La Montpelliéraine Laure Barbaza en a fait l'expérience elle-même quand elle s'est reconvertie dans la pâtisserie : il fallait investir 30 000 à 50 000 € dans un laboratoire professionnel pour pouvoir lancer son activité.
« Je n'avais pas les moyens et j'ai cherché une solution, raconte-t-elle. J'ai eu l'idée de louer une cuisine professionnelle mais je n'ai pas trouvé de solutions à Montpellier. En revanche, j'ai rencontré une quinzaine de professionnels qui cherchaient aussi une cuisine ! J'ai découvert qu'à Paris, un concept de cuisine partagée s'était monté en 2015. Aujourd'hui, cela existe aussi à Bordeaux. Dans les deux cas, il s'agit d'une cuisine créée en propre et louée. À Montpellier, j'ai eu l'idée d'un modèle différent : avoir recours à une cuisine existante et sous-utilisée, et mutualiser l'outil de production. »
La jeune femme rappelle que le secteur alimentaire, l'un des secteurs économique les plus dynamiques en France, est aussi celui qui enregistre le plus grand nombre de défaillances d'entreprises par an, notamment du fait du coût des investissements matériels nécessaires.
Une cuisine pour 20 € de l'heure
Laure Barbaza a officiellement créé La Fabic le 10 janvier 2018 à Montpellier. Son projet, soutenu par l'incubateur régional d'innovation sociale Alter'Incub, se veut le 1er coworking pour les entreprises alimentaires.
Le premier service proposé est la possibilité de louer un ou plusieurs postes de travail (en moyenne 20 € de l'heure) dans l'une des cinq cuisines professionnelles équipées disponibles au partage sur Montpellier : deux laboratoires de boulangerie-pâtisserie « Drôle de Pain » (boulangerie d'insertion), un traiteur à Saint-Jean-de-Védas, et deux ateliers de cuisine à Montpellier Nord (aménagé pour faire des formations).
À qui s'adresse La Fabic ?
« Aux créateurs d'entreprises comme des pâtissiers, des food-truck ou des traiteur qui se lancent, aux restaurateurs déjà installés et qui veulent se développer, par exemple déporter leur production pour un mariage sans fermer leur restaurant, ainsi qu'aux formateurs indépendants. Sur ce dernier segment, il y a une forte demande pour adultes en reconversion par exemple. Il y a donc un vrai besoin et un vrai intérêt aujourd'hui. »
Pour l'heure, la jeune femme cherche à valider le concept économique et le marché, avant de développer une plate-forme numérique de mise en relation de l'offre et de la demande. Le modèle économique est celui de la commission, prise par La Fabic sur chaque location.
« À terme, je veux que La Fabic soit le AirBnB de la cuisine professionnelle ! », ambitionne-t-elle.
Ambitions nationales
La jeune entreprise a été, en octobre 2017, lauréate pour l'Occitanie du concours de start-ups foodtech organisé par le groupe coopératif agricole InVivo, et a représenté la région lors de la grande finale nationale à Paris en décembre.
La Fabic bénéficie également du soutien de professionnels culinaires. Elle est ainsi parrainée par le Cl'Hub des Chefs d'Oc, club regroupant les 13 chefs des restaurants gastronomiques de Montpellier. Elle compte également 9 ambassadeurs, des artisans passionnés.
Si elle développe d'abord l'activité à Montpellier et sa région, Laure Barbaza envisage déjà de déployer La Fabic en réseau sur le territoire français, via la plate-forme digitale, mais aussi avec des points physiques dédiés dans chaque grande ville, notamment car elle prévoit aussi de développer d'autres services.
Devraient ainsi venir un groupement d'achat, la location de chefs pour des formations techniques ou de la co-création de recettes, l'organisation de pool de consommateurs pour tester de manière objective les nouvelles recettes et produits, et un service d'accompagnement à la commercialisation via la mise en réseau avec d'autres professionnels.
Fin de course pour Neocean : pourquoi la startup sétoise a été liquidée
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !