La direction de Midi Libre annonce un plan de départs (finalement) contraints

La direction du quotidien régional Midi Libre, évoquant « une situation extrêmement grave, qui oblige Midi Libre à s'orienter vers le scénario du pire », annonce aux salariés le déclenchement d’un plan de sauvegarde de l’emploi prévoyant la suppression de 45 postes, parmi lesquels des départs contraints. « Il impactera les plus jeunes salariés de l’entreprise », prévient le directeur général. Une situation dénoncée par le SNJ, principal syndicat du quotidien.
La direction du quotidien régional Midi Libre annonce le déclenchement d’un plan de sauvegarde de l’emploi prévoyant la suppression de 45 postes, parmi lesquels des départs contraints.

Changement de cap : contrairement à ce qui avait été annoncé le 8 décembre par la direction du quotidien régional Midi Libre, le plan de départs volontaires pour 45 postes sera contraint.

Les salariés l'ont appris dans un courriel envoyé le 16 mars par la direction du quotidien*, propriété du groupe de presse La Dépêche depuis 2015 (président : Jean-Michel Baylet), et que l'AFP a pu consulté le 17 mars. Le directeur général de Midi Libre, Jean-Benoît Baylet, y annonce ainsi le déclenchement d'un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) « fondé sur des départs contraints », qui « impactera, et je le déplore, prioritairement les plus jeunes salariés de l'entreprise ». Le dirigeant évoque « une situation extrêmement grave, qui oblige Midi Libre à s'orienter vers le scénario du pire ».

Selon la direction du journal, cette mesure est la conséquence du refus par le Syndicat national des journalistes (SNJ), syndicat majoritaire au sein de Midi Libre, de signer le plan de départs volontaires annoncé en décembre. Une position qu'elle qualifie d' « inexplicable ».

« Ce sera très dur de faire un journal »

Le principal point d'achoppement était l'exigence du SNJ qu'aucun départ contraint n'ait lieu si le nombre de 45 départs volontaires n'était pas atteint. Une exigence que refusait Jean-Benoît Baylet.

Toujours d'après ce courriel de la direction de Midi Libre aux salariés, ce PSE coûtera « bien plus cher à l'entreprise, limitera l'accompagnement des partants et maintiendra à leur poste d'autres salariés qui, eux, envisageaient de quitter le journal en bénéficiant d'une indemnité significative ».

Le SNJ a regretté, le 18 mars, « la volonté de la direction de partir sur des départs contraints » de salariés dans le cadre de la réorganisation du journal, a indiqué une de ses déléguées à l'AFP.

« Le SNJ avait proposé une réunion avec la direction ce lundi 20 mars, qui a été refusée et nous le regrettons, déclare Cathy Rocher, du SNJ, à l'AFP. Comme nous regrettons la volonté de la direction de partir sur des départs contraints si le nombre des 45 départs volontaires, dont 26 journalistes et neuf assistants d'agence (auxquels s'ajoutaient dix postes techniques, NDLR), n'était pas atteint. »

Elle souligne par ailleurs qu'« il faut se rendre compte que si 26 journalistes doivent quitter la rédaction, ce sera très dur de faire un journal ».

2,8 millions de déficit en 2023

Le plan, présenté en décembre en CSE extraordinaire et baptisé "Renaissance", prévoyait le retour à un résultat positif en 2024. Après un déficit attendu de 1,6 million d'euros pour 2022, le quotidien régional anticipe un déficit de 2,8 millions d'euros en 2023, face à une érosion continue des recettes de la diffusion et de la publicité, en baisse de respectivement 8 millions et 2 millions d'euros sur quatre ans.

La diffusion totale payée s'élevait à 79.000 exemplaires en juin 2022, au lieu de 96.000 en 2018, selon l'Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.

Dans un communiqué du 9 décembre 2022, au moment de l'annonce du futur plan de réduction des effectifs, le SNJ écrivait dans un communiqué : « La rédaction, le cœur du réacteur de l'entreprise, déjà affaiblie par une diminution régulière de ses effectifs depuis de nombreuses années, paie le prix fort de ce projet dit de "redressement ". Les interrogations sont très nombreuses sur le plan de réorganisation proposé, minimaliste, sans souffle ni imagination, simplement basé sur une vision comptable des choses, où chaque journaliste se voit assigner un nombre de pages à réaliser sans considération pour le contenu, pour la qualité éditoriale, totalement absente des discours. Devant le canevas de pagination proposé - sans prise en compte du tempo de l'actualité - les craintes sont réelles, de voir les lecteurs se détourner encore un peu plus de Midi Libre dont la rédaction n'aura plus les moyens de couvrir l'actualité sur l'ensemble de ses territoires. »

* Le quotidien régional Midi Libre et ses départementaux L'Indépendant (Pyrénées-Orientales et Aude) et Centre Presse - Le journal de l'Aveyron, regroupés au sein des Journaux du Midi, sont diffusés sur la partie Est de la région Occitanie (ex-Languedoc-Roussillon et Aveyron). Ce pôle emploie quelque 700 salariés, et comprend également des sites internet, un hebdomadaire, une agence de publicité et de communication, une imprimerie équipée de rotatives offset et d'une presse numérique et un service événementiel.

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