Nouvelle vague de fusions dans les coopératives viticoles

Le mouvement de concentration au sein des caves coopératives de la région se poursuit à bon rythme. Deux projets de fusion sont à l’étude, alors que deux autres ont fini par être entérinés en décembre dernier.
La cave coopérative Heraclès, dans le Gard, pourrait fusionner avec la coopérative de Lédenon.
La cave coopérative Heraclès, dans le Gard, pourrait fusionner avec la coopérative de Lédenon. (Crédits : DR)

Le tissu coopératif viticole régional continue à se concentrer. Deux projets de fusion sont dans les tuyaux. Dans l'Hérault, les Vignerons de Montagnac (120 000 hl) et Terroir de la Voie Domitienne (Cournonsec, 65 000 hl) ont amorcé un rapprochement qui, si tout va bien, devrait être validé par les adhérents lors d'assemblées générales au mois de juin.

Ces deux coopératives, toutes deux orientées vers la production de vin en vrac, disposent chacune de sites de vinification modernes et performants. Terroir de la Voie Domitienne a construit ex-nihilo en 2006 un chai moderne et très automatisé (investissement : 10 M€). Les Vignerons de Montagnac ont investi 3,7 M€ en 2016 dans un atelier de vinification automatisé pour ses blancs et rosés.

La fusion devrait leur permettre de réaliser des économies d'échelle, grâce à la mutualisation de leurs services administratif et commercial, et de constituer un pôle puissant de vins en vrac avec une offre diversifiée en IGP (Pays d'Oc, Coteaux de Bessilles, Collines de La Moure) comme en AOP (Languedoc, Grès de Montpelier, Picpoul de Pinet). Les ventes en bouteille à travers les trois caveaux (Cournonsec, Tourbes, Montagnac) seront également dynamisées.

S'entourer de compétences

Dans le Gard, ce sont deux caves spécialisées dans le bio qui sont engagées dans une démarche de fusion : la coopérative de Lédenon (10 à 13 000 hl par an), dont 60 % du vignoble est en conversion bio, rejoindrait les Vignerons d'Héraclès (Codognan), leader français des vins bio, qui s'est doté l'an dernier d'un tout nouveau site de vinification ultra-moderne, capable de vinifier jusqu'à 85 000 hl.

« C'est un projet qui a du sens. Nos deux caves veulent se développer dans le bio. En nous rejoignant, Ledenon va profiter d'un outil moderne de vinification, et Héraclès va pouvoir accroître ses volumes en bio pour fournir un marché en constante augmentation », argumente Jean-Luc Andrieu, le directeur des Vignerons d'Héraclès.

En décembre dernier, après une première tentative infructueuse, deux fusions ont fini par aboutir. Dans l'Aude, le rapprochement entre la cave du Razès (Routier) et la cave de la Malepère (Arzens), a donné naissance à la plus grosse structure coopérative de production de la région : avec 400 coopérateurs et 5 000 ha de vigne, la nouvelle structure est capable de produire 350 000 hl de vin par an.

« Ce changement de taille nous permet de nous entourer de compétences que nous n'aurions pas pu nous offrir chacun isolément », soutient le directeur Olivier Ambry.

Un plan stratégique a été défini en amont, articulé autour de trois axes de développement : les vins conditionnés, le bio, et les vins de cépages en vin de France.

Taille critique

De leur côté, les caves héraultaises de Saint-Saturnin et de Saint-Félix-de-Lodez ont scellé leur union le 20 décembre dernier. Distantes d'à peine 5 km, les deux coopératives établies dans les aires d'AOC Languedoc, Saint-Saturnin et Terrasses du Larzac, sont positionnées sur des marchés complémentaires : Saint-Félix commercialise l'essentiel de sa production en vrac, alors que Saint-Saturnin vend 90 % de sa production en conditionné (4 millions de cols par an).

« La moyenne d'âge de nos adhérents est élevée, et nous venons de passer trois petites récoltes, indique Frédéric Fajon, le président de Fontjoya, nom de la structure née de cette fusion. Ce regroupement va permettre de pérenniser notre outil de production. Grâce aux volumes apportés par Saint-Félix, nous pourrons accroître nos volumes de vin en bouteille et mieux amortir la toute nouvelle chaîne de mise en bouteilles dont nous venons de nous équiper pour un montant de 3 M€. »

« C'est un mouvement qui va se poursuivre car certaines coopératives n'ont sans doute pas la taille suffisante pour pérenniser leur activité, commente Ludovic Roux, président de la section vin de Coop de France Occitanie. Mais la fusion n'est pas une fin en soi. L'important, c'est la définition d'un projet stratégique d'entreprise et de territoire. »

A son apogée en 1970, le tissu coopératif du Languedoc-Roussillon comptait 550 caves coopératives. En 2002, il n'en restait déjà plus que 360. Et environ 200 aujourd'hui.

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