement s'élève à 5,5 millions d'euros.

« Avec mon équipe, nous avons dessiné les plans de manière à optimiser les flux, de l'entrée du matériel au produit fini, confie Philippe Aresten. Notre système de production va nous permettre d'intégrer le groupe moto-propulseur (ensemble des organes mécaniques d'un véhicule qui produisent et assurent son mouvement, NDLR). Alors que jusqu'à présent, l'opérateur utilisait dix bancs de production où les motos sont fixées, une nouvelle ligne de production dynamique va optimiser la gestion (notamment en cas de problème d'approvisionnement, NDLR) et permettre de quadrupler notre production, en fabriquant 6.000 motos par an. »

Le déménagement de la société est prévue en octobre 2023.

Marchés émergents

Avec sa team de deux pilotes chevronnés, Gael Chatagno (vice-champion du monde de trial-E) et Margaux Pena, Electric Motion a prouvé que ses motos pouvaient rivaliser avec les meilleures thermiques du moment.

Reconnue à l'international, la marque, présente dans 44 pays (via des importateurs, distributeurs...), réalise 85% de son chiffre d'affaires à l'export.

« Mis à part le vin et la mode, la France n'est plus un pays d'avant-garde, se désole le dirigeant. Dans le domaine électrique, elle est même à la traine en comparaison de pays comme les USA sur la côte ouest, l'Angleterre, l'Allemagne ou l'Australie. Déjà en 2010, j'avais mené une enquête où il apparaissait clairement que les pays qui s'intéresseraient à nous ne seraient pas ceux de la vieille Europe. Nous nous sommes toujours heurtés à des réticences, néanmoins les mentalités commencent à évoluer. »

Japon, Asie du Sud, Indonésie, Emirats, Amérique du Sud... De nouveaux marchés s'ouvrent pour Electric Motion, qui veut aussi booster les ventes auprès des particuliers en proposant, à partir de son site internet, l'essai et la livraison directe des motos chez les futurs acquéreurs.

Doubler les effectifs

En parallèle de son activité de constructeur, la société montpelliéraine a développé une activité de consultant d'ingénierie et de concepteur de prototype. Un bureau d'études dédié sera intégré dans la nouvelle usine.

Pour accompagner sa croissance, Electric Motion entend doubler ses effectifs d'ici 2026 et passer ainsi le cap de la cinquantaine de collaborateurs.

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