Cépages résistants : Pays d'Oc réclame à l'État l'accélération des procédures

Les cépages résistants séduisent les vignerons des Pays d’Oc comme ceux du vignoble bordelais. Les premiers l’ont fait savoir, le 16 février, déterminés à encépager 10 % de leur vignoble avec ces nouvelles variétés d’ici 5 ans. Les Pays d’Oc pressent l’administration d'accélérer le processus.

C'est la star montante de la filière viticole : le cépage résistant. Sa première qualité est d'avoir rallié à sa cause à la fois le vignoble bordelais et celui du Languedoc. Deuxième atout : ces variétés de vignes résistent mieux aux maladies que les autres. Résultat : elles consomment moins de produits phytosanitaires. Elles font d'une pierre deux coups en permettant aux vignerons de faire l'économie de ces produits tout en répondant à une demande sociétale de plus en plus pressante sur le sujet.

Plébiscite des vignerons

L'équation a de quoi séduire. Le leader régional des IGP, les vins de Pays d'Oc présidés par Jacques Gravegeal, a fait savoir qu'il était très sensible aux charmes de ces nouveaux cépages lors d'une conférence de presse, au salon international Vinisud, à Montpellier, le 16 février.

« Nous comprenons que les consommateurs ne souhaitent pas retrouver des résidus phytosanitaires dans leurs verres de vins, explique Jacques Gravegeal. En tant que producteurs, nous ne souhaitons pas en utiliser non plus. Aujourd'hui, les cépages résistants offrent une réponse à ce problème. »

Ces nouveaux cépages sont plébiscités par la production. Les Pays d'Oc ambitionnent de replanter 10 % de leur vignoble avec ces variétés d'ici 5 ans, soit 12 000 ha. Du côté des pépiniéristes qui distribuent ces nouveaux cépages, on confirme l'intérêt des viticulteurs pour ce matériel végétal.

« Nous avons commercialisé 20 000 plants l'an dernier, indique Loïc Breton, le directeur de la filiale France de la pépinière VCR, lors de la conférence de presse. Nous en distribuerons 100 000 l'année prochaine ».

Parcours administratif

Mais avant de conquérir le vignoble, ces nouveaux cépages devront passer au travers du filtre de l'instruction règlementaire qui permettra leur inscription au catalogue. C'est dans ce catalogue géré par le ministère de l'Agriculture que figurent les variétés de vigne autorisées pour faire du vin.

C'est en vue d'accélérer cette procédure que les Pays d'Oc et les Bordelais ont travaillé main dans la main ces dernières semaines.

« Le Conseil interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) et notre syndicat ont déposé une liste de 25 cépages résistants à FranceAgriMer pour leur inscription au catalogue, indique Jacques Gravegeal.  Dans cette liste figurent onze cépages que nous souhaitons intégrer dans notre cahier des charges des IGP Pays d'OC dès 2017. Notre demande sera examinée demain. »

Dans un monde parfait

Le lendemain,  le 17 février, la demande a bien été examinée par un groupe de travail associant des membres du conseil spécialisé Vin de FranceAgriMer, de l'Inao et du CTPS (Comité Technique Permanent de la Sélection) section vigne.

« Les cépages résistants de la liste fournie par les Pays d'Oc et le CIVB vont être traités en priorité par FranceAgriMer mais notre groupe de travail n'avait pas vocation à les inscrire au catalogue, déclare l'un des participants à cette réunion. Il y a une procédure à suivre qui sera décrite prochainement par un arrêté ministériel. »

« Dans un monde parfait », la procédure accélérée pour les cépages résistants devrait prendre six mois, selon un représentant de FranceAgriMer. À l'issue d'un processus dans lequel le ministère de l'agriculture tranche en prenant les avis du CTPS et de FranceAgriMer, « tous les cépages proposés ne seront pas obligatoirement intégrés dans le catalogues », prévient-t-il.

Des obstacles à l'inscription au catalogue français des variétés résistantes existent. L'un d'entre eux est « la nécessité d'expérimenter ces nouveaux cépages dans nos conditions bioclimatiques même s'ils ont été expérimentés dans d'autres pays». Sur ce sujet, les avis divergent puisque Jérôme Despey, le président du Conseil spécialisé vin de FranceAgriMer avait déclaré dans un article de Vitisphère que la procédure accélérée devait permettre d'inscrire au catalogue les cépages résistants étrangers sans passer par la case expérimentation mais avec une validation  technique de l'IFV et du CTPS.

Question de nom

Autre frein : le nom de ces nouveaux cépages. « Certains noms  posent problème car ils évoquent un lieu ou un cépage connu tels que le Cabernet Jura ou le Merlot Kanthus » nous explique-t-on. Néanmoins, un représentant de FranceAgriMer se veut rassurant : « les deux tiers des noms proposés ne posent pas de problème ». Pour les autres, « l'obtenteur devra trouver des synonymes ».

Si ces critères sont appliqués, les pronostics sont davantage favorables au Solaris ou au Souvignier Gris qu'au Cabernet Cortis ou au Merlot Kanthus. Dans ces conditions, les Bordelais sableront le champagne dans six mois tandis que les Languedociens reverront une partie de leur copie. Le hasard n'y est pour rien : dans le premier cas, la notoriété des vins s'est construite sur des assemblages, celle des Pays d'Oc sur des vins mono-cépages. Dit autrement, un Bordeaux qui contient du Solaris ne devrait pas bouleverser le consommateur qui achète avant tout un Bordeaux. Pour un Pays d'Oc, l'enjeu n'est pas le même.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 25/02/2016 à 9:16
Signaler
Comme vigneron belge, je n' ai que de bonnes expériences avec ces cépages résistants (regent, solaris, cabernet noir, cabernet cortis, souvignier gris). L'environnement, tout le monde y gagne. (domaine Klein Rijselhoek - Loker, Belgique)

à écrit le 22/02/2016 à 10:54
Signaler
je propose Cabercor, et MerloK( un concours devrait être organisé pour de nouveaux noms! un peu d'initiative que diable), et puis arrêter de vous cacher derrière votre ombre, on sait bien que le bordelais doit passer avant(?) le Languedoc qui monte q...

à écrit le 19/02/2016 à 14:50
Signaler
O peut produire le même vin avec des raisins différents ?

le 19/02/2016 à 15:44
Signaler
@physicien: et dans le passé, on a même produit des Bordeaux sans raisin :-)

le 20/02/2016 à 16:25
Signaler
Quand je faisais mes études à Bordeaux, ils avaient même trouvé le moyen de transporter du Bordeaux dans des camions citernes. Mais cela donnait un arrière goût déplaisant, et la répression des fraudes n'a

à écrit le 19/02/2016 à 11:45
Signaler
pourquoi pas

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.