Medithau implante sa 1e table d’huîtres solaires au Japon

Identifiée sur le marché de l’ostréiculture grâce à son innovant système solaire de reproduction des marées, la famille Tarbouriech (entreprise conchylicole sétoise Medithau) continue d’exporter son savoir-faire. Dans le courant du 1er trimestre 2019, elle concrétisera son implantation au Japon.
Cécile Chaigneau
(Crédits : Medithau)

C'est sur l'étang de Thau, à Marseillan près de Sète (34), qu'a été conçue et mise en œuvre la « marée solaire ». Sorti de l'imagination de Florent Tarbouriech, dirigeant de l'entreprise conchylicole Medithau, et issu d'une approche biomimétique, le système vise à imposer aux huîtres des conditions d'élevage similaires aux conditions naturelles, c'est à dire à leur appliquer des phases de sortie d'eau (exondations) en cours d'élevage, reproduisant le rythme des marées.

Résultats : des huîtres d'élevage baptisées « Tarbouriech », plus charnues et de meilleure qualité sur le plan gustatif, dotées d'une coquille légèrement rosée et d'une belle nacre.

Des eaux lagunaires espagnoles et italiennes...

Plutôt que d'exporter ses produits, Florent Tarbouriech a choisi d'exporter le savoir-faire de Medithau et donc son dispositif de marée solaire, en partenariat avec un producteur local. D'abord en Espagne, dans le delta de l'Ebre où il a installé deux tables. Puis en Italie à Scadovari, dans le delta du Po, des eaux lagunaires reconnues Réserve de biosphère par l'UNESCO.

« Chaque table produit 5 tonnes d'huîtres par an, précise Florent Tarbouriech. En Espagne, il y a déjà deux tables et on a connu une belle croissance en 2018 mais on n'en mettra pas d'autres en 2019, on ne peut pas tout faire... En Italie, on entre en phase développement : on est en train de planter deux autres tables à Scardovari, où il y en a déjà deux, et à terme, on prévoit d'en installer 20. La production va donc passer de 10 tonnes en 2018 à 20 en 2019,  pour alimenter le marché italien. »

L'ostréiculteur regarde également depuis quelque temps du côté de la légendaire lagune vénitienne, mais il lui reste encore du chemin à parcourir, et notamment des expérimentations à mener, sur ce qui reste aujourd'hui « un spot potentiel ».

... à la lagune de Kumihama

Parmi les autres opportunités qui se concrétisent : le Japon, gros producteur d'huîtres. Le projet courait depuis trois années. Au cours du 1e trimestre 2019, Florent Tarbouriech installera sa première table.

« Le processus de pénétration prend du temps... Mais ça y est, la société Tarbouriech Japan est créée, en partenariat avec le producteur d'huîtres Atsushi Toyoshima. Nous allons implanter la 1e table sur la lagune de Kumihama, au nord de la préfecture de Kyoto. Le potentiel est important car le Japon est un gros marché. Nous allons commencé par une phase expérimentale, avec des tests biologiques notamment, mais aussi sur le modèle de partenariat. »

En France, deux autres tables « solaires » seront ajoutées aux deux déjà présentes à Leucate (11), et Florent Tarbouriech évoque « un contact » avec un producteur de Martigues (13) : « On y fait des expérimentations manuelles, le dossier est en cours ».

Contre la malaïgue

À Marseillan, le conchyliculteur qualifie l'année 2018 de « mauvaise année », la production de moules et d'huîtres ayant subi l'impact de la malaïgue. Phénomène favorisé par la canicule et l'absence de vent, il fait monter la température de l'eau qui enregistre alors un déficit d'oxygène.

« Sur les huîtres de Bouzigues (celles élevées sans le dispositif de reproduction de marée, NDLR), qui représentent la moitié de notre production d'huîtres, nous avons perdu jusqu'à 50 % de certaines tables, dans le pire des cas. Sur les huîtres Tarbouriech, qui représentent l'autre moitié de notre production d'huîtres, on a pu sauver les productions grâce à notre technologie de marée solaire. C'est la première fois, depuis treize ans qu'on l'utilise, que l'on peut valider notre procédé sur l'impact de la malaïgue, en sortant les huîtres de l'eau quand le taux d'oxygène était trop faible. »

Des moules en mer ouverte

L'autre « marotte » de Florent Tarbouriech, c'est de redéployer l'élevage de moules en mer ouverte, « presque réduite à néant à cause de la prédation des daurades et de l'impact du mauvais temps », au large de Sète sur des filières de sub-surface.

« En 2018, nous avons multiplié par 10 le nombre de filières, qui fonctionnent très bien, et en 2019, nous en rajouterons 10 de plus. Nous exploitons actuellement deux sites, un entre Sète et Marseillan, l'autre aux Aresquiers, où nous avons démarré en 2017 un programme d'expérimentation de nouveaux systèmes d'élevage, qui se terminera en 2019, pour obtenir une moule de meilleure qualité, plus sauvage, avec plus de chair. »

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.