Vente sauvage de fruits et légumes : le ras-le-bol de la filière

Avec le début de la saison des agrumes, la filière fruits et légumes alerte les autorités et l’opinion publique sur les dérives de la vente au détail au bord des routes. Dans le collimateur : deux sociétés venues d’Espagne dont l’une, basée dans le Gard, a créé 35 établissements secondaires en Occitanie et en Nouvelle Aquitaine.

« En ce début de saison hivernale, la vente d'agrumes sur les parkings et bords de route se multiplient dans le Sud de la France, explique Christel Teyssèdre, la présidente de l'Union nationale des syndicats de détaillants en fruits, légumes et primeurs (UNFD). Une partie de ces produits est le fruit d'un commerce illégal qui s'affranchit des règles sanitaires et sociales françaises. »

Deux sociétés identifiées

Les représentants de la filière fruits et légumes pointent du doigt deux sociétés : Jaff (Albi, 81) et Citrinatur France (Nîmes, 30) qui, par le biais d'une formalité administrative, multiplient les créations d'établissements secondaires afin d'ouvrir des points de vente de fruits et légumes dans des lieux stratégiques.

« Ces trois sociétés sont gérées par les membres d'une même famille espagnole qui exploitent un concept leur permettant d'ouvrir, a minima, cinquante points de vente dans des zones stratégiques du sud de la France, détaille la présidente de l'UNFD. Ces vendeurs immatriculent en France une société de droit étranger basée en Espagne puis créent à tour de bras des établissements secondaires sans qu'aucun justificatif ne leur soit demandé par le greffe du Tribunal de commerce. »

Contournement réglementaire

L'ampleur pris par le dispositif est « unique » dans la filière fruits et légumes, indique l'UNFD. Par exemple, la société Citrinatur France dispose de plus de 35 établissements secondaires en Aquitaine et en Occitanie dont les adresses spécifient une localisation sur un parking privé.

« Les parkings ne sont pas légalement des emplacements destinés au commerce, précise Christel Teyssèdre. De plus, l'activité de commerce au déballage est limitée à deux mois mais pour contourner cette limite ils se déclarent « Commerce de gros alimentaire non spécialisé » ou « commerce de détail de fruits et légumes en magasin spécialisé ». Ce qui est faux puisqu'ils exercent une activité de commerce de détail de fruits et légumes sur parking privé, ce qui n'existe pas encore ! »

La filière alerte les consommateurs

Après avoir alerté les pouvoirs publics, la filière fruits et légumes souhaite sensibiliser l'opinion publique, notamment sur les risques sanitaires et l'impact social de ce type de commerce.

« La plupart de ces vendeurs ne payent pas les charges sociales et fiscales, indique l'UNFD. Comment expliquer par exemple que la société Jaff fasse un chiffre d'affaires en 2015 de 2,4 M€ avec dix établissements et seulement deux salariés ? De plus, les consommateurs n'ont aucune garantie sur la sécurité alimentaire de ces denrées alimentaires acheminées d'Espagne par camions dans contrôle possible par les autorités françaises à l'entrée du territoire. »

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