Cessions-acquisitions de PME : l’Occitanie dans le top 3 des régions

INTERVIEW - Avec 85 opérations de cessions-acquisitions de PME, le marché occitan enregistre, selon une étude menée par In Extenso Finance et Epsilon Research, une progression de 5%, contrairement à ses régions voisines de PACA (-21%) ou de Nouvelle Aquitaine (-4%). Portée par une belle dynamique, l’Occitanie se classe désormais au troisième rang des régions ayant réalisé le plus de deals en 2022. Décryptage.
Mathieu Dreno, directeur de In Extenso Finance Occitanie.
Mathieu Dreno, directeur de In Extenso Finance Occitanie. (Crédits : DR)

Acteur de référence dans le conseil en stratégie et ingénierie financière, et dans l'accompagnement et la conduite d'opérations de cession-acquisition, le groupe In Extenso Finance vient de publier son dernier panorama concernant le marché des cessions-acquisitions de PME en 2022. L'étude nationale a été menée avec Epsilon Research, fintech parisienne.

LA TRIBUNE - In Extenso Finance est spécialiste des cessions-acquisitions de sociétés cotées ou non. Pour quelles raisons cibler les PME ?

Mathieu DRENO, associé et directeur de In Extenso Finance Occitanie - Il existe très peu de données sur les PME, aussi nous sommes intéressés au segment de valorisation d'entreprises entre 1 et 50 millions d'euros. En Occitanie, ce segment constitue la majorité des transactions et correspond au tissu local. Micro-entreprises, TPE ou ETI n'ont pas été retenues dans l'étude.

Quel type d'acquisition a été pris en compte ?

Le panorama est basé sur les acquisitions majoritaires entraînant un changement de contrôle. Par exemple plusieurs fonds majoritaires prenant le contrôle d'une entreprise ou une personne qui rachète 80% d'une société. Les acquisitions minoritaires permettant à l'acquéreur de devenir majoritaire n'ont pas été prises en considération.

Sur le plan national, comment s'est comporté le marché des cessions-acquisitions en 2022 ?

Après un arrêt total des transactions, imputable à la crise sanitaire, puis un fort rebond en 2021, le marché, confronté à la guerre en Ukraine, aux tensions inflationnistes et aux remontées des taux d'intérêt, a fait preuve d'une forte résilience en 2022. Avec 1.080 opérations (contre 1.172 en 2021), l'activité du marché des cessions-acquisitions en France n'a reculé que de 8% par rapport à 2021 qui, rappelons-le, était une année exceptionnelle de rattrapage.

En progression de 5%, le marché occitan, qui a enregistré 85 opérations en 2022, fait donc une belle performance ?

Oui, c'est d'ailleurs la première fois que l'Occitanie se place sur la 3e place du podium en termes de transactions, derrière l'Ile-de-France (-9%, 387 transactions), et la Région Rhône-Alpes (+1%, 167 transactions). En comparaison, la région Nouvelle Aquitaine enregistre une baisse de 4% avec 74 transactions, et la Région PACA est à -21% avec 60 transactions.

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Comment expliquez-vous cette montée en puissance de ce marché en Occitanie ?

Il y a deux explications principales à cela. D'abord, le marché a été tiré par des secteurs dynamiques très présents sur le territoire tels que le BTP (8 opérations), le service aux entreprises et aux particuliers (17 opérations) et surtout les technologies, medias et télécommunications (22 opérations). Ces secteurs, qui ont bien résisté, sont significatifs en Occitanie. La seconde explication vient du fait qu'historiquement, les niveaux de transactions étaient bas en Occitanie, il est donc normal que cela remonte.

Pouvez-vous citer quelques opérations significatives menées en 2022 ?

Le spécialiste des technologies, medias et télécommunications PSPDFkiT a fait l'acquisition d'Orpalis, le groupe Serenis a repris la clinique de Bondigoux, et Promeo a racheté le Marché du Lez pour décliner le concept de tiers-lieu innovant sur le plan national. Je me suis d'ailleurs occupé de cette transaction.

Quel est le profil des acquéreurs ?

86% des acquéreurs sont français, 12% viennent de la zone euro et 2% du reste du monde. L'Occitanie fait d'ailleurs partie des régions qui attirent le plus d'investisseurs étrangers (principalement de la zone euro, NDLR). Sur les 86% d'acquéreurs français, 42% viennent d'Ile de France, et 22% sont occitans. Quant aux cédants, ce sont à 73% des actionnaires privés (un chiffre légèrement en-deçà de la moyenne nationale qui est à 71%, NDLR), et 22% sont des fonds d'investissement.

Selon vos études, en 2021 les fonds d'investissement ne représentaient que 11% en Occitanie. Comment expliquez-vous cette augmentation ?

Les fonds d'investissement ont pas mal de liquidités sur le marché. La dette bancaire et les taux d'intérêt ayant augmenté, les banques sont plus sélectives et il y a un besoin de renforcement des capitaux propres des sociétés. Or les fonds d'investissements, qui sont sur des stratégies de croissance externe, répondent à ces besoins.

Quel est le montant moyen d'une transaction ?

Il s'établit à près de 11 millions d'euros, en forte progression sur 2022, notamment sur la tranche 15 à 50 millions où on est passé de 10 transactions en 2020 à 18 en 2022. Au total, cela représente 929 millions d'euros (en comparaison la région Nouvelle Aquitaine enregistre 722 millions d'euros, NDLR). Avec ses 8% de PME enregistrant 9% de transactions, l'Occitanie affiche une belle dynamique.

Quelles sont les zones géographiques les plus actives ?

Les transactions ont lieu principalement autour de Montpellier, Toulouse, et un peu à Perpignan et Nîmes.

Quelles tendances se dessinent pour 2023 ?

Le contexte incertain persiste sur l'inflation, les taux d'intérêt continuent de monter, et de fait les coûts d'acquisitions deviennent plus conséquents. Les taux d'intérêt sont actuellement entre 4 et 5%, les obligations entre 12 et 13% : en un an on a pris trois points mais c'est le retour à une certaine réalité économique avec des taux plus "normaux". Malgré une légère tendance à la baisse qui semble se confirmer sur le plan national, les bons fondamentaux restent solides : le marché des cessions acquisitions ne va pas s'effondrer mais plutôt rester sur le même axe qu'en 2022. Dans la région Occitanie, les secteurs comme la cybersécurité ou les logiciels SAS sont toujours très porteurs. En revanche, cela risque d'être plus compliqué pour le secteur immobilier... Mais globalement, pour les cinq prochaines années, le nombre de transactions et leur montant devrait continuer à être élevé en Occitanie.

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