Système U Sud revalorise le prix d’achat des animaux aux éleveurs

Éleveurs de bovins et directeurs de magasins de Système U Sud se sont vus, le 17 janvier à Lodève (34), pour décliner un accord national signé avec l’enseigne de grande distribution en juin 2016. Qualifié de « révolution du secteur agroalimentaire », cet accord prévoit une augmentation du prix d’achat des animaux aux éleveurs de 1€/kg .
Lors de la journée du 17 janvier, la Fédération régionale bovine du Sud-Ouest a conduit les 17 dirigeants de magasins Système U Sud dans une exploitation agricole du Caylar (34)

« Nous ne voulons plus vendre nos bêtes à perte comme cela a été le cas sur quasiment l'ensemble de l'année 2016, lance Olivier Boulat, le président de la Fédération régionale bovine du Sud-Ouest (FRB SO). Système U est la première enseigne à avoir signé un engagement pour revaloriser le prix d'achat des animaux, le 1er juin, à Paris. »

La déclinaison régionale de cet accord est intervenue le 17 janvier, à Lodève (34), en présence de 17 directeurs de magasins de Système U Sud et d'une quinzaine d'éleveurs d'Occitanie.

« Cette rencontre vise à aider les directeurs de magasins Système U de la région montpelliéraine à mettre en œuvre l'accord national signé en juin, à Paris, résume Nicolas Bringer, le P-dg de Système U Sud. En tant que commerçants indépendants, ils assurent eux-mêmes l'approvisionnement de leur magasin en passant soit par la centrale d'achat, soit directement auprès de fournisseurs locaux. »

Les directeurs de magasins de la région toulousaine seront conviés à une similaire à la mi-mars.

Revalorisation et segmentation

Cet engagement commercial prévoit une revalorisation du prix d'achat des animaux aux éleveurs de l'ordre de 1€/kg. Toutes les bêtes ne sont pas concernées : l'accord s'applique aux races de bovin à viande du segment « Cœur de gamme ».

« La revalorisation concerne des races de bovins à viande type Aubrac, Charolaise ou encore Limousine qui sont aujourd'hui réunies dans le segment Cœur de Gamme avec un cahier des charges spécifique pour les éleveurs, indique Nicolas Bronger. La grande distribution s'engage à commercialiser 50 % de ses produits de viande bovine dans ce segment. »

Ce « Cœur de gamme » est issu d'une réflexion des acteurs de la filière viande bovine qui a fait le lien la faible valorisation de ses produits et leur « forte indifférenciation  sans distinction de races, des territoires, de modes d'élevage... ».

« Cœur de gamme a vocation a assurer une juste rémunération des éleveurs tout en garantissant aux consommateurs de bonnes pratiques d'élevage et une viande de qualité, indique la FRB SO. C'est également un moyen de sortir du système de cotation du marché et de déconnecter le prix des vaches de race à viande et celui des vaches laitières de réforme. »

Rapport de force

Système U est la première enseigne de grande distribution à avoir signé cet engagement en juin 2016. Les autres ont suivi, plus ou moins laborieusement. Parmi les dernières à avoir signé figurent le groupe Carrefour, le 7 septembre 2016, et Lidl, « il y a environ trois semaines ». Au final, « 95 % des enseignes ont accepté cet accord », précise Olivier Boulat.

« Super U a été le premier à saisir l'intérêt de cet accord, notamment en termes d'image, indique un proche du dossier. Ils ont ouvert le dialogue après les grandes manifestations de l'été 2015. Les tas de fumier déversés par les éleveurs sur les parkings des supermarchés dégradaient considérablement leur image. Ils ont eu peur de ça. À la base, c'est bien un rapport de force. »

L'épreuve du terrain confirme cette analyse  puisqu'il existe des « régions où la mise en œuvre de cet accord est plus avancée qu'en Occitanie », précise Olivier Boulat. Ce sont les régions de l'ouest de la France, « fortement tournées vers l'élevage » et donc où « les tas de fumiers ont été déversés de manière plus significative», obligeant la grande distribution « à aller plus vite ».

Nouvelles relations commerciales

L'accord engagé entre la grande distribution et les éleveurs signerait le début d'une nouvelle ère selon les principaux protagonistes.

« On peut toujours déposer des tas de fumier sur les parkings mais à un moment donné il faut ouvrir le dialogue, estime Olivier Boulat. Aujourd'hui, je rends hommage aux enseignes qui arrêtent la seule logique des prix bas. Nous vivons une révolution du secteur agroalimentaire. L'idée n'est pas de changer le système et les circuits de distribution car la grande distribution n'est pas capable d'acheter directement aux producteurs. Ce n'est pas son métier. Par contre, elle consent à nous rétribuer un peu plus pour assurer notre pérennité. Elle y a d'ailleurs tout intérêt pour garantir ses approvisionnements. »

Un constat partagé par le représentant de Système U Sud :

«  La grande distribution devait revaloriser le travail des éleveurs, témoigne Nicolas Bronger. C'est une condition pour maintenir cette filière dans l'avenir. Aujourd'hui, nous nous engageons vers une nouvelle façon de faire entre un syndicat agricole et des enseignes de la grande distribution qui remplace le déversement de lisier sur les parkings. »

360 à 400 € de plus par animal

La revalorisation d'un prix d'achat des animaux de 1€/kg (entre 0,80 et 1 €/kg) devrait rapporter entre 360 et 400 € par animal à l'éleveur.  « Très significative », cette hausse du prix n'a pas été déterminée au hasard, précise Olivier Boulat. « Nous avons déterminé un prix de base qui permette de couvrir nos coûts de production ».

Un système de contrôle est mis en place par la Fédération nationale bovine et la grande distribution afin de s'assurer que l'éleveur est le véritable destinataire de cette revalorisation.

La région Occitanie compte  7 885 exploitations de bovins viande produisant 31 600 tonnes équivalent-carcasse de viande bovine, soit 17 % de la production nationale. La production de viande bovine est aujourd'hui valorisée à hauteur de 345 M€.

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